Les adhérents du parti Les Républicains sont appelés à élire leur nouveau président les 17 et 18 mai 2025. Dans les Pyrénées-Orientales, 700 adhérents et adhérentes peuvent prendre part au vote. Echange croisé avec Christine Moulenat, présidente des LR66, soutien de Laurent Wauquiez, et la sénatrice Lauriane Josende qui fait campagne pour Bruno Retailleau.
Christine Moulenat, la fidélité à Wauquiez et la ligne d’opposition affirmée
Pour Christine Moulenat, il s’agit tout d’abord d’une question de fidélité. « Pour moi, c’est important en politique. J’ai été élue dans cette fédération en 2018. Et déjà lors de la campagne interne de l’époque, j’avais soutenu Laurent Wauquiez qui est venu à de nombreuses reprises dans les Pyrénées-Orientales. Je me suis beaucoup appuyée sur lui et son travail. C’est donc logique que je le soutienne. »


Christine Moulenat et Laurent Wauquiez. Archives MIP
Mais au-delà de l’amitié et de la fidélité personnelle, il s’agit aussi « de former un duo, et non un duel », s’empresse-t-elle de préciser. Pour Christine Moulenat, la position de Laurent Wauquiez à la tête du parti, en dehors du gouvernement, lui permettrait de garder la liberté de parole et d’opposition vis-à-vis de l’action politique menée. « Pour nous François Bayrou a toujours été un adversaire, on est loin du gouvernement Barnier ». Pour rappel, le 13 décembre 2024, une majorité de parlementaires a voté la censure du gouvernement de Michel Barnier issu du parti Les Républicains. « Il faut mettre à la tête de notre parti quelqu’un qui soit en capacité de s’opposer au gouvernement Bayrou, insiste la présidente des LR 66.
Loin d’être anodine, cette élection est surtout une première étape pour préparer l’échéance électorale de la présidentielle de 2027. Pour rappel, le patron des Républicains est celui qui a la charge de déterminer quelles sont les valeurs que défend le parti. Après la bérézina liée à l’alignement du précédent président, Éric Ciotti, sur le Rassemblement National, « il est crucial de travailler à la refondation du parti Les Républicains », confie Christine. « Les 17 000 adhérents qui ont répondu au questionnaire adressé par Laurent Wauquiez ont dit les valeurs qui doivent être portées par Les Républicains. »
Bruno Retailleau vu par Lauriane Josende : un homme de méthode, un esprit de rassemblement
Sénatrice des Pyrénées-Orientales, Lauriane Josende soutient Bruno Retailleau. « C’est un homme très respectueux, à l’écoute, mais aussi capable de trancher », explique l’élue, évoquant leur collaboration au Sénat. Pour elle, Retailleau incarne une droite apaisée, structurée, dotée d’un vrai sens du collectif.
Lauriane Josende et Bruno Retailleau. Archives MIP
Mais la question de la participation de Bruno Retailleau à un gouvernement d’un proche du Président de la République interroge sur la ligne que pourrait porter l’ancien sénateur.
Lauriane Josende se veut pédagogue. « Au lendemain de la dissolution, la situation était improbable, avec un groupe Rassemblement national majoritaire à l’Assemblée Nationale, et le Nouveau Front Populaire qui revendiquait la victoire. Finalement, on s’est rendu compte qu’il y avait un espace pour le socle commun avec assez de parlementaires pour une majorité. » Après un été sans gouvernement, l’hypothèse Barnier se dessine. « Là on se dit que si c’est l’un des nôtres, on peut y aller. »
La sénatrice se rassure, le gouvernement Barnier avait une majorité de membres de sa famille politique à la tête des principaux ministères. Pour Bruno Retailleau, c’était l’opportunité de faire avancer leurs idées et d’agir concrètement au redressement du pays. Mais patatras : le 13 décembre 2024, les députés votent la censure et font tomber le gouvernement Barnier. Ce dernier remplacé par François Bayrou, proche d’Emmanuel Macron, pose à nouveau la question de la participation des ministres issus de la droite. « Là, on n’était plus dans la même configuration ! Mais on s’est aperçu qu’avec des ministres comme Bruno Retailleau on arrivait à porter une autre voix que celle des macronistes. Et donc, si on voulait vraiment reconstruire quelque chose, il fallait rester ».
Une famille divisée, un parti à reconstruire
L’élection du futur président des Républicains dépasse largement les clivages locaux. Elle est perçue comme une première étape vers 2027, où la droite espère se relever après l’épisode Éric Ciotti, dont l’alignement sur le Rassemblement National a laissé des traces. Christine Moulenat l’affirme : « Il faut rebâtir sur des valeurs claires. » Pour celle qui est aussi conseillère d’opposition à la mairie de Perpignan, il est important de préparer rapidement les élections à venir, et surtout les municipales. Et surtout à Perpignan, où la condamnation pour détournement de fonds publics de Louis Aliot rebat les cartes politiques.
Dans un parti marqué par les méfiances internes, chaque fédération devra remonter ses résultats en toute transparence. Un détail qui trahit un climat pesant, malgré les discours d’unité. « Nous nous rangerons derrière celui qui l’emportera », assurent pourtant les deux élues. Sur le fond, Bruno Retailleau s’engage, s’il est élu, à consulter les militants sur la désignation du candidat à la présidentielle, mais aussi sur les investitures locales.
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