Article mis à jour le 25 février 2025 à 20:29
Ce 25 février 2025, plus d’une trentaine d’agents des forces de l’ordre étaient mobilisés pour contrôler des trains en gare de Perpignan.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a dévoilé vendredi 21 février dernier le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ). Les Pyrénées-Orientales font partie de ce dispositif national qui s’articule autour de trois grands axes.
Pour concrétiser la volonté du ministre de l’Intérieur, les services de sécurité des Pyrénées-Orientales organisaient ce 25 février une vaste opération de sécurisation de la gare de Perpignan et de ses abords. Objectif du déploiement d’une trentaine de fonctionnaires de la police aux frontières locales ou nationales : lutter tous azimuts contre l’immigration irrégulière, le terrorisme, le trafic de stupéfiants, et contre toutes les formes de criminalité de façon générale.
Ne serait-ce qu’une opération de communication des services du ministère de l’Intérieur ? Le secrétaire général de la préfecture, Bruno Berthet, rétorque que « c’est un rappel de nos missions essentielles qui sont d’assurer la sécurité au quotidien ; et pas juste de réprimer ou d’arrêter, mais aussi d’avoir une présence pour éviter les infractions. » Selon le sous-préfet, le plan d’action n’est pas juste « une opération coup de poing », il est prévu de le déployer sur la durée.
Trafic de stupéfiants, amendes forfaitaires, nombre de FSI…
Ce plan d’action intervient suite à un travail « inédit » réalisé sous l’autorité de chaque préfet, pour dresser « une cartographie précise et complète de la délinquance, dans chaque département ». Ce dispositif permettra à « des actions ciblées d’être lancées », déclare Bruno Retailleau.
« Des actions ciblées [qui sont] pensées et menées pour lutter plus efficacement contre cette délinquance qui empoisonne la vie des Français », ajoute le ministre de l’Intérieur.
Le premier axe de ce PADRSQ se concentre sur une dissuasion renforcée avec des forces de sécurité intérieures (FSI) plus présentes, réparties sur quatre des dix priorités présentées par Bruno Retailleau. Parmi elles, le démantèlement des points de deal avec un renforcement de la coordination entre les services et le recours à des renforts extérieurs.
Une priorité qui n’est pas traitée de la bonne façon selon François Molins, ancien procureur général. « Si on veut identifier des commanditaires et identifier les avoirs, ce n’est certainement pas avec des opérations « Place nette » qu’on va y arriver », déclarait-il lors d’une conférence à l’université de Perpignan en clin d’oeil aux opérations menées par les forces de l’ordre fin 2023.
Pour rappel, les autorités des Pyrénées-Orientales ont saisi environ 17 tonnes de cannabis et 495 kilos de cocaïne au cours de l’année 2024. « La présence de cocaïne ne cesse de se développer alors qu’elle était d’un bilan annuel de 15 kilos », déplorait, Jean-David Cavaillé, procureur de la République lors de la rentrée solennelle au tribunal de Perpignan.
750 amendes forfaitaires en 2024
Deuxième priorité : Le ministre de l’Intérieur veut accroître les amendes forfaitaires délictuelles. « Punir, entre autres, les auteurs de vols de biens dont la valeur est inférieure à 300 euros, les incivilités, l’insécurité routière, les occupations de communs et les ventes à la sauvette », explique-t-il. Un total de 750 amendes forfaitaires a été distribué en 2024 par les FSI.
En troisième position, le ministre de l’Intérieur veut renforcer la présence d’agents de sécurité intérieure. « Ils coordonneront leur présence et actions avec les polices municipales, dans une démarche de complémentarité », détaille Bruno Retailleau. Une priorité jugée importante par 37,75% des maires du département.
Enfin, en quatrième place de ce premier axe du PADRSQ : Développer les conventionnements et la promotion des dispositifs de vigilance avec les collectivités territoriales. Selon le ministre de l’Intérieur, de tels outils permettraient « d’associer les collectivités territoriales à la sécurité du quotidien par des dispositifs innovants ».
« Dix fermetures administratives sont déjà en cours dans les Pyrénées-Orientales »
Le deuxième axe du Plan, intitulé « Renforcement de la pression administrative et des gains d’efficience dans l’articulation des outils juridiques », contient trois priorités. Le ministre de l’Intérieur y indique vouloir moderniser et étendre le Comité départemental opérationnel anti-fraude (CODAF). Les contrôles CODAF, réalisés par plusieurs services (fisc, douanes, travail, sécurité, organismes sociaux…), cibleront les quartiers prioritaires.
« Ils se concentreront sur l’économie souterraine, l’emploi de main-d’œuvre étrangère et les escroqueries modernes », explique Bruno Retailleau. Une programmation stratégique sera définie au début de l’année, alignée avec les objectifs du Plan.
On retrouve aussi une « montée en puissance de la Cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) ». Une priorité mise en avant pour renforcer les forces de sécurité intérieures, « qui a vocation à collecter, trier, enrichir, puis rediffuser toutes les informations ou signalements relatifs à des trafics de stupéfiants », indique le ministre de l’Intérieur.
Puis, la préfecture prononcera des mesures de fermeture administrative plus longues. « Dix sont déjà en cours, après 30 fermetures l’année dernière », souligne Bruno Retailleau. L’information sera partagée aux administrations fiscales et sociales, de manière à assécher les sources de financement de ces trafics.
Lancement d’un baromètre public de la délinquance
Le troisième et dernier axe, découpé en trois priorités, propose un compte rendu aux Français et aux Françaises via une communication renforcée. La première action vise à lancer un baromètre public de la délinquance. « Afin de rendre compte de l’activité des services, la préfecture et le ministère de la Justice publieront chaque trimestre un baromètre public de la délinquance », confie Bruno Retailleau.
Les forces de sécurité intérieure « systématiseront l’envoi de statistiques de sécurité et de présence sur voie publique aux élus locaux. Elles organiseront aussi des réunions d’information sur le terrain sur une base régulière de manière à informer les maires de l’activité des services de l’État », souligne le ministre de l’Intérieur.
Enfin, la dernière priorité concerne les personnes vulnérables. Les forces de sécurité intérieure organiseront des réunions publiques avec « la population vulnérable (personnes âgées, femmes et mineurs) » au sujet des escroqueries, des risques sur internet, de l’utilisation saine des réseaux sociaux et des addictions, afin de lutter préventivement contre les comportements déviants.
Une délinquance « structurellement élevée »
Une série de priorités qui s’appliqueront à notre département, qui se caractérise par une délinquance « structurellement élevée ». En effet, plusieurs facteurs entrent en jeu. Par exemple, son caractère frontalier avec l’Espagne qui en fait un « carrefour important pour le trafic de stupéfiants ». En effet, « 60% des produits stupéfiants en provenance d’Espagne sont interceptés dans les Pyrénées-Orientales », affirmait le procureur général de Perpignan lors de la rentrée solennelle.
Ensuite, les difficultés économiques et sociales, avec un taux de chômage de 12,4 % et un taux de pauvreté de 21,2 %, soit le deuxième plus élevé en France. Et enfin, l’afflux de touristes lors de la saison estivale avec une population qui triple en très peu de temps. Un dernier facteur qui soulève « des défis majeurs en termes de sécurité ».
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