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Surpopulation à la prison de Perpignan : Des détenus déroutés au centre pénitentiaire de Béziers

Surpopulation à la prison de Perpignan : Des détenus déroutés au centre pénitentiaire de Béziers

Article mis à jour le 24 avril 2025 à 10:50

Il y a un mois, des détenus censés être incarcérés à la prison de Perpignan étaient déplacés à la prison de Béziers. Pour la cinquième fois depuis le mois de décembre 2024, le dispositif  « Stop Écrou » était déclenché au centre pénitentiaire. Ce dispositif consiste à suspendre toute nouvelle entrée en détention, en orientant les personnes condamnées ou en attente de jugement vers des établissements moins surpeuplés.

La maison d’arrêt* pour hommes, qui compte 132 places, accueille à l’heure actuelle 340 détenus. Soit une surpopulation pénale de 250 %. Pour rappel, la maison d’arrêt reçoit les personnes prévenues en détention provisoire et les personnes condamnées dont la peine n’excède pas deux ans. « Cent personnes dorment à même le sol », déplore Pierre Grousset, secrétaire local du syndicat UFAP-UNSa Justice.

« Aujourd’hui, on ne peut plus garantir notre sécurité »

Les cellules de 9 m² accueillent systématiquement trois détenus avec un matelas au sol. Lorsque le taux de surpopulation carcérale atteint son seuil maximal, cela veut dire qu’il ne reste plus aucune place de libre sur les 101 matelas que compte la prison. De son côté, la maison d’arrêt des femmes, comptait à la mi-mars 62 détenues pour 28 places. Au total, ce sont plus de 760 détenus qui s’entassent dans un établissement prévu pour 529 places. À cette surpopulation s’ajoute un manque criant de personnel et une augmentation constante des missions, relaie Pierre Grousset.

Cellule de la maison d'arrêt pour hommes de Perpignan
Cellule de la maison d’arrêt pour hommes de Perpignan

« Dès qu’il n’y a plus de place, nous sommes obligés d’incarcérer sur les établissements limitrophes, comme Béziers ou Carcassonne. Mais le centre pénitentiaire de Béziers est aussi en difficulté. » Le taux de surpopulation atteindrait les 200 % à Béziers. « Tous les établissements de l’Occitanie sont concernés. Mais nous, on a une maison d’arrêt qui est sous-dimensionnée, avec seulement 130 places », rappelle le porte-parole du syndicat.

« Aujourd’hui, on ne peut plus garantir notre sécurité, ni celle des intervenants ou de la population pénale. » Selon Pierre Grousset, l’effectif de la prison de Perpignan tourne autour de 170 surveillants et surveillantes. « À l’heure actuelle, il nous manque entre 20 et 30 personnels », assure-t-il. « Ce qui nous impacte aussi, c’est la multiplication des tâches. » Le syndicaliste mentionne les transferts de détenus, mais surtout les extractions médicales.

Ces opérations par lesquelles une personne détenue est conduite, sous surveillance, à l’extérieur du centre pénitentiaire pour recevoir des soins qu’il n’est pas possible de lui prodiguer au sein de l’établissement. « Ces missions sont venues se rajouter à nos tâches quotidiennes, sauf que les effectifs n’ont pas suivi. Il nous faudrait une quinzaine d’agents pour réaliser ces extractions », assure Pierre Grousset. « À l’heure actuelle, il y en a six. »

Au centre pénitentiaire de Perpignan, les maux de la surpopulation

Les tensions entre détenus et surveillants sont palpables, accentuées par la surpopulation et la promiscuité des lieux. « On vous pose la main dessus, on vous bouscule, on essaie de vous mettre des coups de pied… C’est arrivé il n’y a pas si longtemps encore », relève Pierre Grousset. Le 16 mars dernier, le syndicat Force Ouvrière Justice alertait les autorités et l’administration sur les conditions de travail des personnels « de plus en plus difficiles » avec « une surpopulation carcérale explosive et des détenus de plus en plus violents. »

Face à cette surpopulation carcérale, la réponse de l’État n’est autre que de créer des places supplémentaires. L’objectif est clair : améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire et favoriser la réinsertion des détenus. En 2027, un centre de détention flambant neuf devrait sortir de terre pour accueillir environ 500 détenus. Un projet national décidé en 2018, afin de soulager le centre pénitentiaire de Perpignan.

Illustration Prison Perpignan

Mais selon le syndicat, les travaux ont été reportés à l’été 2026, notamment pour mesurer les impacts environnementaux du projet. « Le centre de détention n’ouvrira pas avant le premier semestre 2029, avec un an et demi de retard… Nous sommes un peu dépités par tout ça, c’est très compliqué pour notre profession », se désole Pierre Grousset.

Pour rappel, le 22 août 2023, le tribunal administratif rendait sa décision sur la requête déposée par l’Observatoire International des Prisons à l’encontre du centre pénitentiaire de Perpignan et des conditions de détentions indignes rendues publiques par le rapport du CGLPL. Selon ce rapport, 63 % des cellules de la maison d’arrêt pour hommes et 22 % du centre de détention sont infestées par des punaises de lit. Des nuisibles qui touchent aussi les surveillants.

*La prison de Perpignan compte une maison d’arrêt pour hommes, une maison d’arrêt pour femmes et un centre de détention pour les longues peines.

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