Article mis à jour le 21 décembre 2024 à 14:18
Ce mardi 13 août 2024, avant son départ vers de nouvelles missions, le colonel de gendarmerie Goudard n’était pas peu fier de nous présenter la dernière évolution du gendarme, « le nomade ». Il ne s’agit pas de Pokémon qui auraient évolué, mais bien d’une nouvelle brigade de gendarmerie mobile qui a pour vocation « d’aller vers » les habitants du Vallespir. Objectif : rapprocher les forces de l’ordre de la population et lutter contre le sentiment d’être loin de tout service public.
Pour rappel selon le Credoc*, en 2017, un Français sur trois s’estimait délaissé par les services publics. Ainsi, si la gendarmerie se fait mobile, la mairie, elle, devient le point névralgique des services publics. Ce matin d’août, la mairie de Montferrer est en pleine effervescence. Aux côtés du panneau agence postale et de celui des horaires d’ouverture de la bibliothèque, trône la pancarte « La gendarmerie vous accueille ». Face à la presse, le préfet des Pyrénées-Orientales, Thierry Bonnier, a présenté le dispositif de la toute nouvelle brigade mobile du Vallespir.
Plus de terrain et moins de paperasse pour ces gendarmes mobiles
Annoncées fin 2023 par le ministère de l’Intérieur, ces gendarmeries d’un nouveau type ont vocation à faire sortir les gendarmes des bureaux, et à les rendre plus visibles, y compris dans les territoires à faible densité de population et/ou enclavés. « Il faut plus de présence, plus de contact avec la population et une plus grande visibilité des forces de l’ordre », affirme le colonel Goudard.
Ainsi, les six nouveaux agents sous le commandement de l’adjudant-chef Gunther Creutzer seront chargés de couvrir l’ensemble des 19 communes du Vallespir. Selon le gradé, il s’agit de mener à bien « des missions de contact, de prévention de la délinquance, de recherche du renseignement, y compris dans les lieux isolés. » Et pour une plus grande efficacité, ces gendarmes seront déchargés des procédures judiciaires.
Quel dispositif pour la brigade de gendarmerie du Vallespir ?
Le Vallespir compte déjà plusieurs gendarmeries, mais les maires des communes d’Arles-sur-Tech, de Montferrer ainsi que le président de la communauté de communes du Haut-Vallespir se souviennent de plusieurs centres qui ont fermé ces dernières années.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces nouvelles gendarmeries mobiles répondent à un nouveau besoin et au bond réalisé en termes de technologies mobiles. En effet, les nouveaux équipements permettent à ces gendarmes d’un nouveau type de fournir le même travail avec un moindre investissement et notamment en locaux. Selon l’adjudant-chef Creutzer, les 19 communes du Vallespir, ont déjà mis à disposition des locaux pour accueillir la brigade pour leurs missions ponctuelles et pour y tenir les permanences hebdomadaires.
Si le dispositif n’est pas totalement calé et notamment au niveau des rotations sur les communes, ce 13 août, trois gendarmes étaient à Montferrer, installés dans les locaux de la mairie. La petite pièce qui sert aussi de bibliothèque permet de recevoir les personnes qui auraient besoin de parler aux forces de l’ordre ou de déposer plainte.
À quand le camping-car tout équipé aux couleurs de la gendarmerie ?
Munis de leur NeoGend, et de gadgets dignes de James Bond, nos gendarmes sont en capacité de travailler depuis tous les points du département. De chez l’habitant, à la place du marché, les militaires pourront accéder à tous leurs fichiers, y compris sans couverture 5G. L’objectif des gendarmes mobiles est avant tout de renforcer l’ancrage territorial et son lien avec la population.
« Tous les logiciels dont nous avons besoin pour faire des recherches sont intégrés à nos équipements », assure l’adjudant-chef Creutzer, qui brandit son NeoGend. Ces téléphones portables permettent notamment aux gendarmes d’effectuer des contrôles. Les forces de l’ordre ont ainsi accès au fichier des personnes recherchées ou encore des véhicules volés, directement sur leurs smartphones.
Dans un futur proche, les gendarmes mobiles de la brigade d’Arles-sur-Tech interviendront directement chez l’habitant. « Être mobile, c’est aussi être équipé de ces ordinateurs que l’on appelle les « Ubiquity » », désigne l’adjudant-chef. Ce système de poste informatique permet de prendre des plaintes de n’importe où, en toute sécurité. Chez l’habitant, en mairie, dans les hôpitaux ou en maison de retraite, les gendarmes sont ainsi capables d’aller à la rencontre de la population ne pouvant pas forcément se déplacer. Le gendarme cite l’exemple récent de Corsavy, où les militaires ont recueilli plus d’une vingtaine de plaintes pour dégradation de véhicules.
Enfin, la création d’un camping-car aménagé est aussi dans les tuyaux. À son bord, les militaires pourraient accueillir des victimes ou enregistrer une plainte aux quatre coins du territoire.
La seconde brigade mobile attendue début 2025 pour la Cerdagne
Après celle du Vallespir, la seconde brigade mobile annoncée est celle d’Entveig, à Latour-de-Carol, indique le préfet Thierry Bonnier. Pour choisir où allaient être implantées ces nouvelles brigades, les services du Ministère de l’Intérieur se sont basés sur différents critères à la fois « démographiques, économiques et sociaux ». Ils ont également croisé les chiffres de la délinquance pour délimiter des zones parfois isolées qui pourraient bénéficier de l’arrivée de nouveaux militaires.
Les préfets ont aussi été mandatés pour recueillir les souhaits de la population et mener des concertations locales. Ces nouvelles équipes de gendarmes devront travailler en lien avec les brigades déjà existantes. Le Ministre de l’Intérieur avait dévoilé un budget de 15 milliards d’euros pour l’ensemble des nouvelles gendarmeries fixes ou « nouvelle génération ».
*Credoc : Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie
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