Article mis à jour le 27 mai 2024 à 17:27
Jeudi 30 mai 2024, certaines pharmacies des Pyrénées-Orientales garderont leurs portes closes. L’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO) lance un avis de grève. Pénuries de médicaments, dérégulation de la pharmacie, difficultés économiques… Les revendications des professionnels de santé sont nombreuses. Photo © Dima Mukhin / Unsplash
Une grève massive des pharmacies dans toute la France ? C’est via un communiqué de l’USPO publié jeudi dernier que la nouvelle est tombée. Après la mise en place d’une pétition auprès des patients et une grève des gardes annoncée durant le week-end de la Pentecôte, le syndicat appelle officiellement à une journée de mobilisation le jeudi 30 mai. Dans la profession, cela ne s’était pas vu depuis 2014.
Levée de boucliers contre la vente de médicaments en ligne
Au cœur de ses revendications, l’USPO pointe du doigt la vente de médicaments sur des plateformes en ligne. Un projet porté par le député Marc Ferracci (Renaissance), qui travaille sur la déréglementation des pharmacies. Concrètement, c’est la possibilité de vendre des médicaments en grande surface et sur internet qui pourrait être étudiée. Dans un maillage territorial déjà largement impacté par les déserts médicaux, les professionnels s’inquiètent pour l’avenir de leur pharmacie.
« Le rapport relatif à la dérégulation de la pharmacie d’officine et notamment à la création de plateforme pour la vente en ligne de médicament est en cours de finalisation. Pourtant, M. Ferracci a toujours refusé de rencontrer les pharmaciens », affirme l’USPO dans son communiqué, diffusé jeudi 18 avril.
« Les patients n’ont pas accès à leur traitement »
« Dans un contexte d’inflation record, la pharmacie d’officine est la seule profession à ne pas avoir bénéficié d’une revalorisation économique de l’assurance maladie, depuis 2022 », déplore l’USPO. Le plan d’économies de 10 milliards d’euros, annoncé par Bruno Le Maire n’arrangera en rien la situation. Selon le syndicat, « ces mesures auront une répercussion certaine sur les négociations économiques en cours avec l’assurance maladie » et risquent « d’impacter à la baisse l’enveloppe budgétaire dédiée à la pharmacie. »
La pénurie des médicaments est aussi dans la ligne de mire du syndicat. « Les carences sont toujours aussi nombreuses », argue l’USPO. Malgré la nouvelle feuille de route annoncée en février dernier par la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, la disponibilité des médicaments ne semble pas garantie.
« Les patients n’ont pas accès à leur traitement et les pharmaciens passent près de 12h par semaine en moyenne pour trouver des solutions alternatives. Le Gouvernement doit accélérer pour renforcer la transparence des données et obliger les laboratoires à libérer les stocks. »
La situation dans les Pyrénées-Orientales
Quelles seront les conséquences de cette mobilisation dans les Pyrénées-Orientales ? Pour l’instant, l’heure est à la réflexion. « Nous n’avons pas encore décidé si nous ferons grève », lance une professionnelle de santé à la pharmacie de la Loge. Même son de cloche du côté de la pharmacie de La Croix Rouge. À l’officine des Universités, si rien n’est encore officiel, la responsable nous confie qu’elle sera bien fermée le 30 mai.
En amont de cette manifestation, les pharmaciens ont commencé à inciter leurs patients à signer une pétition. « Les patients et les élus, qu’il s’agisse des Maires, des Députés ou des Sénateurs, doivent comprendre le bien-fondé de notre mobilisation. Nous voulons les alerter sur les risques inhérents à la fermeture définitive de la pharmacie, et en premier lieu une dégradation assurée de l’accès aux soins », annonce l’USPO.
Une première grève des pharmacies de gardes est d’ores et déjà annoncée du 18 au 20 mai 2024. Dans ce cas, l’Agence Régionale de la Santé, afin de maintenir le service de santé, peut réquisitionner les officines.
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