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Réserve naturelle de Jujols : Un raton laveur filmé en train de se laver les mains dans une flaque

Un raton laveur dans la réserve naturelle des Pyrénées Catalanes

Article mis à jour le 4 octobre 2025 à 13:23

C’est une information qui inquiète les naturalistes : le 22 août 2025, un raton laveur a été filmé par une caméra automatique dans la Réserve naturelle nationale de Jujols, en Conflent.

Outre sa propension à se frotter les mains à l’eau, l’animal reconnaissable à son masque facial noir et à sa queue annelée, a également été photographié le 17 mai dernier à Mosset dans les Pyrénées-Orientales. Sa présence pourrait annoncer l’installation d’une nouvelle espèce invasive dans le département. Photo © fr0ggy5 via Unsplash.

Le raton laveur est une espèce exotique envahissante

C’est au cœur d’une nuit de fin août, dans le calme de la réserve naturelle de Jujols, que la caméra d’un dispositif de surveillance de la faune a filmé un spécimen de raton laveur. Les responsables de la réserve ont diffusé l’information sur leurs réseaux sociaux avec le commentaire « ce n’est pas une bonne nouvelle ! ». En effet, comme le précise Aude Schreiber, conservatrice de la réserve naturelle, « le raton laveur est une espèce exotique envahissante. Et il est classé nuisible en France métropolitaine. Il faut comprendre que ces espèces exotiques envahissantes sont l’une des cinq causes d’érosion de la biodiversité. »

En clair, et malgré son aspect sympathique, le raton laveur menace les espèces locales. La spécialiste précise que le raton laveur est omnivore, il mange de tout : des œufs d’oiseaux qui nichent au sol, jusqu’aux animaux qui vivent dans les cours d’eau. Aude Schreiber cite l’exemple du Calotriton des Pyrénées, un amphibien très rare observé en bordure de la réserve naturelle.

Aude Schreiber nous précise qu’en regardant de plus près la vidéo issue du piège photographique, on distingue clairement un animal adulte se laver les mains dans une flaque d’eau. « Le raton laveur porte ce nom parce qu’il aime bien se laver les mains dans les ruisseaux, et c’est typiquement ce qu’il fait dans la vidéo. »

Un appel à témoin lancé pour documenter la présence le raton laveur dans les Pyrénées-Orientales 

Quelques jours après cette découverte, les responsables de la réserve ont lancé un appel sur leurs réseaux sociaux. Il s’agit de tenter de comprendre s’il existe d’autres individus. Car l’observation du 22 août dernier n’est pas la première. En effet, au mois de juillet 2025, un raton laveur a également été vu à Mosset, également en Conflent. Est-ce le même individu ou un autre ? Pour le moment aucune certitude n’est possible selon Aude Schreiber. Et l’appel à témoin n’a pas encore révélé de nouvelles observations.

Si plusieurs témoins se sont manifestés, il est fort probable qu’ils aient été en présence d’une Genette commune qui a le même type de queue annelée, mais le corps moucheté, ou peut-être le blaireau d’Europe qui lui a le corps gris, mais la queue striée. « Tout le monde n’a pas la même niveau de reconnaissance. Sur la totalité des témoignages, seulement un ou deux sont cohérents », précise la conservatrice.

Comment le raton laveur américain est arrivé en Europe ? 

Selon une étude publiée par le Centre de ressources exotiques envahissantes, le raton laveur a été introduit en Europe au début du XXe siècle. L’espèce (Procyon lotor), originaire d’Amérique du Nord, s’est progressivement établie en France, où trois noyaux de population ont été identifiés. Le premier, dans le Grand Est, provient à la fois de mascottes militaires américaines basées à Laon-Couvron et de populations issues de Belgique et d’Allemagne.

Le second, dans le Massif central, est apparu dans les années 1990 en Auvergne. Enfin, la population de Gironde semble issue d’animaux échappés de parcs zoologiques, et connaît depuis une décennie une forte expansion. Opportuniste, sans prédateur naturel en France, le raton laveur est désormais en phase d’expansion rapide sur le territoire métropolitain.

Les hypothèses se multiplient sur le raton laveur observé dans les Pyrénées-Orientales. L’animal observé dans la réserve est-il tout seul ? Est-il installé ou seulement de passage ? Aucune information ne permet pour l’instant de répondre à ces questions, mais les équipes de la réserve sont en alerte pour s’efforcent d’en savoir plus.

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