Article mis à jour le 4 juillet 2024 à 17:13
Mercredi 3 juin, les personnalités du Rassemblement National (RN) des Pyrénées-Orientales ont tenu une réunion publique pour appeler au vote à l’aube du second tour des élections législatives. Organisé à Saint-Estève, l’évènement a rassemblé près de 400 personnes.
Pour le RN, le « Grand Chelem » des quatre circonscriptions du département est quasiment gagné. Ce soir-là, tout le monde le sait, le parti est en terrain conquis. Alors ses représentants sont venus remercier leurs troupes à l’aube de l’ultime bataille, celle qui devra voir le Rassemblement National frôler la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Et, comme on peut le lire sur le podium, espérer nommer « #BardellaPremierMinistre ».
Enfoncer le clou sur les thématiques-clés du RN
Sur scène, les trois députées sortantes en lice, Sophie Blanc, Michèle Martinez et Sandrine Degor-Such, la députée Anaïs Sabatini – copieusement félicitée pour sa réélection dès le premier tour -, le maire de Baixas Gilles Foxonet, et Matthieu Valet, eurodéputé du Rassemblement National venu compenser l’absence de la « locomotive » du parti Louis Aliot, auteur depuis Paris d’une vidéo adressée aux adhérents.
Chargé de l’ouverture, Matthieu Valet aura porté le discours le plus long, et le plus marquant, entrelaçant le programme du RN avec son histoire personnelle. Il martèle, à grand renfort d’anecdotes qui se veulent sincères, son amour pour les grands thèmes de la campagne du Rassemblement National : pouvoir d’achat, sécurité, immigration.
La Loi et l’Ordre
Contre « tous ceux qui ne savent pas que la fin du mois, ce n’est pas le 30, mais le 15 », il promet baisse du prix de l’énergie et de la TVA. La retraite à 60 ans. L’ordre social, puisque « quand on ne sait pas s’occuper de ses gosses, on n’en fait pas », en appelant donc à la suspension des prestations sociales pour les familles dont les enfants « font des conneries dehors ou ne vont pas à l’école ». « À l’époque, quand je faisais des conneries, je m’en prenais une, et je ne m’en plaignais pas », continue-t-il. L’eurodéputé revient volontiers sur ses origines d’immigration espagnole, lorsqu’elles lui permettent de louer la méritocratie. « Quand on se sort les doigts, ça fonctionne ».
À l’aise, comme assis à une table d’invités suspendus à ses lèvres, il boit une gorgée d’eau et continue « ce qui me fait mal au cœur, c’est que j’ai l’impression que c’est du bon sens ». Et la foule d’acquiescer bruyamment.
L’ex-commissaire de police nationale porte aux nues la présomption d’innocence des « policiers et des gendarmes [qu’il] aime tant », arguant que « tu touches à un flic, tu vas en prison ». « Pour tous ceux qui en ont marre de voir leurs enfants se faire agresser ou les femmes qui ont peur de rentrer le soir parce qu’elles se font siffler, on a des mesures », affirme-t-il, appelant à l’accélération des procédures judiciaires et au durcissement des condamnations en cas de récidive – y compris pour les mineurs dès 16 ans – avec les « peines planchers ».
Resserrer les rangs face à l’ennemi
Il ne sera pas le seul, ce soir-là, à agiter l’épouvantail d’un Mélenchon président, condamnant l’appel au désistement des candidats de la majorité présidentielle face aux candidats du Nouveau Front Populaire – hors LFI, ndlr. « Le barrage républicain, ce n’est pas ce qui va remplir le frigo à la fin du mois, faire baisser le prix de l’essence [ou] désenclaver les territoires ruraux ». Comme les discours qui lui succéderont, il dépeint son parti comme seul rempart contre « une extrême gauche qui veut vider les prisons, ouvrir les vannes de l’immigration, faire des squatteurs les rois face aux petits propriétaires honnêtes ».
Enfin, dénonçant l’agression dont a été victime un militant RN qui distribuait des tracts sur un marché à Talence, en Gironde, le matin même, Mathieu Vallet remercie son audience pour leur soutien. « C’est vous qui êtes sur le terrain, en permanence sur vos gardes, sur votre temps personnel ». Applaudissements.
Remplacer la Macronie par la Bardellisation
Anaïs Sabatini, elle, annonce être venue « défendre [s]es copines et amies », avec un sourire pour ses collègues en passe d’être réélues, assises derrière elle. Son discours, comme celui de Michèle Martinez, Sophie Blanc et Sandrine Degor-Such, appelle au vote dimanche. Elle déclenche les applaudissements lorsqu’elle clame que « la Macronie est sur le point de mourir, et c’est une bonne chose ». Condamnant le bilan du gouvernement d’Emmanuel Macron, elle lance qu’« à la « bordélisation » (sic), nous leur opposons la « Bardellisation ». Le jeu de mots enthousiasme.
La « grande et belle famille » du RN achève sa réunion avec un selfie (« ça fera plaisir à Louis »), et une Marseillaise bercée par les drapeaux agités par la foule (« ça sonne mieux qu’un rap quand même »). Parmi eux, un jeune homme porte un sweat « Good things take time » (« les bonnes choses prennent du temps »). À deux jours d’un scrutin historique pour la Ve république, le Rassemblement National semble fin prêt à récolter les lauriers d’un combat de plusieurs décennies.
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