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Au collège du Soler, les débuts de la radio 20 000 lieux sous les ondes

Au collège du Soler, les débuts de la radio 20 000 lieux sous les ondes

Article mis à jour le 28 janvier 2023 à 08:07

Cette chronique inaugure une nouvelle série de notre journaliste Alice Fabre, également intervenante en éducation aux médias et à l’information pour l’association Mediaclic. Elle nous partage les projets pédagogiques innovants auxquels elle prend part dans les Pyrénées-Orientales. Aujourd’hui, direction Le Soler, où deux professeures ont lancé un défi à une classe de 3ème : réaliser une émission de radio pour le mois d’avril.

J’ai toujours aimé la radio, elle a toujours fait partie du paysage.

Petite, je regardais mes parents l’écouter avant d’aller travailler ; ado, les émissions du soir ont nourri ma culture musicale, et adulte, j’en ai fait mon métier comme journaliste. Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’éducation aux médias, j’ai rapidement eu envie de transmettre mon goût de la radio, et de l’utiliser pour aider les élèves à progresser et à se révéler à eux-mêmes.

Aussi n’ai-je pas hésité longtemps quand Valérie Bourcier m’a contactée. Valérie est professeure documentaliste au collège du Soler. C’est elle qui s’occupe du CDI ; vous savez le fameux centre de documentation et d’information (dont nous gardons des souvenirs plus ou moins joyeux selon notre expérience scolaire). Avec Lucie Fredouille, une prof de français, elles ont eu une idée : faire une émission de radio avec une classe de 3ème.

Et pour le collège Jules Verne, le nom était tout trouvé : ce serait « Vingt mille lieux sous les ondes ».  Le matériel était déjà sur place puisque le collège était déjà doté d’une web radio : « Elle a fonctionné quelques années, et il y a eu un souhait de la direction de la refaire vivre », m’explique Valérie. Qu’à cela ne tienne, elle et Lucie se sont formées aux techniques de la radio, et m’ont proposé d’intervenir en tant que journaliste pour aider les élèves à mener ce projet à bien.

Illustration microphone classe college

Mais à quoi ça sert, de faire faire de la radio à des gamins de 14 ans, en plein dans les affres de l’adolescence et de ses tourments ?

Pour Valérie Bourcier, il n’y a pas photo : « Ça renforce la cohésion, c’est une autre façon d’aborder les compétences et de travailler. Dans cette période post-covid, c’est en engagement pédagogique fort ». C’est vrai que partir sur ce type de projet fait sortir les élèves de leur zone de confort. D’abord, c’est un média qu’ils connaissent peu et il est donc difficile pour eux de se représenter l’exercice final.

Et puis il y a tout un tas de difficultés, qui peuvent nous paraître à nous, adultes, dérisoires mais qui ont leur importance à cet âge : le poids des regards des autres, la peur du ridicule ou encore de se tromper. Et pourtant une fois lancés, la perplexité et la timidité des débuts finissent toujours par laisser place à l’enthousiasme et à la créativité.

Le thème de l’émission : s’engager au sein de la société. Une façon de raccrocher les wagons avec le programme de français qui explore la notion de « Vivre et participer à la société » et « d’agir sur le monde ».

Dans les prochaines semaines, les 26 élèves devront donc trouver des sujets à traiter, faire des recherches et des prises de son pour pouvoir alimenter l’émission et réaliser des interviews. La classe va fonctionner en véritable rédaction constituée, avec des rédacteurs en chef, des présentateurs, des journalistes reporter, des chroniqueurs, des techniciens. Je vais aussi progressivement les amener à travailler l’expression orale, car la voix en radio, ça se travaille. Le micro peut être intimidant, il doit être apprivoisé, tout comme ce stress qui noue la gorge quelques minutes avant la prise d’antenne. Autant de conseils qu’ils pourront ensuite appliquer pour leur oral du brevet.

Et puis l’objectif de l’équipe pédagogique, c’est aussi qu’ils prennent confiance en eux. Ce travail de groupe permet toujours à certains élèves de se révéler. Nous leur proposons un espace dans lequel leurs avis comptent, leurs idées sont explorées, mises en voix et en sons même, un espace dans lequel on les encourage à être eux-mêmes. Les élèves trouvent leur voie, en même temps que leur voix.
L’Éducation nationale le sait bien. Dans une circulaire de janvier 2021, l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer recommandait la création d’une web radio dans tous les collèges de France, en association avec des médias locaux.

20 000 lieux sous les ondes est donc sur les rails. L’enregistrement est prévu en avril.

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Alice Fabre