Article mis à jour le 31 janvier 2023 à 08:17
Alors qu’en France plus de 6 millions de patients n’ont plus de médecin traitant et que l’offre de soin se réduit à mesure que les médecins libéraux prennent leur retraite, les acteurs publics investissent la problématique. À Millas, qui jusque-là comptait 6 médecins libéraux, la situation était devenue critique. Depuis le 15 septembre 2022, un centre de santé regroupe désormais 3 médecins salariés par la Région. Parmi eux, le docteur Thierry Tixier a fait le choix du salariat après 17 ans dans le libéral.
Pour information, la commune de Millas est l’une des moins bien équipée en termes d’offre en médecine générale du département. Selon la Drees*, les habitants de Millas ont accès à 2,89 consultations par an, contre 4,16 pour un Perpignanais ou 5,3 pour un habitant de Font-Romeu.
« Recevoir 80 coups de fil dans la matinée et s’occuper des patients était devenu trop compliqué »
Le docteur Tixier est soulagé, depuis qu’il a intégré le centre de santé et que le secrétariat peut gérer les appels des patients, il peut se consacrer en toute sérénité à ses patients. « Désormais, je n’ai plus 3 appels à gérer alors que je consulte un patient. Je peux donc vraiment me consacrer à la personne qui est en face de moi ».
Le docteur Sylvain Couret a quant à lui été convaincu par la décharge administrative. Après une carrière dans le libéral, intégrer ce centre de santé lui permet de s’appuyer sur un secrétariat « efficace ». « C’est important d’avoir la possibilité d’être disponible pour le patient, de le voir et de l’écouter plus sereinement et sans délai de temps ».
Visites à domicile, consultations non programmées et larges horaires d’ouverture
Pour la Présidente de Région Carole Delga, les visites à domicile sont une part non négociable. « Dans le contrat de travail que nous signons, il y a une obligation d’assurer des visites à domicile. Avec la Région, nous faisons en sorte que les rémunérations soient correctes ; avec l’Agence Régionale de Santé, nous mettons en place un projet médical qui répond aux besoins de la population. Et avec le département et la mairie, nous mettons à disposition des locaux de qualité, mais pour moi les visites à domicile sont indispensables. Je pense qu’il est impossible de comprendre un patient sans le voir dans un environnement. Dans nos territoires, quand on va chez le médecin, c’est une visite importante ; on se fait propre. Alors que quand le médecin passe sans horaire précis, il va pouvoir déceler une certaine désespérance dans le laisser-aller de l’environnement du patient ». Le cabinet de santé de Millas est ouvert de 8h à 20h et à terme assurera aussi les visites le samedi.
Le docteur Sylvain Couret précise que les consultations non programmées sont aussi prévues. « Une personne qui appellerait le matin pour un enfant de moins de 3 ans avec de la fièvre sera vue dans la journée. Il est impensable de dire à une maman d’un enfant qui a 39 de fièvre, qu’on ne peut pas la voir avant 4 jours ! » Depuis l’ouverture du centre de santé, les médecins ont assuré plus de 3.000 consultations ; soit en moyenne 233 visites par semaine.
Quid des gardes ?
Les consultations de patients sans médecin traitant fait aussi partie des missions des médecins de Millas. Quant aux gardes, le sujet n’est pas encore réglé selon le docteur Tixier. « Il s’agit d’une problématique au niveau de la Région. Les médecins de plus de 60 sont dispensés de réaliser des gardes. Être réveillés 2 ou 3 fois par nuit quand vous avez 30 ans, ce n’est pas la même chose que quand vous en avez 60 ! »
Dans le cabinet de Millas, les 3 médecins ont plus de 60 ans. Dans l’agglomération de Perpignan, des médecins libéraux sont regroupés au sein de SOS Médecins. Mais au-delà il faut passer par le 15 qui selon l’urgence peut adresser vers la maison médicale de garde de l’hôpital ou les urgences de Perpignan.
*La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques a établi un indicateur d’accessibilité potentielle localisée. En France, en 2021, les patients ont, en moyenne, accès à 3,4 consultations par an. Les 10% de la population les moins bien dotés ont accès en moyenne à 1,5 consultation par habitant tandis que les 10% les mieux dotés accèdent en moyenne à 3,7 consultations par habitant.
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