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Depuis 30 ans, Emmaüs Catalogne, un cercle vertueux de solidarité 

EMMAUS CATALOGNE

Alors que la canicule de l’été 2024 s’installe doucement mais sûrement, sous les tunnels, compagnons et bénévoles s’affairent pour achalander les rayons. Dès le lendemain, les amateurs de bonnes affaires se presseront pour découvrir les équipements en tout genre et les vêtements de seconde main sélectionnés par les équipes de la communauté d’Emmaüs Catalogne.

Ce 30 juillet 2024, le préfet Thierry Bonnier et Nathalie Vitrat, sous-préfète en charge de l’égalité des chances, ont visité la communauté Emmaüs des Pyrénées-Orientales. Les deux membres du corps préfectoral des Pyrénées-Orientales avaient à cœur de rencontrer ceux qui par leurs actions quotidiennes participent à la solidarité dans le département.

La communauté d’Emmaüs fondée à Pollestres en 1994

Fondée à l’origine par l’abbé Pierre*, la communauté et son modèle d’économie circulaire permettent toujours d’aider, un demi-siècle plus tard, les plus démunis. En 2023, près d’une centaine de personnes ont trouvé refuge chez Emmaüs. Parfois pour de longs séjours, ils deviennent alors des compagnes ou des compagnons. Parfois pour quelques jours, ce sont des passagers ou des passagères. Mais ici, insiste la présidente Claude Carrère « c’est pour une nuit ou pour une vie. »

Les responsables d’Emmaüs échangent avec le corps préfectoral.

Au détour d’une allée, Pierre-Jean Lecler remet en état un objet avant la mise en rayon. Le sexagénaire fait partie des fondateurs de la communauté Emmaüs de Pollestres. Lors de ses visites, l’ancien médecin avait repéré ce mas à la vente. Ouvert en 1994 grâce à quatre compagnons et un salarié, le lieu compte 35 hommes, femmes et enfants en 2024. Pierre-Jean, bénévole depuis toujours, est heureux d’avoir contribué à la création de ce lieu qui a accueilli plus de 1.700 compagnes et compagnons depuis 30 ans.

« C’est une très très belle histoire qui marche sur le plan écologique, social, financier, et humain. C’est le seul modèle alternatif qui existe. La générosité est une belle idée, mais nous, nous demandons aux gens que nous aidons de nous aider aussi. »

Emmaüs Catalogne s’autofinance à 100%

Catherine Gautier, co-responsable d’Emmaüs Pollestres, n’est pas peu fière de présenter le bilan financier de l’association. « Nous nous autofinançons à 100%. Et sans subvention », ajoute-t-elle. En effet, si l’abbé Pierre a co-fondé la première communauté Emmaüs en 1947, le modèle économique est né en 1952 avec les premiers chiffonniers. Aujourd’hui, surconsommation oblige, Emmaüs récupère meubles, électroménagers, outils, et beaucoup de vêtements. En 2023, la valorisation de ces produits de consommation délaissés a permis de collecter plus d’un million d’euros. Cette somme aura assuré le gîte et le couvert pour 53 compagnons et 42 passagers l’année dernière.

EMMAUS CATALOGNE

En ce moment, des hommes, des femmes, mais aussi des familles résident à Emmaüs Pollestres, dont cinq enfants sont scolarisés au sein de la commune. Au-delà de l’accueil permanent, la communauté a également une chambre dite « passager ». Un lieu proposé aux personnes souhaitant se poser au maximum une semaine. En contrepartie de cette solidarité, les compagnes et compagnons participent à la vie de la communauté. « Il y a un contrat moral », insistent en chœur les responsables de l’association.

Quand la mode de la seconde main impacte les dons

Si jusque-là les consommateurs avaient le réflexe de donner leurs vêtements en bon état à Emmaüs, les applications de revente entre particuliers a un peu tari la ressource. Claudie Carrère déplore que les vêtements apportés soient désormais de moins bonne qualité qu’avant. Pourtant, le rayon enfant déborde. De la naissance à l’adolescence, bodies, robes et pantalons s’amoncellent pour habiller petits et grands.

Pour illustrer le propos de la présidente, Catherine confie : « Quand les compagnons sont appelés pour aller récupérer un bien chez des gens, il y a des piles de choses avec des étiquettes. Ici pour LeBoncoin, là pour Vinted, et là pour Emmaüs. Et je peux vous assurer que ce qui reste pour nous, ce n’est pas forcément le premier choix. »

EMMAUS CATALOGNE

Et attention insiste la responsable, Emmaüs n’est pas une poubelle. Bien au contraire, ici on revalorise, on trie, et on vend des produits en parfait état. Les déchets ultimes de la communauté sont un gros point noir. « Ce qu’on ne peut recycler ou revendre, on le met à la poubelle. » En 2023, ce sont 42.000 euros facturés que l’association aurait pu utiliser pour autre chose, s’insurge celle qui tient les cordons de la bourse.

100% de réussite d’insertion pour les familles après leur régularisation

Appartenir à la communauté, c’est comme intégrer une famille. En plus du gîte et du couvert, devenir compagnon est aussi synonyme d’un soutien pour les formations, les démarches administratives ou médicales. « Il y a un véritable processus d’insertion sociale », insiste Delphine Peronnet. La co-responsable d’Emmaüs précise que les plus belles réussites d’insertion sont celles des familles sans papiers. « Dès qu’ils sont régularisés, ils trouvent un travail, un appartement. »

Pour appuyer le propos, Catherine cite quelques exemples. Yohan a repris une propriété agricole, Wallid l’Afghan est devenu chef de projet chez Sotranasa et gère les implantations de fermes solaires. Quant à Bella, sortie de la communauté, elle est revenue aider en tant que bénévole.

Parmi les enfants, Melissa semble intimidée par la délégation d’adultes. C’est donc Delphine qui se fait porte-parole de la fillette qui se cache derrière les jambes de sa maman. « C’est lui le monsieur qui va nous amener nos papiers ? » Attendri, le préfet lui répond, « on va regarder tout ça ».

*Concernant, les accusations portées par plusieurs femmes à l’encontre de l’abbé Pierre, Delphine nous confirme que le « trépied », composé de représentants des compagnons, des salariés et des bénévoles a voté à l’unanimité pour désolidariser l’homme de l’œuvre qu’il a créée.

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Maïté Torres