C’est désormais une tradition, automne rime avec grand oral du Prix Sauvy. Cette année, neuf finalistes ont dévoilé les dessous de leur start-up pour tenter de remporter une dotation de 15 000 euros, partagée entre les trois vainqueurs. Modèle économique, innovation, capacité d’évolution, valeur ajoutée pour le territoire des Pyrénées-Orientales, le jury du Prix Sauvy prime chaque année la start-up qui répond le mieux à ces critères de sélection.
Qui sera celle ou celui qui succédera à Graal santé, lauréate de la 25e édition du concours d’innovation Made In Pyrénées-Orientales ? Ce jeudi 17 octobre 2024, en direct de Canet-en-Roussillon, les entrepreneurs avaient cinq minutes pour convaincre le jury composé de professionnels du département.
L’opportunité d’élargir son réseau et de créer des liens
« Participer au Prix Alfred Sauvy, c’est avant tout se donner l’opportunité d’élargir son réseau et de créer des liens avec d’autres entrepreneurs. Cela permet aussi de gagner en visibilité et de bénéficier des précieux conseils de grandes entreprises locales », souligne Braham Henda, président du Prix Alfred Sauvy et directeur de Sterimed, à Amélie-les-Bains. La remise du prix aura lieu le 4 décembre, au Palais des Congrès de Perpignan. En plus de la dotation, les lauréats bénéficieront de l’accompagnement des membres du jury, qui mettent à disposition leur réseau.
Le bois de Marquixanes passe le grand oral du Prix Sauvy
WoodBeeWork est une entreprise spécialisée dans la conception, fabrication et installation de stands sur mesure pour des événements en France et à l’international. Forte de 25 ans d’expérience, elle réalise chaque année plus de 30 salons à travers le monde. Basée à Marquixanes, elle s’engage aussi sur des pratiques de développement durable dans ses projets.
« WoodBeeWork, c’est une équipe soudée de 14 personnes », avance l’entrepreneuse Beatrice Masselot. De la conception d’un projet vue 3D à l’acheminement des équipes de montage sur le site de production, la start-up agence des milliers de mètres carrés en quelques jours. « Nos clients sont des organisateurs de salons partout dans le monde, mais aussi de grandes enseignes connues. » L’entreprise est très présente dans les secteurs du nautisme, de l’hôtellerie de luxe, de l’informatique ou de la téléphonie. « Nous allons atteindre 3,5 millions de chiffre d’affaires en fin d’année », se félicite Beatrice Masselot.
Si elle remporte le Prix Sauvy, l’entrepreneuse souhaiterait créer un jardin potager d’entreprise. « On aime tous faire un petit peu de jardin à la maison mais c’est parfois compliqué de s’en occuper tout seul. On s’est dit qu’on allait le faire sur notre lieu de travail pour renforcer notre cohésion. C’est à la fois un moment de partage et une satisfaction de créer quelque chose ensemble et bien sûr de se régaler avec nos produits. » Si la start-up reste éligible au concours, le jury tique un peu sur ce projet jugé « hors-sujet ».
Tout en vélo à Perpignan
La coopérative spécialisée dans la cyclologistique propose des services de transport décarboné, tels que la livraison de colis, les déménagements, la collecte de déchets et l’affichage publicitaire à l’aide de vélos-cargos. Leur modèle de logistique durable permet une circulation fluide en centre-ville, tout en réduisant les nuisances pour les habitants.
À la tête de la strat-up, Félix Brun, ancien commerçant associé à Tout en Vélo et Arnaud Delcourt, porteur initial du projet. Sur leur vélo made in Caminade, ancien lauréat du prix Sauvy, les livreurs acheminent plus d’une tonne de marchandise par jour en moyenne : pain, vin, légumes, collecte de verre ou biodéchets. « Aujourd’hui, après un an d’existence, on est à un peu plus de 54 000 euros de chiffre d’affaires », se réjouissent les deux hommes.
Avec une partie de la dotation en poche, Félix Brun et Arnaud Delcourt ont pour projet d’investir dans leurs vélos conçus sur mesure et respectueux de l’environnement. Les entrepreneurs ont également besoin d’aménager leur entrepôt Perpignanais, notamment avec l’installation de chambres froides pour livrer certains restaurateurs. « Notre métier, c’est d’être agile avec nos vélos dans un centre urbain dense, où les véhicules thermiques ont vocation à être interdits et se retrouvent bloqués dans la circulation. »
Ludiconcept lance un jeu pour les professionnels
Ludiconcept est spécialisé dans la création de jeux sur mesure pour des usages professionnels, allant de la formation à la communication, en passant par l’événementiel et le team building. Elle conçoit des jeux de société, escape games, et jeux vidéo adaptés aux besoins spécifiques des entreprises, avec un focus sur l’engagement et l’impact.
