Article mis à jour le 16 avril 2025 à 09:20
Au sommaire du bilan 2024 des entreprises des Pyrénées-Orientales, on constate un tissu économique en difficulté, notamment en ce qui concerne le secteur de la construction. Malgré tout, la création de nombreuses entreprises permet d’équilibrer une partie des cessations d’activité.
Instabilité politique, inflation, crises internationales… L’année 2024 a été marquée par l’incertitude. Cette dernière ne s’est pas seulement répercutée sur l’économie des entreprises sur le plan national, mais également dans les Pyrénées-Orientales. Dans son rapport, sorti en mars 2025, le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce a fait le bilan.
Augmentation des radiations dans les Pyrénées-Orientales
Cela s’est ressenti à travers le nombre de radiations d’entreprises. Dans les Pyrénées-Orientales, 2 616 cessations d’activité ont été enregistrées. Une augmentation de 13 % par rapport à l’année dernière, supérieure au taux national (9 %). Les principaux secteurs concernés sont le commerce (27,3 %), l’hébergement-restauration (14,1 %) et les activités immobilières (12,3 %). Les entreprises les plus vulnérables aux radiations sont celles ayant moins de 5 ans d’existence.
Pour offrir une mise en perspective, selon la Chambre du Commerce et de l’Industrie (CCI) des Pyrénées-Orientales, le commerce représente 27 540 salariés, l’hébergement-restauration 24% des emplois de services, et les activités immobilières, 1 191 salariés.
Des secteurs en difficulté, notamment le BTP
Des difficultés qui s’illustrent également par les ordonnances portant injonction de payer : 25 % de ces dernières ont été distribuées dans le secteur de la construction en 2024. Une injonction de payer est une procédure judiciaire simplifiée permettant à un créancier d’obtenir rapidement un titre exécutoire contre un débiteur qui ne règle pas sa dette. Les entreprises ayant un ou deux salariés sont également les plus concernées. Selon la CCI, 30% des entreprises du bâtiment ont moins de 10 salariés. Ces très petites entreprises (TPE) du secteur du BTP sont en effet particulièrement sensibles aux retards de paiement et à la fluctuation des charges.
L’année passée, le nombre de privilèges de Sécurité sociale et de régimes complémentaires a augmenté de 32,6 %. Le taux moyen a lui aussi connu une hausse de 1,4 % en atteignant 43 900 euros. Domiris donne une explication à ces hausses : la reprise des campagnes de recouvrement post-pandémie. Le privilège de Sécurité sociale permet à l’Urssaf ou à une caisse de retraite de faire valoir une priorité de paiement sur les biens de l’entreprise, en cas de défaillance.
Les ouvertures de procédures collectives sont en hausse sur l’ensemble des secteurs d’activité. Au total, le département en a enregistré 593, dont 24,8 % dans le commerce, 18 % dans la construction et 17,2 % dans l’hébergement-restauration.
Une procédure collective regroupe des dispositifs judiciaires comme la sauvegarde, le redressement ou la liquidation judiciaire, visant à organiser la réponse à une situation de cessation de paiements.
Sur la même tendance, il y a eu une augmentation de 190,9 % du nombre d’entreprises ayant reçu une mesure de prévention (96 en 2024 contre 33 en 2023). Selon les chiffres de la CCI des Pyrénées-Orientales, 3 600 délais de paiements ont été accordés aux employeurs et indépendants, pour un montant de 22,2 millions d’euros.
Une fragilité structurelle aggravée par le contexte économique
Entre les ordonnances d’injonction de payer et les ouvertures de procédures collectives, la construction est donc un des secteurs le plus concernés par les difficultés financières. Dans les Pyrénées-Orientales, ce domaine représente 6 884 entreprises et 10 691 salariés selon la CCI. En décembre dernier, cette problématique avait déjà été soulevée par la Fédération française de bâtiment d’Occitane. Sur le plan régional, 10 000 emplois seraient menacés en 2025.
Pour Laurent Gauze, président de la CCI des Pyrénées-Orientales, cette fragilité du secteur de la construction a plusieurs explications. « Le bâtiment, ce sont souvent des achats prépondérants pour un couple ». Taux d’intérêt importants, augmentation des prix d’achat à cause du manque de foncier : Autant d’éléments qui compliquent l’achat immobilier et, par ricochet, impactent la construction.
Une augmentation des nouvelles entreprises
Malgré tout, les Pyrénées-Orientales ont enregistré, sur l’année 2024, 4 260 nouvelles immatriculations. Une augmentation de 9,6 % par rapport à l’année précédente notamment dans le secteur de l’information communication (+72,7 %), les industries manufacturières et extractives (+31,7 %) et le transport et l’entreposage (+30,3 %). Dans le territoire, le taux de création de nouvelles entreprises est plus haut que celui au niveau national (9,6 % contre 8,6 %). Ces nouvelles entreprises compensent celles qui ont dû cesser leurs activités.
Cette augmentation de la création d’entreprises au sein du territoire peut s’expliquer par plusieurs raisons. Laurent Gauze souligne le développement « des boîtes tech, l’import, export ». Le président appuie également les avantages géographiques du département. La proximité avec l’Espagne, l’ouverture sur la Méditerranée et la desserte ferroviaire et autoroutière positionnent le département comme un carrefour logistique intéressant pour certaines activités.
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