33, c’est notre chiffre de la semaine… Et celui du nombre de représentants qui seront élus le 6 février 2025 pour siéger à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Les élections, qui se terminent le 31 janvier, jouent un rôle important pour le secteur agricole français. Elles déterminent la représentation des agriculteurs et des agricultrices auprès des institutions publiques.
Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, rappel des votes de 2019
Le précédent scrutin de liste départementale avait placé la coalition Jeunes Agriculteurs (JA) – FNSEA* majoritaire à la Chambre d’agriculture pour six ans. La liste commune avait raflé 23 des 33 sièges en 2019. Dans les Pyrénées-Orientales, les JA – FDSEA* avaient gagné trois des cinq collèges, dont les deux principaux. En effet, le collège des exploitants et celui des retraités avaient voté en masse en faveur de la coalition. Les JA et la FDSEA s’étaient aussi emparés du collège 2 à l’unanimité. Dans les deux collèges représentants les salariés, les candidats de la CGT et de la Fédération Générale Agroalimentaire avaient été élus.
En 2025, la montée en puissance de la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale rendent les résultats de l’élection plus incertains dans les Pyrénées-Orientales.
« Depuis 2019, en grande majorité, les Chambres sont pilotées par les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA. Mais aujourd’hui, le problème est essentiellement autour du revenu dans l’agriculture », explique Myriam Cormary, directrice générale de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales.
Un rôle clé dans la médiation et dans la transition agricole
Les Chambres d’agriculture jouent un rôle pivot dans l’accompagnement des agriculteurs et des agricultrices dans leurs relations avec les acteurs politiques et les institutions. Elles interviennent notamment sur les questions liées à l’urbanisme ou aux projets fonciers.
« Les Chambres d’agriculture ont une importance primordiale dans ce rôle de médiation, c’est pourquoi ces élections sont un réel enjeu. On doit faire évoluer l’agriculture, tout en maintenant la performance économique. Il est nécessaire de toujours progresser sur le plan environnemental. Mais il faut aussi entendre les deux parties et essayer de maintenir le dialogue », souligne Myriam Cormary.
« Un enjeu extrême » pour les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA
Les deux syndicats appellent « tout le monde à se mobiliser » pour les élections de la Chambre d’agriculture. Ces derniers estiment que ces instances jouent un rôle « déterminant et important » pour les intérêts des agriculteurs et dans la préservation de l’environnement.
« Nous nous battons pour un plan alimentaire et territorial ambitieux. On veut aussi garantir des produits de qualité dans les cantines et les marchés », affirme Bruno Vila, président de la FDSEA* 66.
« Consommer local, c’est aussi agir global »
L’une des initiatives mises en avant est la plateforme « Le Local ». Un outil pour simplifier l’approvisionnement des cantines et promouvoir les circuits courts. « Ensemble, faisons du Local le premier choix parce que consommer local, c’est aussi agir global », affirme Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Le prochain mandat s’annonce difficile, marqué par des problématiques liées à l’eau, au foncier et au maintien économique des principales filières agricoles. La gestion des crises comme la sécheresse ou le renouvellement des générations est au centre des préoccupations.
« Nous devons rester mobilisés pour soutenir nos agriculteurs dans un contexte de découragement extrême », déclare le président du principal syndicat agricole. Il poursuit, « notre seule inquiétude, c’est que les gens ne se mobilisent pas pour aller voter. Et ça, c’est un enjeu extrême pour nous ».
La Confédération Paysanne prône une vision équitable pour de l’agriculture de demain
La Confédération Paysanne propose une agriculture autour de l’équité, la durabilité et la solidarité. Le syndicat veut répondre aux défis locaux et internationaux auxquels les agriculteurs sont confrontés. La répartition équitable de l’eau figure parmi ses priorités, notamment pour les viticulteurs et arboriculteurs.
Du côté de l’arboriculture, le syndicat insiste sur l’importance de soutenir les alternatives aux pesticides « au lieu de les sanctionner ».
Des revendications pour une justice sociale
Sur le plan social, la Confédération Paysanne veut abroger l’âge de départ à la retraite à 64 ans et garantir une pension minimale à hauteur de 85% du smic.
« Quand on est agriculteur on part plus tard à la retraite. On touche ensuite entre 400 et 500 euros, c’est catastrophique », s’indigne Maryline Guillemand, tête de liste de la Confédération Paysanne 66.
Le syndicat souhaite également des aides spécifiques pour les agriculteurs confrontés à des problèmes de santé ou à des congés maternité. L’organisation pointe du doigt les violences faites aux femmes et les discriminations dans le monde agricole.
La Confédération Paysanne veut aussi instaurer des prix minimums pour les importations, afin de protéger les producteurs locaux. Le syndicat préconise le développement des circuits courts et des débouchés pour promouvoir l’alimentation locale et durable.
La Coordination Rurale veut sauver les hommes avant les machines
Le syndicat met un point d’honneur à défendre les agriculteurs avant de sauver les machines, qu’elle estime être la « priorité des priorités ».
« Quand il y a un gros problème comme nous vivons avec la sécheresse, il y a des fonds qui vont descendre, mais on va les retrouver fléchés sur les coopératives, sur les groupements de producteurs, sur les outils, et nous voulons que ces aides soient directement destinées aux agriculteurs », déclare Philippe Maydat, Président de la CR 66.
Philippe Maydat poursuit, « On a tellement réduit le nombre d’agriculteurs qu’on ne peut plus en perdre un. On a vécu pendant très longtemps en se disant que si le voisin va mal, ça permettrait de s’agrandir. Mais aujourd’hui si le voisin tombe, on est le prochain sur la liste. Donc, la priorité des priorités, c’est empêcher le voisin de tomber ».
Une simplification dans l’administration
La CR 66 souhaite également faciliter les démarches administratives. Un obstacle auquel font face beaucoup d’agriculteurs comme Philippe Maydat. « Aujourd’hui, une déclaration de Politique Agricole Commune (PAC), je suis incapable de la faire tout seul. Il faut que je prenne un technicien. Et il n’y a pas que moi dans ce cas-là, de nombreux agriculteurs sont aussi embêtés par le côté administratif. Donc nous voulons le simplifier ».
Unanimes contre le Mercosur !
L’accord de libre-échange UE – Mercosur est destiné à libéraliser les échanges entre l’Europe et cinq pays d’Amérique latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay). Le traité commercial, signé le 6 décembre 2024, doit encore être ratifié avant son entrée en application. Un accord unanimement contesté par l’ensemble des agriculteurs français, qu’ils appartiennent à la FNSEA, à la Confédération paysanne ou à la Coordination rurale.
*Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles
*Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles