Article mis à jour le 15 mars 2025 à 10:55
Bergers australiens, bouledogues, beagles, border terriers… Durant le week-end du 15 au 16 mars 2025, le Parc des expositions de Perpignan sera rempli de ces animaux à quatre pattes pour le Salon du chiot. Mais pour l’association S.E.P.A et Marina, propriétaire d’un refuge, ce salon n’est pas le meilleur endroit pour le bien-être animal. Photo d’illustration Unsplash © Berkay Gumustekin.
Comme tous les ans, le Parc des expositions de Perpignan accueillera nos chers amis à quatre pattes. Des chiots de différentes races ainsi que quelques chats seront présentés au grand public. Une occasion pour certains de découvrir le monde canin et pour d’autres, de repartir avec un nouvel animal de compagnie. Mais, cet événement ne fait pas l’unanimité. Le bien-être des animaux exposés durant deux jours est remis en cause par le Parti animaliste ainsi que certains professionnels du secteur.
« Les méthodes sont douteuses », dénonce Marina, fondatrice de l’association « Marina un refuge pour Céret ». Cette dernière fait partie de ceux qui dénoncent les conditions de vie des animaux lors des salons ; un constat partagé par le Parti animaliste. « Pour nous, c’est une aberration », déclare Hugo Bidault, membre du parti. Dans le viseur de ces défenseurs de la cause animale : les abandons consécutifs au Salon. L’association S.E.P.A, dont Hugo Bidault est également le responsable des enquêtes, organise un rassemblement samedi contre la tenue de ce Salon. Cette mobilisation qui se déroulera aux portes de l’événement.
Une vague d’abandons après les Salons du chiot
Marina le déplore, après chaque Salon du chiot, la militante constate une vague d’abandons. C’est d’ailleurs une observation faite également par l’association Argos 42. Selon leur sondage, 47,7 % des chiots vendus dans ces salons sont abandonnés ou maltraités. Le problème étant que les refuges sont déjà pleins et l’adoption est à la peine, notamment pour les chiens. En 2024, le nombre d’adoption de canidés a diminué de 6,4 % selon la SPA.
« Tous les refuges du département sont pleins à cause de gens qui abandonnent pour n’importe quel prétexte leur animal », s’exaspère Marina. Un sentiment de colère partagé par Hugo Bidault : « quand on voit les associations qui sont pleines, qui ont des animaux de toute sorte, on se dit que c’est une aberration ».
Le post-Salon du chiot va être un nouveau coup de massue. « Peut-être pas tout de suite parce que c’est mignon un chiot, mais quand il va commencer à faire des bêtises, il va finir dans les refuges. » Marina le rappelle, avoir un animal de compagnie est une grosse responsabilité.
L’organisateur du Salon du chiot à Perpignan, Bernard Moreau, conteste les chiffres avancés par l’Argos 42. Selon lui, les chiens proviennent de particuliers qui les ont achetés à d’autres avant eux.
« Quelqu’un qui achète un chien à 1 500, 1 800 euros n’a pas envie de l’abandonner à la SPA », ajoute-t-il. Pour l’organisateur, les abandons restent rares. Et même dans ce cas, ils n’engorgeraient pas les refuges « puisqu’ils sont gérés en interne entre l’éleveur qui a vendu le chien et l’acquéreur ». En cas de rétractation ou de problèmes de santé de l’animal, certains adoptants choisissent de rendre le chien directement à l’éleveur.
Un achat parfois impulsif
La colère de certains vient d’un constat que pendant ces événements, l’adoption d’animaux est souvent un geste impulsif. « C’est comme un marchand de fruits et légumes qui va sur le marché. Il faut qu’à la fin, il n’y ait plus rien », déplore Hugo Bidault. Marina a recueilli plusieurs témoignages de personnes ayant fait l’adoption d’un animal dans ces fameux Salons. « L’année dernière, par exemple, il y avait une dame qui avait acheté un berger australien. Elle avait 75 ans. » Cette personne a confié à Marina que le chien, une fois adulte, était devenu trop « speed » pour elle.
Ce n’est pas la seule personne qui est venue chercher de l’aide auprès du refuge de Marina. Une autre dame lui a raconté être également tombée dans « le piège » des éleveurs. « Elle me dit : ‘Marina, tu comprends, on me l’a mis dans les bras une fois, deux fois, trois fois’. Elle a cédé et a acheté le chien ». Une autre s’est acheté un bouledogue anglais de sept mois. Mais arrivé au sein du foyer, il s’est avéré que le chien n’était pas fait pour vivre au contact des enfants. « Elle m’a appelée en catastrophe parce que le chien ne connaissait pas la vie de famille », se souvient Marina.
Pour elle, ces témoignages illustrent le fonctionnement des éleveurs présents sur le Salon du chiot. « Eux, ils font leur fric. C’est simple, c’est du business. Ils incitent les personnes à acheter des animaux ». Mais cette pratique n’est pas sans conséquences, Marina le regrette, « chaque année, on a des soucis ».
Les limites du certificat d’engagement et de connaissance
Des retombées négatives qui devraient pourtant être limitées par le certificat d’engagement et de connaissance. Depuis le 1er octobre 2022, les éleveurs doivent faire signer ce certificat aux potentiels adoptants. Ces derniers doivent attendre sept jours avant de récupérer l’animal. Ce délai de réflexion est censé éviter les adoptions coup de cœur et in fine les abandons. Cependant, selon Marina, « certains éleveurs donnent directement le chien et antidatent les certificats ». Une pratique illégale pour l’éleveur qui risque une amende de 450 euros.
« C’est fortement déconseillé car c’est une infraction à la loi, rappelle Bernard Moreau, organisateur du Salon du chiot à Perpignan. Seulement voilà, parfois, le particulier peut récupérer l’animal sans certificat. Et ainsi contourner la réglementation. « Le futur acquéreur peut dater le document du jour pour avoir un délai de réflexion supplémentaire », affirme Bernard Moreau. Ainsi, si l’acheteur ne souhaite pas conserver l’animal, il peut le rendre à l’éleveur.
Interrogé, Frédéric Guillaumon, adjoint à la mairie de Perpignan déclare que « ce salon est en accord avec la réglementation. Il est conforme aux normes en vigueur, conforme à la loi. D’année en année, on contrôle la bonne tenue, les exposants, les labels, les normes ». Avant d’ajouter : « Les visiteurs sont libres d’y aller ou de ne pas y aller. »
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