Article mis à jour le 28 août 2022 à 17:46
Peu d’entreprises ont une grande longévité. Pourtant, la marque Caustier, elle, vient de fêter ses cent ans d’existence. Plus qu’un gâteau débordant de bougies, c’est un carnet de commandes bien rempli qu’il faut souhaiter à l’entreprise. Un souhait déjà exaucé si l’on en croit l’un de ses dirigeants Lionel Mailhes.
♦ Du petit atelier mécanique de 1919…
Implanté au cœur d’un Roussillon regorgeant de fruits, Georges Caustier développe un atelier en inventant la première calibreuse à fruits. Une machine qui permet, sans intervention humaine, de trier le fruit en fonction de son poids et de sa taille. C’est cette idée qui est toujours aujourd’hui la valeur ajoutée de l’entreprise. Automatiser les tâches répétitives pour dégager du temps de production.
En 1947, Claude Caustier rejoint son père Georges. Ils installent l’entreprise au plus près du poumon économique du département, le marché Saint-Charles.
Au moment du passage de la mécanique à l’électronique, l’entreprise Caustier a choisi de conclure un partenariat avec un spécialiste pour équiper ces calibreuses. C’est la rupture de ce partenariat qui conduit l’entreprise familiale à de graves difficultés en 2001.
Lionel Mailhes, à l’époque cadre dans la société, se remémore cette période. « Le problème, c’est que nous étions tributaires de nos partenaires. Monsieur Caustier achetait le cœur de nos machines à un Hollandais. Mais, pour diverses raisons, en 2001, ce dernier à cessé de travailler avec nous. Dans l’urgence, nous avons retrouvé un nouveau fournisseur d’électronique, un Néo-zélandais. Mais la même situation s’est reproduite en 2005. Monsieur Caustier a donc décidé de développer sa propre technologie pour cesser cette dépendance. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain… « .
La crise financière de 2009 et le manque d’accompagnement des établissements bancaires, effrayés par les 76 ans du dirigeant, ont fait le reste. Caustier France dépose le bilan en février 2009.
♦ …. à Caustier by STC (Société de Technologie de Calibrage) de 2019
Vincent Colleu et Lionel Mailhes, deux des cadres de Caustier France, et Dominique Bouvier, agent commercial, font le choix de la continuité. Ils déposent en avril 2009 une offre de reprise au tribunal de Perpignan. Avec l’engagement de conserver l’entreprise sur son territoire et de maintenir l’emploi pour 27 personnes. Le tribunal préférera leur offre, plus préservatrice d’emploi.
« Vincent s’occupait de la partie production et moi de la partie commerciale. Nous savions que nous avions un bon produit, avec désormais une électronique performante et qu’il était possible de reprendre des parts de marché. Et c’est ce que nous avons fait depuis 2009. Dès le départ, nous avons dû regagner et conserver notre crédibilité auprès de tous nos partenaires, des fournisseurs, des clients, des salariés, des banquiers. Les premières années, nous avons cherché à consolider les fonds propres de l’entreprise et à regagner cette confiance ».
Trois ans après la reprise, Caustier STC choisit d’investir dans de nouveaux locaux flambant neufs, toujours sur Perpignan. Malgré quelques difficultés administratives liées à l’attribution du terrain, l’investissement s’élèvera à 1,8M€ pour 3300 m2 de bâtiment et de bureaux implantés sur un terrain de 7000 m2.
♦ « Il ne faut jamais oublier le passé, mais aujourd’hui nous sommes tournés vers l’avenir »
Forts de l’expérience Caustier France, les nouveaux dirigeants tiennent à cœur de maîtriser toute leur chaîne de production.
« Nous fabriquons tout, de l’armoire électrique, aux cartes électroniques et bien sûr nos logiciels de calibrage. Évidement, après l’expérience de Caustier France, nous avons voulu maîtriser tout de A à Z, mais pas seulement. Nous sommes dans un département qui est compliqué en terme de sous-traitance. Quand vous regardez la situation de l’un de nos concurrents en Italie, il fait juste de l’assemblage, car à 100 mètres de son usine, il trouve une fabricant de moteurs, à 200 mètres, il a une tôlerie laser, ou un sous-traitant qui va faire de l’usinage. Il a tout à portée de main, quand, pour nous, tout est très vite compliqué. Car ici, nous ne sommes pas dans une zone industrielle très développée ».
L’entreprise a intégré depuis 2 ans la French Fab Attitude avec 100% de « fabrication maison » : de la création du logiciel, en passant par l’élaboration du godet à fruits à l’armoire électrique…
♦ De la simple calibreuse à l’analyse du fruit grâce à une multitude de capteurs
Aujourd’hui les nouveaux capteurs et nouvelles technologies, permettent grâce aux mesures optiques de mesurer, le taux de sucre et la fermeté, mais aussi de repérer les défauts du fruit. Comme par exemple, une trace de pression exercée par l’opérateur au moment du ramassage, ou encore un fruit gelé.
Lionel Mailhes nous dévoile les techniques et les avancées disponibles : « Aujourd’hui, il existe plusieurs capteurs. Certains pour mesurer le taux de sucre, la maturité, les défauts d’épiderme du fruit. À l’aide de différents types d’éclairage et de longueur d’onde, on arrive à voir des choses que l’œil ne peut pas voir. Ensuite, il s’agit simplement d’analyser les données. La caméra va différencier, par exemple, ce qui est le pédoncule du fruit d’une autre tache. En fonction du cahier des charges du client, et de son niveau d’exigence des défauts des fruits, il sera possible de programmer les catégories ».
♦ Caustier STC en chiffres
- 5 M€ de chiffre d’affaires, en hausse constante
- Chiffre d’affaires de 40% à l’exportation
- Un marché des fruits et des légumes qui croît de 6,7% chaque année
- Des calibreuses de 40 mètres de long fabriquées à Perpignan et livrées en tronçons de 12 mètres
- Des machines capables de traiter, selon les modèles jusqu’à 4 tonnes de fruits par ligne
- Caustier développe des machines pour les pommes, fruits à noyaux, dattes, mangues, melons, ananas, aubergines, concombres, courgettes, tomates, poires, cerises, oranges, mandarines, citrons, artichauts, poivrons, grenades, ails…
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