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Les cliniques privées des Pyrénées-Orientales ont du mal à avaler la pilule

Les cliniques privées des Pyrénées-Orientales ont du mal à avaler la pilule

Article mis à jour le 23 avril 2024 à 08:33

Lundi 22 avril 2024, le directeur territorial du groupe Elsan, Pascal Delubac, et le directeur de l’activité SMR, Patrick Matheu, présentaient la situation alarmante des cliniques et hôpitaux privés. Le groupe dénonce les conséquences de la non-revalorisation des prix payés par la Sécurité Sociale. Focus sur la situation dans les Pyrénées-Orientales.

C’est un véritable coup de massue. Le directeur territorial des cliniques privées du groupe Elsan ne cache pas sa colère. Début avril, le ministère de la Santé dévoilait par voie de presse la revalorisation des tarifs hospitaliers. Une majoration effective de 4,3 % pour les hôpitaux publics et le secteur associatif mais de seulement de 0,3 % pour les établissements privés. Les hôpitaux et cliniques privés sont appelés à une grève totale à compter du 3 juin.

Des centres de santé privés « sous-financés »

« C’est un comportement qui nous a humiliés », lâche Pascal Delubac. « On a besoin de l’hôpital public. Ce n’est pas le sujet, mais nous souhaitons une équité. Aujourd’hui, j’ai 0,3% de revalorisation, contre 4% d’inflation. Donc, que je travaille beaucoup ou peu, je perds de l’argent. » Concrètement, l’inflation n’est pas compensée et les centres de santé privés se disent « sous-financés ».

« On dit toujours que dans le privé, nous ne prenons pas les activités lourdes, en région Occitanie, 60% de la chirurgie se fait en privé. On ne peut pas imaginer que ce soit 60% d’activité légère. Ça n’a pas de sens », lance Patrick Matheu. Dans les Pyrénées-Orientales, c’est 53% de la chirurgie qui est assurée par ses cliniques. « L’équité nous permettra de maintenir nos capacités d’investissement. »

Au sein du département, Elsan a déjà investi 30 millions d’euros. Dont 7 millions à la clinique Saint-Pierre pour l’ouverture d’un plateau technique de cardiologie. « L’entreprise réinvestit la totalité de ses résultats, pour améliorer ses structures et la prise en charge des patients », assure le directeur territorial du groupe.

« Les banques ne couvrent plus nos charges »

Les établissements de santé privés sont conventionnés avec l’assurance maladie et donc administrés puisqu’ils dépendent de ces tarifs. Soit 91% des recettes des cliniques privées. Concrètement, cela signifie que malgré l’inflation, ces entreprises ne peuvent pas décider d’augmenter leurs tarifs. Du côté des hôpitaux, très peu de différence puisque ce sont 93% des ressources qui sont administrées. À titre d’exemple, la rééducation suite à un AVC coûte 87% de moins dans le secteur privé. Quant à la journée de soins palliatifs, elle est 23% moins chère que dans les hôpitaux publics.

« Les banques ne couvrent plus nos charges. Pour l’hôpital public, un déficit de 2 milliards d’euros est annoncé. De notre côté, nous n’avons pas de déficit. » Dans l’hypothèse d’un déficit, il devrait être absorbé par la structure et non par le budget de la Sécurité Sociale. Le directeur territorial du groupe Elsan rappelle que 40% des cliniques et hôpitaux privés étaient déficitaires en 2023. Dans les Pyrénées-Orientales, près de 3 cliniques sur 10 sont déjà dans le rouge.

Une différenciation inédite totalement assumée par le Ministère de la Santé

« Rien dans les missions accomplies ne peut venir justifier une reconnaissance 14 fois supérieure pour un pan de l’offre de soin, au détriment d’un autre. Cette différenciation inédite est totalement assumée par le Ministère de la Santé qui pense que l’hospitalisation privée peut faire face à cette crise, car elle augmente son activité (…) », dénonce Pascal Delubac.

Le deuxième niveau de débat est le libre choix du patient de l’endroit où il veut se faire soigner. « Si on a du libre choix, cela veut dire qu’on a de l’accessibilité aux soins. Et aujourd’hui, le but n’est pas de renforcer un secteur en affaiblissant un autre, qui est déjà malade. Il vaut mieux consolider les deux », insiste le directeur territorial d’Elsan.

Le groupe Elsan apporte son soutien au personnel médical

Concrètement, quelle forme va prendre cette grève totale ? Au regard de ce sentiment de mépris, le groupe Elsan est décidé à durcir le ton. « C’est-à-dire que tout ce qui est vital, on le traitera, mais tout le reste, on le bloquera. Ce qui est en train de se jouer, ce n’est pas juste un arrêt total d’activité sur quelques jours, pour certains établissements privés, c’est un arrêt définitif », affirme Pascal Delubac, qui prépare cet arrêt sur tous les secteurs d’aide.

Le groupe Elsan emploie 2300 salariés dans les Pyrénées-Orientales. Le groupe Elsan justifie aussi la grève par un soutien à son personnel médical. « Le ministre ne donne pas les mêmes moyens pour les salariés du privé que pour ceux du public. Cette manifestation, c’est aussi pour donner des moyens de revaloriser les infirmières, les administratifs, les médecins, les pharmaciens… » À titre de comparaison, une infirmière de nuit ayant 10 ans d’ancienneté perçoit un salaire 36% plus élevé dans le public. « Avec 0,3%, nous n’aurons aucune possibilité d’augmenter les salaires, alors qu’en face, avec un même diplôme, il y a un écart colossal », accuse Pascal Delubac.

Pour l’heure, le groupe Elsan a déjà commencé à ralentir ses remontées d’informations vers l’administration. Le boycott des réunions régionales a lui aussi commencé, avec une politique de la chaise vide à 90%.

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Célia Lespinasse