Article mis à jour le 24 avril 2017 à 21:51
Après une campagne de premier tour hors norme, les résultats du premier tour sont sans appel. La droite et la gauche à la tête de la France depuis 1981 sont balayées. Ce 24 avril 2017 marque un tournant dans la vie politique française avec aux portes de l’Elysée deux personnes non-issues des partis de gouvernement. Retrouvez les réactions des élus locaux à cette situation inédite.
♦ Le Front National « en appelle à choisir entre deux choix de société »
Louis Aliot, Vice Président du Front National et secrétaire départemental FN66 s’exprimait dès hier soir sur le plateau de France 2. A la remarque de David Pujadas concernant la dynamique de Marine Le Pen arrivée 2ème du 1er tour, Louis Aliot rétorquait : « Ecoutez nous verrons bien, ce que je remarque moi c’est que les deux partis qui dirigent la France depuis 40 ans sont en train de disparaître sous nos yeux. Ce qui montre bien que le pays est en ébullition. Et maintenant, nous allons pouvoir parler de projet à projet. Quand j’entends « si c’était Marine Le Pen, ce serait la catastrophe », je réponds, mais nous sommes déjà dans la catastrophe ! Moi j’entends l’UMPS, le LRPS, donner des leçons. Ce soir, c’est le grand bal de ceux qui ont dirigé la France depuis 40 avec les résultats que l’on connaît. Ce soir droite et gauche se donnent la main pour sauver leur système ! Moi, j’en appelle aux français à choisir entre deux choix de société, deux projet différents »
Xavier Baudry , conseiller régional de la nouvelle région Occitanie répondait à nos questions quant à la progression du score de Marine Le Pen autant au niveau local qu’au niveau national, ainsi que sur les chances de victoire pour le Front National le 7 mai prochain. « Il est intéressant de comparer la forte progression en nombre de voix entre le scrutin de 2012 et celui de 2017, c’est un élément très encourageant » (NDLR – Marine Le Pen gagne plus de 1 million de voix en 5 ans). « Je pense qu’on a deux façons de faire de la politique. Marine Le Pen défend clairement le souverainisme et le patriotisme quand Emmanuel Macron, défend une vision européiste et mondialisée de la politique française. Il y a de nombreux électeurs qui ont voté Jean Luc Mélenchon ou François Fillon qui ne partagent pas cette vision européenne de Macron. Notre discours est fondamentalement différent. Marine Le Pen va axer son combat d’entre deux tours sur ces visions radicalement opposées sur l’économie, la sécurité ou la mondialisation. »
Interrogé sur la position des Républicains locaux de ne pas se prononcer pour le second tour, le conseiller municipal d’opposition à la Mairie de Perpignan déclare : « Vous savez, il y a les états majors parisiens, les élus locaux et les électeurs, et ici les électeurs « fillonistes » se sentent très proches des idées de Marine Le Pen ».
Xavier Baudry table sur un bon report de voix dans le département, allant même jusqu’à avancer un chiffre de 50% ou plus au soir du second tour en faveur de Marine Le Pen dans le département. « Ce sera un test grandeur nature pour les législatives qui suivront l’élection présidentielle ». Il pense que le 7 mai prochain de nombreux électeurs qui ont voté le 23 avril pour Jean Luc Mélenchon ou François Fillon pourraient s’abstenir ou voter blanc, mais il ne table pas sur un report vers le candidat que la majorité des sondages voit devenir le plus jeune Président de la République française.
♦ La France Insoumise 66 : « On ne choisira pas entre la peste et le choléra »
Philippe Assens, candidat aux législatives de juin 2017 sur la 3ème circonscription des Pyrénées Orientales déclarait en partageant une infographie de France Info. « Bravo à tous les insoumis catalans et à tous les électeurs de Jean Luc Mélenchon : certes, on a perdu mais demain grâce à vous le département des Pyrénées-Orientales peut retrouver sa dynamique progressiste, la France est déjà un peu plus belle, la planète nous félicite ». Il donnait rendez-vous pour le premier tour des élections législatives sans se prononcer quant au second tour des présidentielles.
Pour Francis Daspe, « La France Insoumise des Pyrénées Orientales est partagé entre déception et espérance ». Déception pour la non qualification de Jean Luc Mélenchon pour le second tour, mais espérance par « la campagne particulièrement enthousiasmante et propulsive ». La France Insoumise « se félicite du très bon score obtenu par Jean-Luc Mélenchon dans les Pyrénées-Orientales qui le place en seconde position. La dynamique dans les Pyrénées-Orientales selon Francis Daspe, « illustre plus que jamais la formule de Victor Hugo : Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu ».
♦ En Marche « sur le terrain pour convaincre pour le second tour »
Sébastien Cazenove, référent départemental du mouvement En Marche et candidat à l’investiture pour les législatives « remerciait » quant à lui « tous ceux qui se sont déjà positionnés en notre faveur et nous allons continuer à aller sur le terrain pour convaincre ». Pour le moment, il nous confirme que personne n’a officiellement reçu l’investiture pour les législatives dans le département.
Brice Lafontaine ancien adjoint à la Mairie de Perpignan qui s’est vu retirer ses délégations suite à son engagement auprès d’En Marche 66, déclarait, non son une certaine satisfaction sur les réseaux sociaux : « On nous disait que c’était impossible mais nous l’avons fait : nous avons changé la politique ».
