Article mis à jour le 20 décembre 2018 à 15:08
Un mois après le début de la mobilisation qui a teinté la France en jaune, le gouvernement a tenté d’apporter des réponses à la colère qu’il dit avoir entendue. Annulation de la taxe carbone, de la hausse de la CSG sur les retraites en dessous de 2000 €, mais cela ne semble pas mettre un terme au mouvement. L’attentat au cœur de Strasbourg, qui a fait naître dans les groupes des Gilets Jaunes de nombreuses théories du complot, ne semble pas non plus avoir d’effet sur la branche la plus revendicative du mouvement. Les appels au calme, les propositions de médiation ou la riposte judiciaire et policière qui s’intensifie n’entament pas non plus la détermination sur le terrain. Ils ne « veulent rien lâcher » avant d’avoir obtenu un référendum pour introduire le référendum d’initiative citoyenne dans la Constitution.
♦ Dans les Pyrénées-Orientales, la préfecture annonce « des difficultés de circulation sur les grands axes ».
Trois points principaux restent occupés par des citoyens équipés de gilets jaunes, les péages Nord et Sud de Perpignan ainsi que la grande barrière du Boulou. Le rendez-vous est donné pour l’acte V dès 7 heures du matin avant une marche blanche, à 10h30, en hommage aux victimes de Strasbourg. Malgré la condamnation devant le tribunal de Perpignan à 1 an de prison ferme d’un Gilet Jaune interpellé lors de l’incendie de la barrière de péage Sud, le mouvement perdure.
Notre contact au sein du mouvement nous confie « La motivation reste intacte. Nous continuons à nous mobiliser comme chaque samedi même à l’approche des fêtes. Effectivement, nous avons eu un manque de moyens. Mais nous avons pallié ce problème autrement. Tout n’est qu’une question d’adaptation. Nous espérons être autant, sinon plus. Nous ne lâcherons rien comme déjà dit. Notre force réside dans la durée ».
♦ Des conséquences sur l’économie des Pyrénées-Orientales
La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) dès le 4 décembre annonçait une baisse de 34 % du chiffre d’affaires pour les entreprises du département. Aujourd’hui, la CCI indique : « Qu’après la 3ème semaine de mobilisation des Gilets Jaunes, l’impact auprès des entreprises est en recrudescence : 72 % des entrepreneurs ont eu des répercussions négatives en terme de baisse de fréquentation, de difficultés d’approvisionnement et de baisse de chiffre d’affaires ».
Un impact aussi auprès des salariés des centres commerciaux du département, avec les appels relayés sur la page Facebook « Salariés en danger » qui dénoncent les conséquences sur l’emploi de la crise des Gilets Jaunes. Dernière publication au lendemain de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron qui concluait par une : « S’il vous plaît, rendez notre liberté de circuler, de travailler et de commercer ». Appel partagé plus de 3 300 fois sur le réseau social.
♦ Le diocèse propose une concertation, des maires ouvrent des cahiers de doléances
Monseigneur Turini, évêque du diocèse Perpignan-Elne, et le conseil permanent de la Conférence des évêques de France se sont exprimés récemment sur ce qu’ils qualifient de « crise révélatrice d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance envers les responsables politiques ». Les évêques de France font des propositions, forts « d’un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble de notre territoire et riches de la présence de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles ».
L’Église catholique propose « d’entreprendre une réflexion qui pourra se poursuivre tout le temps nécessaire, en lien avec tout ce qui se déroulera sur le territoire ». L’église « offre un espace pour faire grandir la fraternité ». Un « appel aux catholiques de France et aux concitoyens » afin de tenter de sortir « d’une situation délétère qui se prolonge ».
De nombreux maires du département ont également tenté le dialogue ou la concertation. Laurent Leygue, maire d’Estavar annonçait du 10 au 14 décembre « la mise à disposition à la Mairie d’Estavar, d’un cahier de doléances pour les personnes qui voudront exprimer leurs revendications envers le gouvernement et le président de la République ».
Lors du conseil municipal de Cabestany, le maire communiste Jean Vila, sous l’impulsion de l’élu municipal et conseiller départemental Rémi Lacapere, a donné la parole à un Gilet Jaune. Ce dernier, médecin, a fait part des motifs de son engagement dans le mouvement. Il a rappelé être en « première ligne de la déliquescence de ses patients, ne pouvant pas se payer par exemple un désinfectant pour une plaie ». Il a énoncé « quelques revendications générales urgentes susceptibles d’atténuer la souffrance de certains de nos concitoyens ». Il a conclu en rappelant la revendication principale à ce jour qui permettrait selon lui « une sortie de crise institutionnelle, constitutionnelle et politique par la création du Référendum d’Initiative Citoyenne ».
♦ Les revendications présentées par Maxime Nicolle alias Fly Rider et Priscilla Ludosky
Les deux figures du mouvement avaient donné rendez-vous à Versailles jeudi 13 décembre devant l’historique salle du Jeu de paume. Lieu qui, le 20 juin 1789, fut le théâtre du serment des députés du tiers état. 300 députés y prirent l’engament de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une constitution donnant plus de pouvoir au peuple.
Priscilla Ludosky et Maxime Nicolle faisaient, quant à eux, le serment « de ne pas se séparer avant d’avoir obtenu la présentation au peuple français par référendum du référendum d’initiative citoyenne, du recul des privilèges de l’Etat et de la baisse des prélèvements obligatoires ».
Ils ont demandé à ce que soit soumis à référendum un texte modifiant la constitution sur les 4 points suivants
- Donner la possibilité au peuple de rédiger ou abroger une loi sur le sujet qu’il choisit
- Donner aux citoyens la possibilité de demander un référendum sur toutes les lois votées par le Parlement
- Obliger le président de la République à présenter tous les traités, accords et pactes internationaux au référendum avant ratification
- Donner au peuple le droit de déclencher un référendum en vue de modifier la Constitution et interdire toute modification de la Constitution
Une partie plus modérée, mais discréditée par une frange plus déterminée du mouvement, opte pour une trêve en vue d’une concertation. Mais les Gilets Jaunes qui adhérent aux propositions de la branche la France en Colère appellent eux à un nouveau samedi de mobilisation ce 15 décembre. Pour tenter de limiter les violences qui ont émaillé le 1er et le 8 décembre, le tract diffusé rappelle : « Pas de violence, seule une détermination calme et sereine pourra amener à la victoire ». Le tract se terminant par un « faites-nous confiance, nous ne voulons que la richesse de notre pays ».
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