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Violences intrafamiliales : le tribunal de Perpignan déploie 15 téléphones grave danger

Violences faites aux femmes : le tribunal de Perpignan a 15 Téléphones graves danger

15 ! C’est notre chiffre de la semaine… et le nombre de téléphones grave danger (TGD) attribués à la juridiction de Perpignan. Si jusque-là, la cellule des violences intrafamiliales (VIF) des Pyrénées-Orientales était dotée de 12 de ces dispositifs, elle vient de recevoir trois nouveaux appareils. Photo d’illustration © Justin Main / Unsplash.

Parmi les 15 téléphones, 11 sont actuellement entre les mains de femmes* victimes. Le 25 novembre 2024 est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’occasion d’un échange avec Nora Benyakoub, assistante spécialisée des violences intrafamiliales auprès du Procureur de la République de Perpignan.

Inspirés du système espagnol, ces téléphones sont généralisés en France depuis 2013. Le TGD est un téléphone portable disposant d’une touche dédiée qui permet à la victime de joindre un service de télé-assistance, accessible 7j/7, 24h/24. À l’autre bout du fil, un opérateur évalue le danger. Et au besoin contacte les forces de sécurité par un canal spécifique. Une fois l’alerte déclenchée, la victime est géolocalisée et les forces de l’ordre peuvent intervenir rapidement.

Au total, en France, 5 000 de ces dispositifs sont gérés par les parquets. « Récemment, nous avons reçu trois téléphones supplémentaires. Avec les douze que nous avions déjà, nous en avons quinze, dont onze sont d’ores et déjà attribués à des victimes. Et deux autres vont très prochainement l’être », confirme Nora.

Le TGD, un filet de sauvetage, une béquille, mais parfois un cordon qu’il faut couper 

En moyenne les victimes conservent ce dispositif une année. Mais cela peut varier en fonction de la durée de l’enquête ou de la situation de la victime ou de l’auteur. « Il y a des femmes qui le gardent trois mois, d’autres deux semaines, ou deux ans, c’est assez variable, » précise la chargée de mission au tribunal de Perpignan. « Parfois, on le donne pour le temps de l’enquête, en attendant que l’auteur soit placé en détention. On peut aussi l’attribuer quand l’auteur des violences sort de prison, selon la situation. »

Le onzième TGD a été attribué le matin même. Nora nous explique que dans ce cas, l’auteur sort prochainement de prison. La victime, avertie de la sortie, craint la reprise de contact avec le père de son enfant. Cette notion de danger est la seule qui compte au moment de fournir le TGD. Et c’est la cellule des violences intrafamiliales des Pyrénées-Orientales qui décide de l’attribution du TGD.

« Parfois, certaines victimes nous le rendent rapidement car elles le vivent comme un lien qui les garde attachées à l’auteur des violences. » Ces victimes préfèrent couper ce qui les ramène à ce passé qu’elles cherchent à oublier. Pour d’autres, le téléphone est comme un filet de sécurité. Et Nora de décrire le visage de cette femme venue chercher son téléphone au parquet.

« Quand elle est arrivée, elle était apeurée. Et on l’a immédiatement sentie rassurée quand on lui a donné son téléphone. C’est un filet de sauvetage pour elle, et pour nous cela a vraiment permis de baisser le nombre de passages à l’acte », déclare-t-elle. Au-delà de la prise en charge rapide du danger ou de la géolocalisation, le TGD permet aussi d’avoir accès à un écoutant à tout moment. C’est aussi un moyen de répondre aux angoisses de la victime. « Le téléphone est souvent considéré comme une béquille qui aide à se reconstruire », confie Nora.

Un pôle dédié aux violences intrafamiliales à Perpignan

Directement calqués sur les Espagnols, qui ont créé des juridictions dédiées aux violences de genre, la France a fait le choix de créer des pôles qui réunissent les juges d’application des peines, des affaires familiales et les juges pour enfants. Si jusque-là la cellule Vif était portée par le parquet, la création effective du pôle des violences intrafamiliales permet d’accélérer les procédures et de protéger les victimes.

« Dans le cas d’un divorce ou d’une séparation, il fallait attendre que chaque juge rende son avis sur un dossier, désormais, tout est interconnecté », précise la chargée de mission. Une évolution qui permet de gagner en rapidité, en efficacité et en efficience sur les dossiers.

*Selon les dernières statistiques du ministère de l’intérieur, 85% des victimes de violences intrafamiliales sont des femmes.

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Maïté Torres