Doté d’une enveloppe budgétaire de 1 318 000 €, l’aménagement du Chemin de la Roseraie à la frontière entre Perpignan, Canet-en-Roussillon et Cabestany aurait dû faire l’unanimité tant cet axe est structurant.
Mais voilà, Vélo en Têt, l’association de bénévoles qui milite pour un développement de la pratique du vélo au quotidien dénonce « le mépris » de la mairie de Perpignan qui ne tiendrait aucun compte des recommandations argumentées. Un grief réfuté par l’adjoint en charge du dossier, Frédéric Guillaumon.
Six mois de travaux pour le Chemin de la Roseraie à Perpignan
Ce lundi 21 juillet, et sous un soleil de plomb, les élus de Perpignan autour du maire Louis Aliot n’étaient pas peu fiers de couper le ruban du chemin de la Roseraie. « Le chemin de la Roseraie est aujourd’hui entièrement requalifié et sécurisé », précise la note de presse.
« La suppression du fossé et la réduction de la chaussée, ont permis la création de trottoirs dédiés aux continuités piétonnes, ainsi que l’intégration d’une voie cyclable. L’ensemble des modes de déplacements piétons, vélo et voiture sont pacifiés, les traversées piétonnes sont sécurisées et les deux voies de circulation sont maintenues. Désormais, la sécurité des piétons et cycles est assurée par la création et la pose d’une passerelle franchissant le ruisseau de Las Llobères. »
Et c’est justement cette passerelle qui pose problème. Si en période de budgets publics en berne, toute économie est la bienvenue, la mairie met en avant la réutilisation d’une passerelle qui avait été laissée à l’abandon. Cette rénovation réalisée par l’atelier métallerie pour la somme de 6 700 euros aurait permis d’économiser les 90 000 euros nécessaires pour un équipement similaire, mais neuf.
Une passerelle rouge vif qui serait trop étroite pour deux roues ?
Cette passerelle est, selon la mairie, « un maillon du nouvel itinéraire cyclable » permettant d’enjamber le ruisseau de Las Llobères. Mais selon Vélo en Têt, sa largeur ne permettrait pas le croisement de deux cyclistes, alors même qu’elle est censée desservir une piste bidirectionnelle.
« Nous avons salué l’idée de la réutilisation, mais en pratique, elle n’est pas adaptée à l’usage cyclable envisagé », explique Lanza Bertucci-Domergue, membre de l’association.
De son côté, Frédéric Guillaumon, adjoint au maire délégué, entre autres, aux mobilités, défend l’ouvrage.
« On se croise, madame, on se croise. Ce qu’il y a, c’est qu’on n’a pas pu faire aussi large qu’ailleurs. Mais cette route, elle n’avait jamais été aménagée auparavant. Par rapport à ce que c’était, on revient de très loin. »
Pour l’élu, la réutilisation de la passerelle représente une économie responsable. Quant aux critiques formulées par l’association, Guillaumon affirme n’avoir eu aucune remontée en ce sens.
Au-delà de la passerelle, c’est l’ensemble de la conception de la voie cyclable qui interroge. Bidirectionnelle et accolée au trottoir, elle présente, selon Vélo en Têt, de nombreuses interruptions et une signalétique floue, sources potentielles de conflits entre usagers. Pour l’association, les aménagements favorisent davantage les cyclistes occasionnels que ceux du quotidien, freinant la transition vers des mobilités durables.
Quand le dialogue fait défaut sur les projets à Perpignan
Avant le chemin de la Roseraie, les riverains du quartier des Baléares avaient déjà fait appel à la presse lassés par le manque de dialogue avec les services de la mairie. Dans le dossier de la piste cyclable du Chemin de la Roseraie, les griefs à l’encontre de la mairie en matière de dialogue sont similaires, manque de concertation, ou rencontre sans réelle écoute. Lanza Bertucci-Domergue précise avoir rencontré et formulé des propositions aux services des grands projets dès la fin 2023.
Mais le militant associatif déplore : « Le projet était quasiment ficelé. On nous a convoqués pour valider, pas pour discuter ».
Cette concertation d’apparence s’accompagnerait, selon Vélo en Têt, d’une culture technique insuffisante de la part des services en charge des mobilités actives. Frédéric Guillaumon assure pourtant être disponible pour échanger : « Je suis à disposition. Mais il faut qu’on me le dise. » Selon l’élu, quel serait l’intérêt de la mairie de ne pas appliquer des suggestions qui amélioreraient l’usage. « Je ne comprends pas cette victimisation de Vélo en Têt. »
Cette réalisation s’inscrit dans un schéma directeur des mobilités censé structurer les liaisons entre Perpignan, Cabestany et à terme Bompas. Un projet d’ampleur qui, selon l’association, aurait mérité une ambition à la hauteur de ses enjeux, à la fois environnementaux et sociétaux.
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