« En France, toutes les 54 secondes, un accident du travail est déclaré », engage l’entrepreneur Mathieu Baiget. « Ces accidents, souvent évitables, affectent la santé des employés et coûtent cher aux entreprises. Aujourd’hui, la plupart des formations sur la prévention des risques sont théoriques et ennuyeuses. Résultat, elles sont vite oubliées et peu efficaces. »
« Risque Zéro » est un jeu de cartes, mais aussi un outil de prévention des risques. « Les participants sont des acteurs de la prévention. En les faisant réfléchir et agir, ils retiennent mieux ce qu’ils apprennent et de façon durable », assure le porteur du projet. Mais comment ça marche ? Ce jeu d’enquête tient dans 54 cartes. Pour commencer la partie, il suffit de lire la carte numéro 1. Chaque joueur incarne un enquêteur équipé d’une technologie fictive révolutionnaire lui permettant de prévoir les accidents. Le jeu se déroule en deux phases, l’enquête, puis la prévention.
La partie enquête débute avec un accident. « Vous êtes vraiment dans de seuls draps », sourit Mathieu. « Votre objectif est simple, identifier les facteurs de risque cachés parmi les 20 cartes indices, mais attention car certaines cartes sont des pièges. » Ces malus compliquent l’enquête et peuvent détourner le joueur du vrai danger. « Chaque bonne décision vous rapproche de la solution , mais chaque erreur peut vous rendre la prévention plus difficile », alerte l’entrepreneur. L’enquête est terminée, place maintenant à la prévention ! L’objectif est simple, choisir les bonnes actions de prévention pour faire baisser la jauge de risque. « Gagner le prix Sauvy serait une opportunité unique de faire connaître Risque Zéro à grande échelle. »
HabiLe’v veut préserver les maisons mobiles des inondations
HabiLe’v est une entreprise basée à Perpignan, spécialisée dans la protection des mobil-homes contre les inondations. Elle propose des systèmes hydrauliques permettant de surélever les habitations en cas de crue, manuellement ou automatiquement. Ces solutions visent à réduire les dégâts matériels, les primes d’assurance et les risques financiers pour les campings situés en zones inondables.
Sur les quatre dernières années, le risque d’inondation a provoqué la fermeture de près de 1 000 campings en France. « Si HabiLe’v se développait à Perpignan, cela renforcerait l’innovation locale et offrirait une solution essentielle face aux risques climatiques croissants dans la région », certifie Gérard Sempere, président et fondateur de la société basée au Polygone Nord. La start-up s’attaque à un problème majeur, la prévention des risques d’inondations dans les campings, souvent situés en zone inondable.
« Avec le changement climatique, les inondations se multiplient. Tandis que les assureurs, les préfectures, hésitent de plus en plus à couvrir ces zones, nous avons développé une solution ingénieuse pour protéger les résidences mobiles de loisirs. » En cas de montée des eaux, des capteurs activent la technologie qui élève le mobil-home jusqu’à deux mètres de haut, grâce à deux tables élévatrices. Le sytème peut supporter jusqu’à 6 tonnes de charge, soit un grand mobil-home de 40 mètres carrés. Le mécanisme, alimenté par un groupe hydroélectrique et une batterie qui fonctionne automatiquement, résiste aux courants et aux vents violents.
« Ce concours est une opportunité pour augmenter notre visibilité, nouer des partenariats et contribuer à la pérennité d’une industrie essentielle pour le tourisme en France et en Europe. Remporter ce prix, nous permettrait de couvrir certains frais publicitaires ainsi que de débuter l’industrialisation. » L’entreprise a pour projet de fabriquer 160 systèmes d’ici l’année prochaine.
Finote crée la première gamme de boissons et cocktails sans alcool
Finote est spécialisée dans les boissons naturelles à base de plantes des Albères. L’entreprise propose des alternatives saines et durables aux boissons énergétiques classiques, avec des produits riches en antioxydants et sans sucre ajouté. « Imaginez un monde où chaque gorgée de cocktails vous apporte un plaisir gustatif unique, sans compromettre votre équilibre physique et mental », présente l’entrepreneuse Élodie Swanberg. « Un monde où les fins soirées difficiles et les lendemains embrumés font partie du passé. Un monde où quand on est un adulte, on n’a pas besoin de se justifier si on décide de commander autre chose qu’une boisson alcoolisée. »
Finote est avant tout une histoire de famille. « C‘est mon arrière-grand-mère qui, au XIXe siècle, à Argelès-sur-Mer, créait des apéritifs maison », raconte Élodie Swanberg. Des boissons aromatisées avec des épices et des plantes aux saveurs et aux vertus uniques. Après avoir vécu et travaillé 17 ans à l’étranger, à Amsterdam, Shanghai, Stockholm et New York, la créatrice de Finote est revenue à ses racines pour redonner vie à ces recettes, mais sans alcool.
