Article mis à jour le 20 mars 2025 à 19:47
Ce 20 mars, Hendrik Davi, ancien député de la France Insoumise et membre fondateur de l’Après, sera dans les Pyrénées-Orientales, invité par En Commun 66, pour rencontrer ceux qui étudient, gèrent et/ou protègent la forêt. La conférence « Les forêts et le changement climatique » se tiendra le jeudi 20 mars à 18h30 à La Fabrica, à Ille-sur-Têt.
Le spécialiste des forêts et président du groupe Forêt et filière bois de l’Assemblée nationale a répondu à nos questions sur les menaces et les solutions pour conserver notre biodiversité végétale.
Vous venez dans notre département pour une intervention sur les forêts, quel sera l’axe principal de votre propos ?
Je vais surtout aborder les grandes menaces qui pèsent sur les forêts et les pistes d’adaptation. Deux sujets majeurs sont au cœur de mes préoccupations : le dépérissement forestier, en raison des changements climatiques, et les incendies de forêt, un risque particulièrement élevé dans les Pyrénées-Orientales. L’idée est d’apporter une perspective sur la gestion durable des forêts et d’ouvrir la discussion sur des actions concrètes.
Existe-t-il aujourd’hui des solutions efficaces pour protéger nos forêts face à ces risques ?
Oui, bien sûr. Je travaille actuellement à la remise sur la table d’un projet de loi transpartisan sur les forêts. Il faut savoir que la gestion forestière en France est inégale, notamment dans les zones méditerranéennes où les forêts sont souvent moins bien entretenues que celles du nord-est du pays. L’une des raisons principales est que ces forêts sont moins rentables économiquement, ce qui limite les efforts de gestion.
Le premier enjeu est donc de favoriser une gestion durable, qui permettrait de diminuer les risques d’incendie tout en préservant la biodiversité. Il faut trouver un équilibre entre le maintien d’un couvert forestier et la réduction de la densité végétale dans les zones à risque.
Quels sont les freins à une meilleure gestion forestière ?
Le premier obstacle, c’est le morcellement de la propriété forestière. En France, de nombreuses parcelles appartiennent à des propriétaires qui ignorent parfois qu’ils possèdent un bout de forêt. Résultat : elles sont laissées à l’abandon et deviennent un véritable danger en cas de sécheresse ou de départ de feu.
L’une des solutions que nous proposons est de favoriser le rachat de ces petites parcelles par les communes forestières ou par l’ONF (Office National des Forêts). Une autre option serait d’encourager le regroupement des propriétaires au sein de coopératives, afin d’assurer une gestion plus collective et efficace.
Pourtant, la réserve naturelle de la Massane est une forêt laissée en libre évolution.
La gestion des forêts doit être adaptée à chaque écosystème. Je connais bien la Massane pour y avoir travaillé. C’est une hêtraie d’altitude, située à plus de 1 000 mètres et le risque d’incendie y est relativement faible par rapport aux forêts de chênes verts situées plus bas. Il est donc logique de la laisser évoluer naturellement.
Cependant, dans d’autres secteurs plus vulnérables, il est nécessaire de mettre en place des zones coupe-feu et de contrôler la biomasse. Maintenir des îlots de vieillissement pour favoriser la biodiversité est une bonne chose, mais il faut aussi veiller à limiter la densité des arbres pour réduire la propagation des incendies.
Comment le changement climatique affecte-t-il nos forêts ?
Les forêts vivent une transition climatique brutale. Elles ne peuvent migrer que grâce aux graines, et ça prend forcément un peu plus de temps [que les animaux], ce qui signifie qu’elles subissent de plein fouet le réchauffement.
J’ai mené des études qui montrent qu’en 2100, une forêt actuellement située à 1 400 mètres d’altitude connaîtra un climat équivalent à celui que l’on trouve aujourd’hui à 800 mètres. Ce bouleversement pousse les forêts à s’adapter rapidement, ce qui entraîne un dépérissement de certaines espèces incapables de survivre dans ces nouvelles conditions.
Quels leviers politiques sont à disposition pour améliorer la gestion des forêts en France ?
Le problème principal, c’est le manque de personnel qualifié. Depuis les années 1980, le nombre d’agents de l’ONF a été divisé par deux, alors qu’il faudrait en réalité doubler les effectifs pour accompagner correctement les propriétaires privés.
Nous avons besoin d’un investissement massif pour renforcer la présence de forestiers et de forestières sur le terrain. Malheureusement, nous nous heurtons à un blocage financier au niveau de Bercy. Pourtant, tous les acteurs de la filière, des naturalistes aux gestionnaires, s’accordent à dire que c’est une priorité absolue.
En tant que député, quel est votre engagement sur ces questions ?
Je préside le groupe d’études sur la forêt et la filière bois à l’Assemblée nationale. Notre objectif est de proposer une nouvelle loi pour structurer la gestion forestière en France. Nous nous appuierons sur des propositions déjà étudiées lors du précédent mandat et nous allons tenter de trouver un consensus pour avancer sur ces enjeux.
Nous devons impérativement assurer une gestion plus durable des forêts françaises, car elles sont à la fois un rempart contre le réchauffement climatique et un écosystème fragile qui mérite toute notre attention.
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