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Près de Perpignan, ces chiens dressés pour flairer les fuites d’eau souterraines

Pyrénées-Orientales, ces chiens sont dressés à détecter les fuites d'eau

Article mis à jour le 21 décembre 2024 à 13:57

Dans les Pyrénées-Orientales, 14 communes affichent un taux de fuite supérieur à 50%. Ce vendredi 26 avril 2024, la filiale Eau Agglo de Perpignan Méditerranée a présenté une nouvelle technique « infaillible » pour pister les fuites sur le réseau d’eau potable. La commune de Sainte-Marie-la-Mer a fait appel à la brigade canine Kyroc, spécialisée dans ce type de recherches.

Elles ont un flair sans faille. La berger belge malinoise, Kyrie, la beagle Shanky ou Taïky, une chien-berger aux yeux vairons ont été dressées à pré-localiser les fuites grâce à l’odeur du chlore, présent dans l’eau potable. « Les chiens sont entraînés à sa détection, ils savent marquer l’endroit précis où l’eau s’écoule, » affirme Éric de Saint Martin, directeur de territoire chez Véolia France. « L’utilisation de ces animaux pour la détection des fuites chlorées permet de gagner en rapidité d’intervention. Une solution efficace lorsque la recherche de fuite est complexe, notamment lorsque les technologies acoustiques habituelles ont leurs limites, ou dans des zones difficiles d’accès. »

La recherche de fuites, un enjeu majeur pour préserver la ressource

« À Sainte-Marie, nous sommes sur des sols principalement faits de sable. Lorsqu’il y a une fuite, nous ne la voyons pas immédiatement car l’eau pénètre dans le sol. Cette nouvelle technologie va nous permettre d’être beaucoup plus performants », se réjouit Edmond Jorda, maire de la commune.

Dans tout l’hexagone, il n’existe que deux sociétés spécialisées dans la recherche canine de fuites d’eau. Aujourd’hui à la tête de Kyroc, Nathalie Delon a été cyno-technicienne dans l’armée de terre pendant 26 ans. « Nous sommes l’une des deux seules brigades en France à pratiquer cette activité. » Avec son collègue Francois Bourdeau, Nathalie voyage partout dans l’hexagone.

« Ce sont les collectivités qui fixent leurs besoins. Dans un secteur rural, les points d’écoute sont quasi inexistants, donc la recherche acoustique traditionnelle est difficile. C’est dans ce cas précis, que le chien va être utilisé, pour aller là où le chercheur de fuite peut difficilement intervenir. » Les chiens de la cyno-technicienne doivent pré-localiser la zone de la fuite, les chercheurs resserrent ensuite le dispositif pour trouver sa localisation exacte.

Des chiens dénicheurs de fuites d’eau dans les Pyrénées-Orientales

Au quotidien, Nathalie se calque sur le temps de concentration de ses chiens, qu’elle estime à environ 20 minutes par séquence. « Certains animaux sont plus à l’aise que d’autres selon les milieux. Sur les bords de route par exemple, je prends beaucoup Kyrie, elle est très rectiligne dans son travail et ne va pas prendre le risque de s’écarter. » Pour former un chien à la détection des fuites, il faut compter une année.

« Il faut d’abord que le chien assimile l’odeur du chlore. Ensuite, on leur apprend à repérer les fuites sur le terrain, c’est une formation relativement longue et compliquée », prévient la dresseuse. Nathalie a déjà eu des retours positifs sur des fuites immergées à plus de trois mètres de profondeur. Un résultat impressionnant. Rassurez-vous, cette pratique n’impacte pas les naseaux du chien, le taux de chlore présent dans l’eau ne représente aucun danger.

« Tant que le chien a la motivation de chercher, il peut continuer. Physiquement, il n’y a pas de traumatisme pour lui, pas de saut, pas d’impact, ce n’est que de la marche. Ce qu’il faut éviter, c’est la lassitude. » Le but est aussi de donner une seconde chance à certains animaux. En effet, trois chiens de la brigade canine ont été abandonnés par leurs maîtres. « Ce sont des chiens qui vivent à la maison avec nous », sourit Nathalie.

« Un travail d’équipe » mené par le chien et le chercheur

Nathalie et ses chiens commencent leur journée aux aurores, en effet, les fortes chaleurs peuvent détruire le chlore. Si l’odeur n’arrive pas à remonter à la surface, aucune détection n’est possible. Ce vendredi, c’est Taïky, qui est mise à contribution. Nathalie et sa chienne arpentent les rues de la station balnéaire à la recherche de fuites. Une seule goutte d’eau suffit à faire réagir la chienne, qui flaire chaque bouche à clé avec le plus grand intérêt. En cas de marquage, la malinoise tire sur sa laisse et gratte le sol. Rien ne semble la perturber, pas même les aboiements des chiens du quartier.

« Lorsqu’elle détecte une odeur, c’est à nous d’observer. On réoriente le chien en fonction de son changement de réaction. C’est un travail d’équipe », lance Nathalie. « Nous avons besoin d’un animal hyper joueur. On récompense le chien par le jeu. » Pour la chienne Taïky, la cyno-technicienne se munit d’une balle de tennis ou d’une friandise. « Tout est basé sur la joie de travailler ! »

Sur trois jours de recherches, Nathalie et ses chiens ont parcouru près de 15 kilomètres, d’un bout à l’autre du département. Sur la commune de Montner, six marquages ont été effectués. Entre Canet et Saint-Nazaire, trois marquages et entre Calce et Baixas, cinq marquages. « Lorsque l’on repère un dysfonctionnement au niveau des canalisations, les équipes de chercheurs de fuite acoustique sont dépêchées sur place afin de réaliser les travaux. »

Depuis le 1er janvier 2024, 600 kilomètres ont été parcourus par les agents d’Eau Agglo. Près de 314 fuites ont été découvertes et 450 ont été réparées par ces chercheurs, capables d’écouter et d’entendre les écoulements sous le bitume. Chaque année, ce sont 18 millions de m3 d’eau qui sont consommés par PMM.

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Célia Lespinasse