Article mis à jour le 31 octobre 2024 à 16:18
Surnommé le « Père-Lachaise perpignanais », le cimetière Saint-Martin est un musée à ciel ouvert. Depuis 1816, il abrite des concessions perpétuelles, détenues depuis des générations par de grandes familles. À l’approche de la Toussaint, la rédaction vous propose un focus sur le plus vieux cimetière de Perpignan.
Enclavé en plein centre-ville, le cimetière Saint-Martin s’étend sur deux hectares. La nécropole reflète les grandes heures de Perpignan sous la Troisième République ou encore, plus récemment, des années 30. D’abord militaire, le cimetière s’agrandit progressivement après la Révolution française.
Un voyage dans le temps au cimetière Saint-Martin de Perpignan
De grands noms de l’histoire Perpignanaise reposent au cimetière Saint-Martin, tels que Dugommier et Dagobert. Les deux généraux, qui ont participé à la guerre franco-espagnole de 1793, sont inhumés sous une pyramide maçonnique. Un peu plus loin, une forêt de croix blanche est placée sous la sauvegarde du Souvenir français.
Parmi les sépultures emblématiques du cimetière, on retrouve aussi la tombe de l’écrivain Albert Saisset ou le tombeau de la famille Ducup de Saint-Paul. Au détour d’une allée du « Père-Lachaise perpignanais », le regard croise d’autres noms évocateurs : Lucien Trenet (père de Charles Trenet), l’industriel Pierre Bardou-Job ou encore l’architecte Férid Muchir.
Notre visite du cimetière se poursuit le long de l’allée principale bordée de cyprès. Comme un voyage dans le temps, chaque tombe ou monument funéraire témoigne du quotidien de son époque. Outre les ornements, ce sont parfois les matériaux utilisés qui en disent long… Dans les couloirs latéraux, d’étonnants petits escaliers métalliques permettent l’entretien des caveaux alignés en hauteur. Des tonnelles en fer forgé protègent également les concessions. Le métal proviendrait d’anciennes mines de la région.
Plus loin, on découvre le dépositoire signé de l’architecte Julien Charpeil. Semblable à un temple, ce caveau provisoire a pour vocation d’accueillir les dépouilles en attente de leur inhumation définitive dans un autre cimetière de la ville. En effet, le cimetière Saint-Martin est depuis de nombreuses années complet et les demandes pour y obtenir un emplacement ne peuvent être satisfaites.
Une procédure lancée pour les concessions abandonnées
En 2018, une procédure de reprise de certaines sépultures a été entamée par la Mairie, pour les attribuer aux familles souhaitant y établir leur dernière demeure. « Certaines concessions sont caractérisées par leur état d’abandon », nous confirme Xavier Baudry, adjoint au maire délégué au territoire ouest.
De petits panneaux ont été déposés devant 45 concessions perpétuelles, éparpillées de part et d’autre du cimetière. « Ce sont des procédures très encadrées. Une concession perpétuelle ne peut être récupérée en l’état d’abandon avant un délai d’expiration de 30 ans », prévient l’élu. « De plus, la dernière inhumation doit remonter à au moins 10 ans. »
Parmi les sépultures à l’abandon, celle de cet ancien maire de Perpignan. Augustin Pons officia de 1837 à 1840. Le 5 mai de chaque année, les bonapartistes de Perpignan déposent quelques violettes sur la tombe du colonel Pons qui servi dans l’armée impériale.
À la suite de cette procédure, une enquête a été menée pour retrouver les familles. Depuis l’initialisation de la démarche, trois titulaires se sont manifestés pour une reprise d’entretien. « Ces familles souhaitent conserver leur emplacement et vont donc procéder à différents travaux« , nous explique Xavier Baudry.
En ce qui concerne ces concessions, aucun élément architectural notable n’a été constaté. La Mairie se laisse la possibilité de voir si certains monuments pourraient être partiellement conservés, avant la réattribution. « Il y aura très certainement des arbitrages qui seront faits pour conserver ou non certains éléments, réalisations d’architectes ou ouvrages d’art », note Xavier Baudry.
En cas d’abandon, les emplacements sont « récupérés » par le domaine public et revendues. Sur ces concessions perpétuelles, les tarifs oscillent entre 6 000 et 10 000 euros. Pour l’heure, la procédure de reprise suit son cours au cimetière Saint-Martin. De ce fait, aucun emplacement n’est disponible à la vente.
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