« Pourquoi sans alcool ? », interroge-t-elle. « Parce que de nos jours, nous sommes de plus en plus conscients de l’impact que l’alcool peut avoir pour notre santé. Nous sommes en quête de bien-être et les chiffres sont là pour le prouver. » Selon l’entrepreneuse, le marché mondial des boissons sans alcool devrait atteindre 275 milliards de dollars d’ici 2029. Et la France fait partie de l’un des dix marchés clés.
Élodie Swanberg propose un apéritif qui rappelle les subtilités d’un Vermouth ou d’un vieux Banyuls. La particularité de ces boissons est qu’elles sont 100% naturelles, sans sucre ajouté, et conçues à partir d’infusions de plantes concentrées. « Nous avons finalisé notre première production fin septembre et nous avons fait notre lancement il y sept semaines. Notre ambition à cinq ans et de devenir le leader des apéritifs et des cocktails sans alcool en France et l’un des acteurs principaux sur le marché européen », lance la cheffe d’entreprise. Avec le prix Sauvy, elle espère accélérer la croissance de la start-up et augmenter ses effectifs.
Ethypik veut faire évoluer les méthodes de recrutement
Basée à Saint-Cyprien, la start-up du secteur du recrutement, fondée en février 2024, est spécialisée dans le street sourcing. Cette méthode consiste à aller directement à la rencontre des candidats dans la rue, les centres commerciaux ou les lieux de vie quotidiens. L’objectif est de recruter des talents en se basant principalement sur leurs soft skills (compétences humaines et comportementales), plutôt que sur des CV ou des diplômes. La volonté d’Ethypik est d’inclure des personnes souvent éloignées du marché du travail et de redonner confiance à ceux qui ont pu perdre espoir de trouver un emploi.
Thierry Morel est le président de cette société de recrutement atypique et inclusive. Laurent, du même nom, est à la fois associé et directeur commercial de l’entreprise. Aujourd’hui, l’incontournable du recrutement reste le CV. La méthode Ethypik change les codes du recrutement, ce n’est plus le candidat qui va chercher un boulot, c’est le boulot qui va chercher le candidat. Selon France Travail, le marché compte environ 2,8 millions de projets de recrutement, 260 000 rien qu’en Occitanie. « On est sur des métiers en tension. C’est le BTP, c’est l’industrie, la restauration et l’hôtellerie, la santé ou l’aide à la personne », énumère l’entrepreneur.
« Tous ces métiers-là, ont des demandes et le plus difficile, c’est d’y répondre. Si on regarde les statistiques, le principal problème rencontré, c’est le manque de candidats. » Un des atouts du street sourcing, c’est aussi d’aller chercher des personnes qui n’ont plus l’intention de chercher du travail. « Ce sont des personnes entre guillemets laissées-pour-compte, qui sont un petit peu oubliées, voire qualifiées d’invisibles par rapport aux instances dirigeantes. » Une fois les candidats sélectionnés, ils sont accompagnés directement dans les entreprises. Un premier pas vers l’embauche. « Gagner le prix Sauvy nous aiderait à embaucher et à développer notre business en termes de commerce. »
À Perpignan, une plateforme pour déveloper le baby-sitting
Bambinos est une plateforme qui propose un service de garde d’enfants à domicile avec des baby-sitters qualifiés, en mettant l’accent sur une pédagogie inspirée de la méthode Montessori. L’entreprise automatise toutes les démarches administratives, incluant la gestion des aides financières comme le complément de libre choix du mode de garde (CMG). Bambinos permet ainsi aux familles d’accéder à une garde d’enfants de qualité à un coût très abordable.
