Article mis à jour le 26 juin 2024 à 17:28
Récemment, l’association végétarienne de France dévoilait que 40% des cantines scolaires ne respectaient pas la loi en proposant au moins une alternative végétarienne par semaine. Qu’en est-il dans les Pyrénées-Orientales ou à Perpignan ? Bilan carbone, souffrance animale, l’alimentation carnée est chaque jour de plus en plus décriée, quelles alternatives dans les cantines catalanes ? Photo © Adrien Nowak / Hans Lucas.
À Perpignan, les enfants de la Bressola n’ont plus accès au menu végétarien quotidien
Depuis la rentrée, les enfants de Camille, végétarienne convaincue, ne vont plus à la cantine. Ses jumeaux de cinq ans qui, jusque-là, avaient un menu végétarien quotidien à la cantine, n’ont plus cette option qu’un jour par semaine. «Mes enfants sont scolarisés à la Bressola», précise Camille. Cette école immersive en catalan avait jusqu’en 2023 un accord avec la mairie de Perpignan. Un accès à tarif préférentiel auprès du Syndicat mixte pour la restauration collective Pyrénées-Méditerranée (Sym). Mais la nouvelle municipalité a décidé de rompre cet accord, contraignant l’école à se tourner vers un autre prestataire pour la restauration scolaire.
Malgré moult échanges y compris avec Camille, La Bressola a dû, à contrecœur, changé d’opérateur ; passant du Sym, qui propose un menu végétarien quotidien, à l’Union départementale scolaire et d’intérêt social (Udsis) qui n’en propose qu’un seul.
Mais dans les faits, «pour les enfants de la Bressola, il y a une perte d’option», confie Camille. Mais au-delà de cette décision, la mère de famille trouve dommage de ne pas valoriser le végétarisme. «Il y a de plus en plus d’enfants qui dès sept ou huit ans sont convaincus et expriment le désir d’être végétariens, mais on ne leur donne pas ce choix.» Camille a également tenu a sensibiliser la direction de l’école, et à travers elle l’Udsis. «Il faut dire au prestataire que pour sauver la planète, il faut faire mieux qu’un jour de végétarien par semaine», s’emporte Camille.
Dès septembre 2024, l’Udsis proposera des menus végétariens quotidiens
Contacté, Jean Roque, élu du conseil départemental et président de l’Udsis confirme que jusque-là l’organisme de restauration scolaire ne proposait qu’un menu végétarien par semaine. «Nous respectons la loi, et nous proposons un menu végétarien hebdomadaire.» Mais, assure l’élu, dès l’ouverture de la seconde cuisine à Millas – lieu de préparation des repas – l’offre du syndicat mixte sera quotidienne. «C’est une réponse à des demandes importantes de parents d’élèves. C’est aussi une volonté de répondre aux tendances d’aujourd’hui qui vont vers des menus sans viande. Nous avons réalisé une étude et nous estimons entre 15% à 20% les demandes de repas végétariens.»
Selon l’élu, même si la demande émane d’un petit nombre de parents, elle est forte, mais différente selon les territoires desservis par l’Udis. C’est lors d’une commission des terroirs, réunissant les responsables de l’Udsis et une trentaine d’élus, que certains d’entre eux ont abondé pour le menu végétarien, quand d’autres rapportaient n’avoir reçu aucune demande de la part des parents d’élèves.
Ainsi, selon Jean Roque, dès septembre 2024, environ 15% à 20% des 17.000 repas servis quotidiennement dans les 90 restaurants des écoles et collèges seront végétariens.
À Perpignan, des menus végétariens quotidiens depuis 2015
Le syndicat mixte pour la restauration collective Pyrénées-Méditerranée a opté pour le menu végétarien depuis 2015. Un moyen d’éviter le gaspillage de viande. «On jetait 300 kilos de viande par semaine», déclarait à l’époque, Jean-Marc Pujol, maire et président de la communauté urbaine. En sous-texte, la mise en place du menu végétarien quotidien était aussi le moyen d’éviter, à Perpignan, les menus sans porc. Si lors de la mise en place du dispositif, l’ancien maire affichait 15% d’inscrits au menu sans viande, l’actuel président du Sym précise qu’aujourd’hui, 10 à 12% des 11.000 repas servis quotidiennement par le Sym sont végétariens.
Elior, prestataire du Sym, livre les restaurants scolaires de 27 communes des Pyrénées-Orientales. « Politiquement nous avons souhaité être plus performants que ce que nous exigeait la loi », confie Robert Raynaud, président du syndicat mixte. «Nous sommes un syndicat de gestion et nous gérons de manière apolitique. Chaque commune peut opter pour les menus sans porc, et/ou végétariens.» Et depuis 2015, Perpignan a opté pour le menu végétarien.
Sur le gaspillage alimentaire, Robert Raynaud se montre plus disert en rappelant l’action de formation des agents de restauration scolaire. «À la fin 2024, les agents de nos 84 sites seront formés et notre objectif est de réduire de 50% le gaspillage alimentaire.»
Un passage au menu végétarien qui satisfait le président du Sym. «Régulièrement avec Elior, nous faisons le bilan de ce que nos convives ont mangé ou pas.» Des « commissions menu » où le prestataire, élus et diététiciens font le point. «Comme les menus végétariens sont plus difficiles à équilibrer, nous faisons des essais. Nous proposons des plats qui peuvent être plus ou moins appréciés.» Ce constat permet aussi d’élaborer les menus sur les deux mois.
Manger moins de viande pour le climat et la santé
Selon l’étude dévoilée ce 20 février par la Société française de nutrition et le Réseau action climat, réduire de 50% sa consommation de viande permettrait de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2050. Concrètement, les Français devraient passer de 900 grammes de viande par semaine à 450 grammes pour la planète, mais aussi pour leur santé.