Article mis à jour le 12 janvier 2024 à 21:52
C’est lors d’un échange via un article de l’Agence france presse que la présidente socialiste du département des Pyrénées-Orientales a qualifié certains acteurs militants «d’écolo-extrémistes», voulant « mettre la montagne sous cloche ».
Des propos que les membres d’Europe écologie les verts Pays catalan ont fort peu apprécié. David Berrué porte parole du parti s’est fendu d’un communiqué intitulé : «Écolos-extrémistes » : une présidente (du Département) ne devrait pas dire ça.» Contactée, Hermeline Malherbe via son attachée de presse nous indique «ne pas vouloir faire de commentaire afin de ne pas polémiquer sur des propos sortis de leur contexte.»
La Cour des comptes constate des investissements encore trop tournés vers le ski alpin
Au mois de décembre 2023, la Cour des comptes régionale publiait son rapport sur la SPL Trio Pyrénées. Cette structure qui mutualise les stations du Cambre d’Aze, Porté-Puymorens, et Formiguères. Même si les magistrats saluent le projet innovant de mutualisation, ils constatent encore trop d’investissements tournés vers le ski alpin. «Et des perspectives qui ne tiennent que partiellement compte de l’impact futur du changement climatique sur le modèle économique sans tenir compte du changement climatique.»
Il n’en fallait pas plus à David Berrué pour dénoncer la marche en avant des investissements toujours plus lourds pour les stations de ski alpin des Pyrénées-Orientales. Pour le porte-parole d’EELV66, «les investissements prévus par TRIO peuvent retarder l’échéance de quelques années. Mais à quel prix ? Car on peut aussi penser, avec la Cour des comptes, que cette fuite en avant financière n’est pas raisonnable. Ni pour l’argent public. Ni pour les habitants des Pyrénées catalanes, qu’on expose au risque d’un arrêt brutal et socialement dévastateur de l’activité ski. La responsabilité du département est de préparer le territoire à la fin inéluctable des retombées financières liées au ski. Pas de multiplier des dépenses qui n’empêcheront pas la fin de « l’or blanc ».»
Quand l’AFP relaie la réponse d’Hermeline aux «écolos extrémistes»
Après le propos des écologistes catalans, notre confrère a questionné la présidente du département à propos du rapport de la Cour des comptes.
Selon Mme Malherbe: «La volonté d’un certain nombre d’extrémistes et parfois, je dirais, d’écolo-extrémistes, est de mettre la montagne sous cloche. (…) Nous, on est dans une vision écologique d’adaptation au changement climatique, sur une ligne de crête, entre la régression et le – « je veux revenir en arrière à tout prix » – et un autre extrême qui est le déni du changement climatique. (…) On a la volonté de s’adapter, tout en continuant à vivre dans nos montagnes catalanes, avec des emplois et des services publics, pour accueillir un certain nombre de personnes, été comme hiver.»
Selon les écologistes, «une présidente (du Département) ne devrait pas dire ça»
Ces propos ont ulcéré les écologistes qui ont adressé un communiqué aux rédactions. «Pourquoi cette sympathique façon de commencer l’année ? Parce que renvoyer les écologistes hors du champ républicain est plus facile que de leur répondre. Notre département est parmi les plus pauvres de France malgré le soutien prodigué à son économie touristique, mais les extrémistes ce sont les écologistes. Il n’y a plus d’eau et on continue à urbaniser sans vergogne, mais les extrémistes ce sont les écologistes. Notre département brûle même en hiver, suffoque sous le béton, on programme une déviation à Marquixanes, un troisième quai à Port-Vendres et un quatrième pont à Céret, mais les extrémistes ce sont les écologistes.
La population des Pyrénées-Orientales doute, souffre, vote pour l’extrême-droite d’un bout à l’autre du territoire, mais les extrémistes ce sont les écologistes. Quand on ne veut assumer ni son bilan ni ses responsabilités, désigner un bouc-émissaire fait partie de la panoplie de nombre d’élus locaux. Les écologistes catalans continueront toutefois à proposer honnêtement que l’on regarde la réalité en face. Et que l’on travaille à la construction d’une société pacifiée et productive, qui sorte du clientélisme et de la spéculation, aussi bien pour les gens d’ici que pour leur environnement.»
Aujourd’hui David Berrué se souvient aussi d’avoir été qualifié de Amish par le chef de l’État ou «d’éco-terroristes» par le ministre de l’Intérieur. Autant de mots qui en disent long sur ceux qui les prononcent se désole le militant écologiste. «Ces gens ne veulent pas rendre de comptes sur ce qu’ils fabriquent alors que le débat démocratique, même contradictoire devrait être possible.»
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