Article mis à jour le 8 mai 2020 à 13:40
Alors que les plages resteront fermées au-delà du 11 mai, les commerçants du littoral s’inquiètent pour la saison 2020. De Canet-en-Roussillon à Collioure, en passant par l’allée des pins à Argelès-sur-Mer, le constat est le même ce 7 mai sur le bord de mer des Pyrénées-Orientales ; un spectacle de désolation à 4 jours d’un déconfinement progressif.
♦ Sur l’Allée des Pins, on s’active pour ouvrir et s’adapter aux nouvelles contraintes
Un commerçant prépare sa boutique, maillots, petites robes de plages et tongs, tout est presque étiqueté. « Oui, nous nous préparons pour ouvrir dès lundi ; mais on ne peut espérer rattraper ces semaines perdues ». « On va tout faire pour faire vivre la station. Moralement, on a des hauts et des bas, mais on se soutient ». Quant à vendre des masques, ce commerçant dans l’âme ne serait pas contre ; mais il n’aime pas l’idée de faire du bénéfice sur un produit qui protège des vies.
À Argelès-sur-Mer, les commerces de la plage ouvrent traditionnellement le week-end de Pâques ; un début de saison 2020 initialement prévu le 12 avril.
Pour les magasins de vêtements, et même si l’adaptation est de rigueur, l’ouverture est en ligne de mire ; quand rien n’est fixé pour les bars ou les discothèques. Les restaurants eux s’adaptent aussi ; à l’image de cette commerçante qui vend des crêpes et des glaces depuis 17 ans. La détaillante d’Argelès-sur-Mer a hâte que la promenade du bord de mer soit ouverte. Sa crêperie se trouve au-delà de la barrière et ne peut donc proposer ni glace ni crêpe à emporter.
« Dès lundi, la barrière se retrouvera à l’entrée de la plage ; je pourrai donc faire des crêpes à emporter ». Alors bien sûr, la terrasse ne sera pas montée ; mais ce sera déjà un semblant d’activité pour cette commerçante qui a du mal à reprendre. « Pour moi qui ne m’arrête jamais, c’est difficile de reprendre ne serait-ce que physiquement après tant de jours d’inactivité ».
♦ Les restaurateurs sont nombreux à avoir fait le choix de la vente à emporter, du drive ou de la livraison
C’est un pis-aller pour certains ; car cela ne paye même pas les charges fixes pour ce commerçant ouvert à l’année à Canet-en-Roussillon. Sur la place Méditerranée interdite au public, ce restaurateur a fait le choix de profiter de cet arrêt forcé pour réaliser des travaux dans son commerce. Mais dès lundi, il s’organise pour faire de la vente à emporter.
Les questions sont nombreuses pour ces professionnels du tourisme. Pour ce loueur et réparateur de vélos, la question n’est pas d’être autorisé à ouvrir ; mais surtout d’avoir des clients. « La plage fermée, les touristes interdits de venir et les difficultés économiques des habitants du département, les clients risquent de ne pas être au rendez-vous ».
♦ L’économie en berne dans la région Occitanie
L’Insee vient de publier sa dernière étude économique. Selon l’institut de statistique, durant le confinement, l’activité économique de la Région Occitanie a reculé de 33%. Dans notre département, le repli économique se situe entre 30,5% et 32,1%.
La région Occitanie compte 57% de ses emplois dans des secteurs fortement impactés. Dans les Pyrénées-Orientales, les secteurs qui ont fait le plus appel au dispositif du chômage partiel sont : le commerce pour 24,1%, la construction pour 15% et l’hébergement et la restauration pour 14,7%.
♦ Vers une réouverture possible des cafés, lycées au début du mois de juin
Le Premier Ministre l’a annoncé ce 7 mai, dans les départements où le virus circule peu et où les capacités en structure hospitalière sont revenues à la normale, les cafés, les lycées pourraient rouvrir dès le début du mois de juin. En ces temps de confinement, la place Méditerranée est interdite, et quand les contrevenants tentent une incartade, un haut-parleur lance une sirène et un message anxiogène.
« Suite à un événement exceptionnel, nous vous demandons de rejoindre les zones de confinement », la police étant immédiatement informée.
Cette place habituellement noire de monde, aux terrasses combles dès que les beaux jours arrivent, pourrait ouvrir dès le début du mois de juin.
♦ Un plan de reconfinement déjà dans les tuyaux si besoin
Nommé par le premier ministre et chargé d’organiser le déconfinement, Jean Castex a lancé devant les sénateurs qu’un plan de reconfinement était déjà organisé en cas de seconde vague.
Et même si notre département est en zone verte, le Docteur Aumaître en charge du service des maladies infectieuses tropicales à l’hôpital de Perpignan, confirme qu’il faut rester prudent.
Plus on maintient les gestes barrières de distanciation sociale et d’hygiène, moins une personne porteuse du virus peut transmettre le Covid-19. Sur cette base, le docteur Aumaître estime que les effets du déconfinement pourraient être visibles sur la courbe du nombre de personnes atteintes par le Covid-19, vers la fin du mois de mai, voire début juin.
Le docteur Aumaître insiste également sur la nécessité du diagnostic précoce. “Il faut au mieux diagnostiquer la maladie dans un délai de 1,5 jour après le début des symptômes”. En effet, ce délai est celui durant lequel le confinement est le plus efficace. Il va permettre de diminuer de 90% la contagiosité du porteur du Coronavirus. L’objectif est de dépister très tôt, et de confiner pour éviter la propagation de la maladie martèle Hugues Aumaitre.
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