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Street-art : À Perpignan, ces mosaïques pixélisées d’Invader sont devenues cultes

Street-art : À Perpignan ces mosaïques en pixels sont devenues cultes

Au coin d’une rue, au-dessus d’un porche, dans le centre historique et les quartiers populaires de Perpignan… vous avez sûrement déjà croisé ces œuvres réalisées en carreaux de céramique, lors de vos promenades urbaines. En 2013, huit Space Invaders ont « envahi » l’espace public. Inspirés du jeu vidéo des années 80, ces pixels sont l’ouvrage d’un street artiste connu sous le pseudonyme d’Invader. De renommée internationale, il cultive toujours son anonymat.

Si la première vague d’invasion a démarré dans la capitale en 1998, presque trente ans plus tard, on compte 4 280 mosaïques disséminées dans 85 zones géographiques du globe.

Ces mosaïques en pixels ont « envahi » les murs de Perpignan

Encore aujourd’hui, la chasse aux Space Invaders se poursuit aux quatre coins du globe. Chaque mosaïque est scrupuleusement référencée avec une valeur de points qui lui est attribuée. Les joueurs peuvent photographier les pixels via l’application Flash Invaders. Un algorithme analyse ensuite l’image et votre position GPS, et vous attribue des points si l’œuvre est reconnue.

À Perpignan, leur localisation n’est plus un secret. Souvent aux couleurs du drapeau catalan, on peut apercevoir certaines créatures pixélisées rue du Temple, rue des Marchands ou encore accolées à une boulangerie boulevard Clémenceau…

Street-art : À Perpignan ces mosaïques en pixels sont devenues cultes

« Tout a commencé le jour où j’ai décidé de donner une apparence matérielle à la pixélisation, à travers des carreaux de céramique. J’ai d’abord voulu créer une série de « toiles », mais j’ai vite réalisé que les carreaux étaient le matériau parfait pour exposer ces pièces directement sur les murs », raconte l’artiste sur son site. Invader a pour habitude d’explorer des zones urbaines densément peuplées et de les « envahir » de 20 à 50 pièces en moyenne.

« Parfois, je reviens plusieurs fois dans la même ville, déployant différentes « vagues d’invasion » comme j’aime les appeler. L’objectif est d’augmenter mon score en envahissant continuellement et sans relâche de nouveaux espaces. N’importe quand, n’importe où, est la philosophie… J’essaie d’évoluer et de me réinventer à tout moment tout en menant un projet d’invasion esthétique précis et sérieux », explique-t-il.

Des pièces parfois dérobées, endommagées ou détruites…

Invader ne choisit pas l’emplacement de ces pixels au hasard. « J’identifie les points névralgiques des villes que je visite. Cela prend beaucoup de temps car il s’agit d’un long processus de repérage », déclare l’artiste, qui compare son art à de « l’acupuncture urbaine ». Si certaines pièces sont retirées par des propriétaires mécontents ou par des entreprises de nettoyage, Invader assure que c’est rarement le cas.

Ces dernières années, plusieurs pièces ont été dérobées, endommagées ou détruites par des personnes cherchant à les revendre. Ce fut par exemple le cas, en 2017, à Paris et Montreuil, où trois hommes sont accusés d’avoir volé seize mosaïques de l’artiste. Un larcin estimé à 600 000 euros.

« Compte tenu du type de tuiles que j’utilise, il est impossible de voler mon travail. Ces personnes, en enlevant les mosaïques, détruisent la pièce et doivent ensuite acheter de la céramique pour réparer ou recréer l’œuvre », prévient Invader via son site. « J’ai du mal à croire que quelqu’un achèterait des carreaux de mosaïque non authentifiés, car les gens pourraient simplement le faire par eux-mêmes… » À Perpignan, « aucun délit de ce type n’a été constaté », nous confirme la mairie.

« J’aime l’idée de décontextualiser l’art, de l’amener dans la rue, de surprendre les passants »

Le Space Invader le plus haut s’élève à 2 362 mètres d’altitude, à l’arrivée du téléphérique dans le village d’Anzère, en Suisse. Pour coller ses mosaïques aux murs, Invader a développé toutes sortes de techniques. « J’utilise du ciment ou des colles particulièrement performantes », explique-t-il. Parfois préparées à l’avance ou prêtes à coller, le street artiste s’adapte à son milieu.

Banksy a également pour habitude de produire sur un support qui ne lui appartient pas, sans le consentement de son propriétaire. « Il y a des gens qui ont carrément vendu le mur de leur maison », s’exclame Steve Golliot-Villiers, graphiste-plasticien. Il en va de même pour la porte de sortie du Bataclan, sur laquelle Banksy avait rendu un hommage aux victimes de l’attentat. La fameuse porte sur laquelle était peinte une « petite fille triste » a été retrouvée en Italie.

Street-art : À Perpignan ces mosaïques en pixels sont devenues cultes

Selon Steve, la pratique du street-art reste très solitaire. « Invader produit partout en France, il bouge beaucoup. Il fait partie de ces artistes dont on ne connaît pas trop le visage », assure le plasticien. Il est vrai que le street art est à l’origine une pratique illégale. L’anonymat permet ainsi de protéger juridiquement les auteurs d’éventuelles poursuites.

« J’interviens dans 99% des cas sans autorisation. Pour le reste, je suis dans l’expérimentation artistique, plus que dans la contestation. J’aime l’idée de décontextualiser l’art, de l’amener dans la rue, de surprendre les passants, tout en continuant à créer de nouvelles pièces », conclut Invader.

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Célia Lespinasse