Article mis à jour le 3 septembre 2022 à 19:12
Jusqu’au 11 septembre, l’exposition de Selene Magnolia s’affiche sur les murs du Couvent des Minimes de Perpignan. La photojournaliste italienne a documenté la vie des 80.000 hommes, femmes et enfants roms de Stolipinovo ; quartier de la ville de Plovdiv en Bulgarie. Des images du quotidien d’un quartier où les habitants, malgré le dénuement, célèbrent mariages et naissances selon la tradition gitane.
« Cette image est le dénominateur commun de toute l’histoire. Je voulais montrer la marginalisation systématique, mais aussi de souligner la force de l’identité culturelle de cette jeune fille. Elle qui prépare fièrement son mariage. Dans cette photographie, nous avons le contraste entre la pauvreté et une mariée puissante, fière d’elle-même et de la beauté de sa robe ».
Plus de 11 millions de Roms, Sintis et Gitans en Europe ; soit l’équivalent de la population de la Belgique
Pour Selene, « la montée des mouvements nationalistes et du racisme en Europe contraint des minorités à vivre dans des ghettos, isolées. Comme s’il s’agissait de plaies qu’il faudrait guérir et éviter qu’elles contaminent leur environnement ». Via cette exposition, Selene a voulu poser dans le débat public l’existence même de ce ghetto au cœur de l’Europe. Mais aussi donner une visibilité à ces personnes victimes de discriminations dans une totale indifférence. « Stolipinovo apparaît comme un portrait de la discrimination systématique en Europe au XXIe siècle ».
Selon la deuxième enquête sur les minorités et la discrimination (EU-MIDIS II) de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), 80 % des Roms sont exposés à la pauvreté. Selon la même enquête, les Roms constituent la plus grande minorité d’Europe et subissent davantage de discrimination que les autres groupes étudiés.
« En juin 2021 en République tchèque, un Rom est mort étouffé par des policiers qui l’ont maintenu au sol en appuyant un genou sur son cou. En novembre 2021 en Grèce, une petite fille rom est morte écrasée par un portail automatique, après avoir agonisé pendant plus d’une heure durant laquelle les passants ont détourné le regard ».
Montrer les différences sans misérabilisme ni jugement
« Vu de l’extérieur, nous sommes parfois étonnés ou surpris par cette façon de vivre. Je crois qu’ils veulent juste préserver leur propre tradition, leur identité. Ils craignent que leur histoire et leur communauté ne se fondent et disparaissent englobées par la culture dominante. Quand je travaille avec d’autres cultures, je ne cherche pas à savoir pourquoi ils ne font pas comme moi. Au contraire, ces rencontres me permettent de questionner ma propre culture ».
Un mode de vie à mi-chemin entre tradition et religion
Les habitants du ghetto de Stolipinovo rencontrés par Selene Magnolia sont, pour la plupart, d’origine turque. S’ils sont majoritairement musulmans, il existe cependant une diversité d’identités religieuses. La cellule familiale est au centre de la communauté. La répartition des rôles entre les hommes et les femmes est bien définie. Une hiérarchie sociale s’instaure sur la base de l’ascendant moral et des richesses de chacun.
Les traditions culturelles sont des valeurs fondamentales. Les grands événements de la vie sont fêtés en public, souvent dans la rue, et sont ouverts à toute la communauté. Plusieurs images montrent qu’hommes et femmes ont des rôles bien distincts et clairement définis. « Durant la cérémonie des fiançailles, ou du mariage, les femmes et les filles dansent entre elles ; tandis que les hommes mangent, boivent et tirent en l’air. (…) « .
Le prochain projet de Selene magnolia
De 2018 à 2021, via l’association WeAnimals, Selene Magnolia a travaillé sur l’aquaculture. « La production aquacole intensive menace la santé marine ; et endommage les écosystèmes en rejetant d’importants polluants, et la prolifération d’algues ».
L’aquaculture exerce également une pression accrue sur les populations de poissons sauvages, capturés par millions pour nourrir les poissons d’élevage ». Après son travail en Bulgarie, Selene Magnolia va travailler sur l’impact sur l’environnement de l’élevage intensif.
- Quel point commun entre une brebis et une chauve-souris ? La forteresse de Salses ! - 20 novembre 2024
- Film sur l’Homme de Tautavel : Quel jour et sur quelle chaîne sera diffusé le documentaire ? - 19 novembre 2024
- Début d’un blocage reconductible à la frontière entre la France et l’Espagne - 18 novembre 2024