Article mis à jour le 17 janvier 2025 à 17:14
C’était une demande de longue date des associations. Depuis janvier 2025, une nouvelle étape est franchie dans la prise en charge des victimes de violences conjugales, intrafamiliales et sexuelles dans les Pyrénées-Orientales.
Grâce à une convention signée entre le tribunal, les forces de l’ordre, les associations et le personnel médical, les plaintes peuvent désormais être recueillies directement à l’hôpital. Ce dispositif, inauguré le 24 janvier à l’hôpital de Perpignan, vise à simplifier les démarches pour les victimes.
Une plainte simplifiée pour une prise en charge immédiate
Lorsqu’une victime arrive à l’hôpital, le traumatisme est souvent à vif. La possibilité de porter plainte directement à l’hôpital constitue une évolution certaine dans sa prise en charge. Comme le souligne Nora Benyakoub, assistante de la cellule des violences intrafamiliales, « avant, il fallait multiplier les démarches : se rendre au commissariat, puis à l’hôpital pour des prélèvements médicaux, et enfin contacter une association pour un soutien psychologique ». Cette plainte simplifiée permet à la victime « d’avoir les trois volets, médical, juridique et associatif, à son chevet », insiste Nora.
La procédure inclut également des prélèvements médicaux essentiels pour les victimes de violences sexuelles, même si celles-ci hésitent initialement à porter plainte. Ces prélèvements, ainsi que les preuves matérielles comme les vêtements, peuvent être conservés en attendant une éventuelle décision de la victime.
Un dispositif né du Grenelle des violences conjugales de 2019
Cette avancée est le fruit du Grenelle des violences conjugales de 2019. Édouard Philippe, Premier ministre en 2019, avait plaidé pour une généralisation de la plainte simplifiée dans les établissements de soins. Quand une femme se rend aux urgences pour coups et blessures, c’est déjà suffisamment pénible. Si elle doit retourner chez elle avant de porter plainte, elle retrouvera son conjoint qui risque de la menacer
.
Plus de cinq ans plus tard après cette première déclaration du gouvernement, la mesure se concrétise enfin dans les Pyrénées-Orientales. Selon Nora Benyakoub, ce dispositif est né des retours d’expérience de terrain.
Cette plainte simplifiée est ouverte à toutes les victimes, sans distinction de genre ou d’orientation sexuelle. « Il est crucial de ne pas limiter ce service aux femmes, car les hommes et les personnes LGBTQ+ sont également touchés par ces violences », précise la spécialiste des violences intrafamiliales du tribunal de Perpignan.
Les chiffres des violences intrafamiliales dans les Pyrénées-Orientales
Ce 17 janvier, le ministre de l’Intérieur a publié les données sur les violences intrafamillaes, hors violences conjugales enregistrées par les forces de l’ordre en 2023. Le département affiche 2,4 victimes mineures de violences physiques intrafamiliales non conjugales pour 1000 habitants. Quant aux violences sexuelles sur mineur, là aussi le département affiche un nombre de victimes mineures bien inférieur à la moyenne nationale. À titre de comparaison, pour les violences physiques intrafamiliales non conjugales, les taux départementaux pour les victimes mineures varient d’un maximum de 5,3 ‰ dans le Pas-de-Calais à un minimum de 1,1 ‰ à Mayotte.
En novembre 2024, le service statistique du ministère de l’Intérieur rendait publics les chiffres des violences conjugales par département. Et dans les Pyrénées-Orientales, le nombre de femmes victimes est en hausse de 5,9 % par rapport à l’année précédente. Avec 12,5 victimes pour 1 000 habitantes entre 15 et 64 ans, le département se place toujours dans le top 10 de France métropolitaine.
- Dans les Pyrénées-Orientales, les victimes de violences conjugales peuvent enfin porter plainte à l’hôpital - 17 janvier 2025
- Vote au Conseil municipal : L’ancien adjoint à la propreté de Perpignan a-t-il rejoint l’opposition ? - 15 janvier 2025
- Pyrénées-Orientales, Pays Catalan… les habitants devront attendre pour voter - 13 janvier 2025