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20 ans de la loi handicap : À Perpignan, l’APF n’a pas le cœur à la fête

20 ans de la loi handicap : À Perpignan, l'APF n'a pas le cœur à la fête

Ce mardi 11 février 2025, les militants de l’association APF France Handicap étaient rassemblés Place Catalogne, à Perpignan. À l’occasion des 20 ans de la loi prônant l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées, la délégation des Pyrénées-Orientales se mobilise une nouvelle fois. À 14h 30, une centaine de personnes entamait une marche silencieuse jusqu’au Castillet.

Depuis 90 ans, l’APF mène le combat pour les droits des personnes handicapées. En France, le handicap concerne 12 millions de personnes et autant d’aidants. Dans les Pyrénées-Orientales, selon l’INSEE, 12 804 allocataires touchent l’allocation adulte handicapé (AAH).

Quel bilan vingt ans après l’adoption de la loi handicap ?  

« C’est peut-être l’anniversaire de la loi, mais pour nous, ce n’est pas une fête », lance Marie-Jeanne Mion, représentante départementale de l’APF. Il y a 20 ans, le texte du 11 février 2005 promettait l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Aujourd’hui, « la réalité est tout autre », selon l’APF : « Les personnes en situation de handicap sont encore, au quotidien, empêchées et privées de leurs droits fondamentaux comme se déplacer librement, aller à l’école, travailler, se soigner, avoir un logement, des loisirs… « , déplorent les militants.

En 2005, la loi sur le handicap est repensée : « À l’époque, le gouvernement voulait imposer aux établissements recevant du public et aux commerces d’être accessibles », nous rappelle Marie-Jeanne. Une date butoir est fixée à 2015… un délai largement dépassé. D’après les membres de l’association, circuler librement et en autonomie est toujours aussi problématique à Perpignan. Selon l’APF, 55 % des personnes en situation de handicap éprouvent des difficultés d’accès aux bars et restaurants. « L’inaccessibilité des établissements recevant du public, commerces, établissements de soins ou écoles, est source d’isolement et de fracture sociale », dénonce l’association.

« On entend parfois des commerçants se plaindre : ‘pour une seule personne qui va venir, on ne va pas faire l’effort.’ Sauf qu’il ne faut pas le voir dans ce sens. Si l’on rend accessible un établissement, d’autres personnes viendront », souligne Marie-Jeanne. Parfois, les personnes à mobilité réduite ont du mal à franchir les portes de leur propre domicile. La représentante de l’APF se souvient du combat de cette maman qui portait son fils sur ses épaules pour accéder à son appartement, situé au deuxième étage. « Cela a pris des années avant qu’on l’aide à acquérir un appartement accessible », regrette Marie-Jeanne. « C’est pour toutes ces injustices que nous luttons », renchérit une autre bénévole.

La loi handicap pose également le principe du « droit à la compensation ». « C’est une prestation destinée à combler les besoins des personnes, que ce soit pour l’aide humaine au quotidien pour faire la toilette, pour manger, s’habiller, se déplacer… Et pour tout ce qui est matériel et aménagement du logement », énumère Marie-Jeanne. « Sauf que la loi n’est pas toujours appliquée. »

Mobilité, travail, logement… autant d’obstacles auxquels se heurtent les personnes handicapées

Trouver du travail est une complication qui s’ajoute à toutes les autres. Le premier mur auquel se heurtent les personnes en situation de handicap est la mobilité. Les horaires totalement décalés par rapport à une journée de travail classique sont également un frein de taille. Pour une personne qui aurait besoin de prendre les transports en commun pour se rendre au travail, les choses se compliquent…

20 ans de la loi handicap : À Perpignan, l'APF n'a pas le cœur à la fête

« Combien de trottoirs ne sont pas adaptés pour les personnes en fauteuil ? D’autant plus qu’il y a très peu d’arrêts et que vous ne pouvez pas mettre plus d’un fauteuil roulant par bus », souligne une référente « emploi accompagné », au sein de l’APF. Avant de mentionner les difficultés pour caler des rendez-vous médicaux en parallèle d’une activité professionnelle.

Attendu depuis des années, le remboursement intégral des fauteuils roulants entrera en vigueur dès le 1er décembre 2025. Une victoire pour Marie-Jeanne et les bénévoles. Parmi les autres mesures urgentes et concrètes à mettre en place, il y a donc l’accessibilité totale à la voirie, au logement et à tous les services publics. Un long chemin reste à parcourir pour permettre à chacun et chacune de prendre part à la société.

Deux millions de personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté

Selon l’Observatoire des inégalités, si le chômage des personnes atteintes d’un handicap est en baisse, il reste presque deux fois supérieur à celui des personnes valides. « En France, deux millions de personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté, c’est une double peine ! », ajoute Marie-Jeanne.

20 ans de la loi handicap : À Perpignan, l'APF n'a pas le cœur à la fête

« L’État doit respecter ses engagements en matière de droits humains et cesser de sacrifier ces derniers pour des raisons budgétaires », affirment les militants, qui espèrent être entendus. Cette mobilisation locale s’inscrit dans le cadre du mouvement national « Faisons bouger la République », porté par APF France handicap et le Collectif Handicaps.

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