Article mis à jour le 9 janvier 2024 à 20:43
Jeudi 11 janvier, le collectif droit des femmes 66 appelle à manifester sous les fenêtres de la préfecture des Pyrénées-Orientales. Depuis la diffusion de l’émission Complément d’enquête dédiée au comédien Gérard Depardieu, et surtout le soutien appuyé du chef de l’État, l’affaire n’en finit pas de rebondir.
Le rassemblement de ce début janvier s’inscrit dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation intitulée, «gardez votre vieux monde, nous en voulons un sans violence sexiste et sexuelle.»
«Depardieu n’est pas La France»
Le 20 décembre dernier, sur le plateau de C’est à vous en direct de l’Élysée, balayant d’un revers de main les témoignages des victimes, le chef de l’État précisait être «un grand admirateur» de l’interprète de Cyrano ou Obélix. «Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages. (…) Il rend fière la France.» Des propos que Monique du Collectif droit des femmes 66 a du mal à entendre.
«Que Macron nous raconte que c’est la France qui est attaquée à travers Depardieu. Non, en fait Depardieu a lui-même attaqué l’État français. D’abord parce qu’il ne paye pas ses impôts en France, par ses propos hyperviolents contre la France elle-même et contre le français en tant que langue. Depardieu à lui tout seul ne représente pas la France. D’ailleurs aucun artiste ne représente à lui tout seul la France.» Monique fait référence à la proximité de l’acteur avec la Russie et à son exil fiscal en Belgique de 2012.
«Tant qu’on parle de l’affaire Depardieu on ne parle pas d’autre chose»
Pour la militante féministe, cette prise de parole est une provocation, mais c’est surtout une parade pour éviter de parler des sujets de fond. «C’est possible que ce soit un coup de com, un voile de fumée pour oublier la loi immigration. Mais on ne pouvait pas laisser passer les propos de Macron par rapport à Depardieu. Ce choix assumé de se tenir du côté d’un auteur de violences, venant d’un Président de la République, garant des institutions, invalide la parole des plaignantes.»
L’affaire Depardieu a été à coup sûr un des sujets largement débattus entre la dinde et la bûche de Noël faisant presque oublier le vote d’une énième loi immigration. Sur ce plan, le coup de com en forme de contre-feu allumé par le chef de l’État est une grande réussite.
Une tribune en défense d’un homme «qui pense au clitoris d’une petite fille quand elle fait du cheval»
L’appel national refuse le vieux monde revendiqué dans une tribune à l’initiative d’un auteur d’extrême droite et qui invisibilise les victimes. Plusieurs d’entre-elles ont pris la parole, dans l’enquête de Médiapart, ou celle de Libération, mais les 56 signataires de la tribune parue dans le Figaro le jour de Noël n’en ont cure. Depuis, plusieurs signataires qui clamaient qu’en ciblant Gérard Depardieu, on attaquait l’art se sont désolidarisés. Ils se sont soudain souvenus que plusieurs victimes avaient pris la parole et qu’elles pouvaient, a minima, se sentir blessées par la signature entre autres de Carla Bruni, Nathalie Baye, Nadine Trintignant ou Afida Turner.
Depuis, plusieurs contre-tribunes ont été publiées appelant les professions artistiques à «sortir du silence» et rappellent que «l’art n’est pas un totem d’impunité.»
À l’appel du collectif droit des femmes du 66, plusieurs organisations appellent à un rassemblement devant la préfecture ce jeudi 11 janvier à 18h.
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