Article mis à jour le 27 septembre 2019 à 18:27
Le train primeur est devenu, depuis l’annonce de son démantèlement, un symbole de la dichotomie entre le discours politique et les faits. Un discours qui dit vouloir lutter contre le réchauffement climatique. Et des faits qui vont à l’encontre, voire aggravent, le bilan carbone français. Pour rappel, l’arrêt définitif de ce train qui achemine les fruits et légumes de Perpignan à Paris jetterait de facto entre 20 et 25.000 camions sur les autoroutes de France. En l’absence de certitudes, de contrats signés, d’engagements fermes, les moindres éléments prêtent à supputation. Et les derniers éléments sembleraient montrer que le train des primeurs ne roulera pas le 1er novembre.
♦ Des clients qui déménagent et absence de maintenance sur le train…
Actuellement, les clients qui chargeaient leurs fruits et légumes dans le train étaient les Transports Rey et les Transports Roca (rachetés par Logifel*). Alors que ce dernier avait déjà quitté ses locaux situés aux abords du quai de chargement du train depuis le mois de juillet, selon la CGT, ce sont désormais les transports Rey** qui auraient déménagé. Alors même que leur bail courait jusqu’en 2020. La CGT66 s’interroge quant au signal envoyé par cette désaffection du site de chargement des marchandises.
Autre signal qui laisse supposer que le train ne repartira pas avec le retour de la saison haute. Selon Stéphane, en charge de l’entretien des locomotives, habituellement la révision sur les machines se fait en juillet et août alors que le train est à l’arrêt. Or, pas de révision cette année. Pour rappel, les wagons et la locomotive ont été transportés en toute discrétion à Nîmes depuis le mois de juillet dernier. La encore la CGT s’interroge sur la possibilité de faire rouler un train et ses 82 wagons alors qu’aucune révision n’a été réalisée.
Pour la CGT66, ces deux éléments viennent s’ajouter à « la longue liste de promesses et de poudre de perlimpinpin que l’ensemble des acteurs nous jette au visage depuis des mois ».
♦ Le train primeur est le « symbole national que nous menons pour le dérèglement climatique »
Et ils ne sont pas les seuls à s’emparer du sujet. Carole Delga, président socialiste de la Région, est également particulièrement attentive au devenir de ce train. Ce mercredi 28 août, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, et Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots, sont venus à la rencontre des acteurs du dossier. Et notamment des chargeurs du train. Pour le PC comme pour la CGT, il s’agit « d’un sujet symptomatique de ce qui se passe sur les autres lignes qui ferment sans crier gare ».
Les politiques présents, dont Françoise Fiter et Nicolas Garcia, les syndicalistes et les représentants des cheminots sont catégoriques. Les 82 wagons sont tout à fait aptes à rouler pendant au moins 4 ou 5 ans. Ce qui, selon eux, laisserait amplement le temps de trouver un solution pérenne pour cette ligne, mais aussi pour réouvrir la seconde liaison qui était en place jusqu’en 2017.
Sur le quai, un cheminot retraité se souvient d’un temps où il y avait 6 liaisons entre Perpignan et Rungis. Autant de camions en moins sur les routes avec l’impact accidentogène et sur la pollution que cela engendre. Mais l’absence de visibilité à long terme a inexorablement conduit les acteurs privés à trouver des solutions plus fiables.
♦ Nota bene
*Nous avons contacté l’entreprise Logifel, anciennement Transports Roca, qui nous ont confirmé « ne plus du tout travailler avec le train des primeurs ».
**Malgré nos sollicitations, nous n’avons pas reçu de réponse de l’entreprise Rey.
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