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Et si vous aviez expérimenté le quotidien d’une personne handicapée pendant le confinement ?

Christophe Riti sur son fauteuil roulant a l arret de bus. Photographie de Stephane Ferrer Yulianti.

Article mis à jour le 21 août 2020 à 12:28

Les mesures de confinement sans précédent du gouvernement ont contraint les Français à rester chez eux et à limiter leurs déplacements. Alors que cette contrainte n’a duré « que » 56 jours pour la majorité d’entre nous, il existe une minorité dont la restriction de se mouvoir est quotidienne depuis de très nombreuses années. 

♦ « Je me déplace en fauteuil roulant et mes droits sont bafoués au quotidien depuis 40 ans »

Christophe Riti a 40 ans ; il est ingénieur mécanique et détenteur d’un master en informatique. Son invalidité de 80% l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant électrique depuis son plus jeune âge. Aujourd’hui, il dénonce des carences dans l’offre actuelle de mobilité ; des solutions qui lui permettrait de jouir de nombreux espaces comme ses concitoyens.

« Je suis un citoyen de la République Française, censé bénéficier des mêmes droits que mes compatriotes. C’est la théorie de notre constitution. Dans la réalité de notre pays, je me déplace en fauteuil roulant et mes droits sont bafoués au quotidien depuis 40 ans » écrit-il dans une lettre ouverte aux élus.

♦ « Impossible de se rendre sur les quais à Argelès-sur-Mer ! Je dois partir depuis Perpignan… »

Il approfondit ses propos lors d’une entrevue avec Made In Perpignan ; rencontre où nous avons fait le test de réserver un billet de train ou de bus. « Les places handicapées sont limitées à 2 dans un TGV. C’est-à-dire que si celles-ci sont déjà prises, je dois réserver le prochain train. Il faut réserver 48h à l’avance ; et les trains TER et CORAIL n’en sont pas tous équipés. Je ne parle même pas des problèmes de correspondances… ». 

Made in Perpignan a testé la réservation en ligne d’une place handicapée. Force est de constater que les choix d’un départ depuis Argelès, lieu de résidence de Christophe, est inexistant. Ce dernier ajoute : 

« À la gare d’Argelès-sur-Mer, je peux accéder très facilement à la gare ; le guichet a été pensé à la bonne hauteur pour les personnes en fauteuils et il y a de l’espace pour se déplacer… Mais impossible de se rendre sur les quais ! Je dois partir depuis Perpignan… »

Selon le site Informations Handicap, en 2015, la SNCF comptait 638 gares aménagées sur près de 3.000 que dénombre l’Hexagone ; soit un peu plus de 20%. La SNCF aurait pour objectif 50% des gares aménagées d’ici 2024 ; et ce avec une règle : une gare non accessible doit être distante de moins de 50 kilomètres d’une gare accessible. En 10 ans, 620 millions d’euros ont été investis par les Régions (Hors Corse) pour la mise en conformité.

♦ Deuxième expérience avec l’ingénieur mécanique : prendre le car de la région

« Certains car sont équipés d’une place handicapée à l’intérieur. Déjà que la fréquence est faible, nous devons en plus attendre le bon. Mais ça ne s’arrête pas là ! Une fois le bus en question arrivé, dont le logo handicapé est apposé sur les côtés, nous constatons qu’il n’y a aucun accès à ladite place »

Nous avons attendu avec Christophe qu’un bus de la région s’arrête. Le chauffeur descend du bus pour nous renseigner cordialement et nous informer que son véhicule n’est malheureusement pas équipé. Nous devons appeler un numéro figurant sur le dépliant qu’il nous remet. Au téléphone, la RRDT 66 (Régie Régionale Des Transports Publics Pyrénées-Orientales) nous explique qu’il faut contacter le numéro vert de la région. Au bout du fil, la personne déplore également le manque de moyens face à la demande des personnes handicapées. 

La chargée de communication de la RDTT 66 nous informe qu’il existe un service de substitution. Selon la régie, cette offre rencontre un franc succès eu égard aux 19.000 déplacements organisés dans les Pyrénées-Orientales en 2019. Réservable avec un délai de 24h, cette prestation se substitue au transport en car par ligne régulière.

♦ Aucune chance laissée à la spontanéité ou à un déplacement en urgence

D’après Christophe Riti, il faut réserver deux semaines à l’avance un transport équipé. Ce qui ne laisse aucune chance à la spontanéité de vouloir profiter d’une belle journée ; ou à la possibilité de se déplacer pour une urgence. 

« Tu as beau être vaillant et tenace, la société met des barrières. J’ai l’impression que la population handicapée, qui est une minorité, est largement oubliée » s’exaspère-t-il. Avant de continuer « On nous répond que les personnes handicapées restent chez elles, mais il faut prendre la problématique à l’envers, peu de choses sont faites pour nous faire sortir de chez nous. »

Outre les transports, il rencontre également des difficultés dans les logements ou la jouissance des commerces. Non pas par mauvaise volonté des commerçants selon lui, mais par contraintes administratives ou l’absence de lois dans ce sens. 

Par manque d’Égalité, la Liberté de certains individus est souvent réduite, la carence de mesures et d’aménagements handicape toujours un peu plus une personne qui l’est déjà ; la contraignant à rester chez elle, et rester invisible aux yeux de la société. La pétition de Christophe Riti sur Change.Org.

♦  Assistance pour accéder au train

Les prestations d’assistance ne sont pas garanties dans les gares proposant ce service, car la réservation doit s’effectuer au plus tard 48h avant le départ. La SNCF recommande de modifier vos dates ou de contacter directement le service :

  • Si votre voyage comporte un parcours en TGV ou Intercités, adressez votre demande auprès du service Accès Plus.
  • Si vous voyagez en TER au sein de votre région, adressez votre demande au service Accès TER.

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Stéphane Ferrer Yulianti