« Si Bambinos se développait à Perpignan, cela offrirait une solution de garde flexible et accessible aux familles, améliorant l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle », lance Marwa Sylvestre, fondatrice de la start-up. « Nos nounous interviennent lorsque les autres modes d’accueil sont fermés, le matin avant l’école, les mercredis et les week-ends. Nous couvrons donc des besoins qui sont liés à des contraintes professionnelles, mais aussi au droit au répit parental. »
Marwa Sylvestre est la première utilisatrice de son service qu’elle a rêvé et imaginé en 2019, lorsqu’elle était salariée d’une structure à l’amplitude horaire très importante. La mission de Bambinos, c’est avant tout d’émanciper les femmes professionnellement. « On le sait, ce sont elles qui se sacrifient le plus, notamment lorsqu’il s’agit de passer à temps partiel, mais c’est aussi peut-être contribuer à faire durer les couples plus longtemps. »
Si l’heure de garde est facturée 30 euros, il existe une aide de la CAF qui permet de financer entre 16 heures et 60 heures de babysitting par mois. Cette aide s’appelle le CMG et c’est une prise en charge à hauteur de 85% des heures de babysitting. Concrètement, l’heure de baby-sitting chez Bambinos revient donc à 4,50 euros après CAF et à 2,25 euros après crédit d’impôt. La start-up s’adresse aussi bien aux foyers modestes, qu’aux foyers les plus aisés.
Si elle remporte la dotation, Marwa Sylvestre souhaite développer un centre de formation CAP Petite Enfance en interne. « Aujourd’hui, on recrute essentiellement des salariés qui sont diplômés, mais c’est important d’actualiser leur formation. Il y a des évolutions pédagogiques sur l’approche des enfants en permanence et le contenu académique d’un CAP Petite Enfance est aujourd’hui assez faible. »
R-MES, une appli pour rester en contact avec ses proches opérés
R-MES est une application web permettant d’établir un lien en temps réel entre les patients opérés et leurs proches. « Nous avons déjà tous eu un proche opéré ou quelqu’un de notre famille. Souvent, on est inquiet, on ne sait pas ce qui se passe. C‘est le cas pour environ 8 millions de Français », entame Charles-Antoine Rouat, à la tête de la start-up. C’est là qu’intervient « le messager » R-MES.
L’entrepreneur nous présente une petite vidéo représentant un infirmier devant un écran au bloc opératoire « Il va simplement cliquer sur le patient et indiquer où il est. Il y a différentes étapes, le sas du bloc, le bloc opératoire, le retour en chambre. » Le proche est ainsi informé en temps réel sur le déroulement de l’opération. « C’est très simple d’utilisation pour le proche et également pour l’infirmier qui ne fait que cliquer sur la localisation du patient. » Un gagne temps d’environ 30 minutes pour le corps hospitalier.
À ce jour, 8 752 opérations ont été suivies, informant 13 451 proches. De plus, 93 proches ont exprimé leur satisfaction avec une note moyenne de 4,9/5 sur Google Business Reviews. L’application vise ainsi à réduire l’angoisse et le stress des familles en leur offrant une meilleure visibilité sur le déroulement de l’hospitalisation.
Generacio, un coup de projecteur sur les enjeux du vieillissement
Élodie Llobet est la fondatrice de Generacio, un cabinet d’études spécialisé dans l’accompagnement des territoires sur les questions de longévité. L’entreprise, située à Bompas, allie expertise de développement local et connaissance approfondie des enjeux liés au vieillissement et à la sociologie des générations. « J‘ai envie de vous parler de notre point commun à toutes et à tous, nous avons tous envie de vieillir ! », lance l’entrepreneuse.
En France, en 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. « Je vais vous dire qu’aujourd’hui, on est un petit peu en avance dans les Pyrénées-Orientales, avec 32% de plus de 60 ans. Dans quelle société nous avons envie de vieillir ? Generatio permet d’accompagner les acteurs du territoire à comprendre ce vieillissement de la population et à l’intégrer dans leur stratégie », explique Élodie Llobet.
Generacio travaille sur trois branches d’activité : l‘accompagnement des politiques en faveur des personnes âgées sur les territoires et notamment la démarche « Villes Amies des Ainés »; la réalisation d’études et de recherches en sociologie sur des sujets croisant longévité, territoires et résilience. Enfin, l’accompagnement à la création et l’animation d’écosystèmes locaux.
« Nos missions sont concentrées autour de sollicitations et concertations auprès des habitants et la création de collectifs d’acteurs sur ce sujet. Nous réalisons également des études et des analyses socio-territoriales, comme des études sur l’habitat, sur les parcours résidentiels, l’aménagement du territoire, la citoyenneté dans l’âge », précise l’entrepreneuse.
Avec la dotation du Prix Sauvy, Elodie Llobet espère accroître son nombre de partenaires. « Si nous sommes soutenus, nous souhaitons que cette dotation puisse être associée à nos travaux. Nous avons par exemple deux projets qui sont une publication sur le vieillissement et la ruralité à l’ère du changement climatique. »
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