Article mis à jour le 3 juillet 2023 à 09:26
Ce vendredi 2 juin, la préfecture des Pyrénées-Orientales organisait une énième conférence de presse sur le défi qui occupe de nombreux esprits : la sécheresse. En ligne de mire, le tourisme. Le chalenge, une saison réussie dans le respect de la ressource en eau. Selon les acteurs du tourisme, la venue des touristes ne serait pas incompatible avec sobriété.
« Comment s’organiser pour être à la hauteur, et économiser la ressource avec tous les secteurs d’activité, dont le tourisme ? » – Rodrigue Furcy.
Rodrigue Furcy préfet des Pyrénées-Orientales ouvre la conférence de presse par quelques propos introductifs. «Nous voulons trouver les meilleurs points d’équilibre par rapport à la situation de sécheresse, et avec tous les acteurs du tourisme, en vue de la haute-saison». L’objectif affiché par le préfet, «transformer les Pyrénées-Orientales et son tourisme, en un laboratoire vertueux et respectueux de la ressource en eau.»
Le président départemental de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, Brice Sannac, abonde dans ce sens. «C’est l’An 1 de la nouvelle offre touristique des Pyrénées-Orientales. Nous voulons être le département le plus éco-responsable dans le secteur du tourisme.»
Concrètement, selon Brice Sannac, les hôtels et campings doivent entreprendre des «démarches pro-actives et les plus locales possibles»
«Les eaux de loisirs doivent être réutilisées au bénéfice de l’agriculture, du nettoyage des espaces publics et pour faire face au risque incendie. Nous sommes en relation avec l’Association des maires des Pyrénées-Orientales à ce sujet. Avec l’ARS, nous avons pu doubler la jauge maximum de chloramines présents dans l’eau, pour sa réutilisation à ces effets. Des cuves sont déjà en place dans les campings et hôtels», détaille le président de l’UMIH 66. «Une goutte d’eau doit être réutilisable à un maximum de fins», ajoute le préfet.
Quant à Patrice Rémy, président départemental des Gîtes de France, il promet «une charte d’engagement et de respect des gestes éco-responsables et de prévention du risque incendie», destinée aux 700 gîtes des Pyrénées-Orientales, et à leurs clients.
«Le tourisme est la première économie du département : nous ne pouvons pas opposer les habitants aux 74% de touristes qui vont chez l’habitant (logements non-marchands)» – Aude Vivès, présidente de l’Agence de développement touristique
Avec une certaine gravité dans le ton, Aude Vivès déclare : «Les Pyrénées-Orientales doivent être un département pilote. Doit-on se remettre en cause pour y arriver ? Nous n’avons plus le choix de toute façon. Nous sommes sur une ligne de crête et ensemble c’est réalisable. Mais nous devons continuer à communiquer sur nos atouts locaux.» La présidente du Département, Hermeline Malherbe complète les propos, «les usages de l’eau doivent être partagés. Ils ne sont pas en opposition entre les particuliers, le secteur du tourisme et le secteur agricole.»
« Des jeunes du Service National Universel se déplaceront cet été dans le département pour sensibiliser le plus grand nombre« , annonce Rodrigue Furcy
Ces jeunes en habits bleu marine arpenteront les plages et les festivals des Pyrénées-Orientales à la rencontre des estivants. Leur objectif, sensibiliser sur l’or bleu et la nécessité d’en user avec parcimonie.
Si tous les acteurs présents se voulaient rassurants lors de la conférence de presse, c’est aussi parce qu’ils essaient de limiter un maximum les conséquences du tout nouveau, et très local, terme anglicisé de «dénigrement des Pyrénées-Orientales» ; ou «Pyrénées-Orientales bashing». Une crainte que les professionnels du tourisme veulent éviter ? L’avalanche de réservations annulées.
Interrogé sur le nombre ou le taux de ces désistements de nuitées, Brice Sannac a botté en touche, assurant ne pas connaître cette information. Préférant rappeler le poids du secteur du tourisme dans l’économie des Pyrénées-Orientales, 475,000 lits chez les particuliers; 45,000 en Airbnb; 89,000 en campings; 12,000 en hôtels et 2000 en gîtes.
Quid de l’équilibre entre les usages de l’eau, entre les touristes, les locaux ou les agriculteurs ? Réponse à l’issue d’une saison où les Pyrénées-Orientales sont sous les projecteurs, mais surtout sous la menace de la sécheresse et des incendies.