Et pour marquer avec ironie son éviction par Jean Marc Pujol et l’ensemble du groupe à la tête de la Mairie de Perpignan : « pour ceux qui sont encore dans la vieille politique perpignanaise que la majorité des citoyens rejette, je ferais juste cette parenthèse qui vous parlera si vous avez suivi mon actualité : Sur Perpignan : Fillon 19,2 / Macron 19,7. évincé en mars dernier ».
Jacques Cresta, appelle à « un rassemblement pour battre massivement le FN »
Contacté par téléphone, le député de la 1ère circonscription qui briguait sa réélection sous la bannière socialiste a choisi de s’engager auprès du mouvement En Marche après la victoire de Benoît Hamon à la primaire du Parti Socialiste. Il appelle « l’ensemble des démocrates, des progressistes et des républicains » à se rassembler pour « battre massivement le Front National » le plus largement possible. Interrogé sur le résultat dans les PO qui ont placé Marine Le Pen en tête suivi par Jean Luc Mélenchon, il répond : « La victoire du FN me chagrine car il est installé dans le paysage politique depuis longtemps » . Il « considère détestable » de mettre sur le même plan Emmanuel Macron et Marine Le Pen, « moi je n’oublie pas l’Histoire ». Le message le plus fort qu’il tire de ce scrutin est « qu’aucun des deux partis qui depuis 1962 structurent la 5ème république ne sont présents au second tour de l’élection présidentielle ».
Concernant les législatives, il rappelle qu’il a bien sollicité l’investiture sur la 1ère circonscription auprès du mouvement En Marche mais n’a pas encore de nouvelles à ce jour.
♦ Les Républicains : « les électeurs n’attendent pas qu’on leur dise pour qui aller voter »
François Lietta, à la tête de la fédération Les Républicains 66 et suppléant de Fernand Siré pour les législatives, regrettait « cette configuration qui est clairement une défaite électorale ». Il n’a pas de regrets concernant la campagne mais dit-il « ce qui est encore plus rageant pour nous, c’est le moment choisi pour l’abattre François Fillon. Mon seul regret, est celui de l’instrumentalisation de l’affaire Fillon ».
Interrogé sur le score historiquement bas obtenu par la droite localement. « On espérait un score dans la moyenne nationale mais on a fait en deçà. Cela fait un petit moment que la droite locale subi des échecs au niveau local ». (NDLR : La droite a perdu les élections départementales de Mars 2014 et les Régionales de décembre 2015). « Je crois que l’on a vraiment un souci à droite dans notre département. Car, sur ce scrutin là, on s’est fait siphonner les voix par Monsieur Macron. La question à se poser sera au lendemain des législatives que l’on aborde beaucoup moins sereinement que dans un autre scénario. Aujourd’hui, je m’interroge de savoir si les électeurs ont rejeté François Fillon ou s’il s’agit d’un rejet des idées de la droite et là c’est ce serait plus difficile ».
La position des Républicains pour le second tour des présidentielles 2017 : « Je comprends que le candidat François Fillon ait des convictions et qu’il les exprime mais localement notre position est différente. Je rappelle que nous ne sommes par propriétaires des voix, et nous disons aux électeurs de prendre leurs responsabilités. Les français ont tranché en nous éliminant dès le premier tour, à eux maintenant de trancher sur leur choix au second tour. Nous devons arrêter de prendre les gens par la main, les électeurs n’attendent pas qu’on leur dise pour qui aller voter ».
Jean Marc Pujol, Maire les Républicains de Perpignan répondait à nos questions au lendemain du premier tour du scrutin.
« Je réfléchi à la situation et je ne me précipite pas car ce que je constate c’est une fracture de la France en 4 fractions. La réalité c’est qu’il y a 4 groupes représentant chacun 20% de l’électorat ». A la question de savoir comment il réagissait à la 4ème place de François Fillon à Perpignan, Jean Marc Pujol répondait qu’il s’agissait d’un scrutin national mais que « l’addition des scores de Macron et Fillon font le total de ce que j’ai obtenu aux élections municipales. Je constate que les modérés perdent du terrain face aux extrêmes. Ces extrêmes qui font croire à des illusions et on ne peut qu’être inquièt pour les lendemains ».
Maïté Sanchez Schmid, l’ancienne député européenne adjointe à la ville de Perpignan, n’a pas ménagé son soutien à François Fillon. Celle qui fut sa référente lors des primaires de la droite en novembre 2016 déclarait « son immense déception » sur les réseaux sociaux. Elle appelait « à ne pas baisser les bras ». Contrairement à François Fillon qui dès l’annonce de sa défaite annonçait sans enjambe qu’il voterait Emmanuel Macron, Maïté Sanchez Schmid déclarait « Aucun des 2 candidats qui restent en lice ne me semble apte à gouverner la France ». Et annonçait que « la campagne des législatives … laissait une chance de faire valoir nos idées et de peser sur la politique de notre pays. Ce doit être NOTRE objectif ».
♦ La Fédération du Parti Socialiste des Pyrénées Orientales
Ségolène Neuville, secrétaire départementale du PS, qui avait longuement hésité à apporter son soutien à Benoît Hamon après la défaite de Manuel Valls aux primaires de la gauche, répondait au journal local. Elle déclarait :« Il faut absolument faire barrage au Front National et voter Emmanuel Macron » rappelant qu’elle avait travaillé à ses côtés quand ce dernier était ministre de l’économie.
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