Article mis à jour le 11 novembre 2019 à 22:45
« Si on est au SMIC, il ne faut peut-être pas divorcer »… Alors que la polémique ne désenfle pas autour de ces propos de la chroniqueuse Julie Graziani, quel est le vrai visage des familles monoparentales dans les Pyrénées-Orientales ? Catégorie sociale, allocations, emplois, pensions alimentaires, taux de pauvreté qui sont-elles véritablement ? En se basant sur une récente étude de l’INSEE*, nous vous dressons le portrait de ces familles monoparentales du département et de la région Occitanie.
♦ 28.6% pour les Pyrénées-Orientales – le triste record du nombre de familles monoparentales d’Occitanie
Les Pyrénées-Orientales détiennent le triste record du nombre de familles monoparentales au sein de la région. Plus de 28.6% parmi les familles avec enfants. Le bassin de vie de Perpignan bénéficie d’un important parc locatif privé, voire social. Mais aussi un meilleur accès aux services, ce qui pourrait justifier la présence plus élevée de ces familles dans cette zone. On dénombre 17 225 mères isolées et 3 162 pères isolés.
Entre les femmes et les hommes, on peut constater des différences assez frappantes sur plusieurs points. 69% des pères isolés occupent un emploi contre 55% des femmes. Celles-ci ont le plus souvent un contrat à temps partiel (30% contre 11% des hommes). Elles font plus partie de la catégorie des employés ou des ouvriers (59% des femmes contre 42% pour les hommes). La différence la plus notable concerne l’accès à la propriété. Seulement 27% des mères isolées sont propriétaires de leur logement. Tandis que ce chiffre atteint 46% pour les hommes dans la même situation.
♦ L’Occitanie en 3e place du nombre de familles monoparentales
En Occitanie, une famille sur quatre n’est composée que d’un seul parent. En 2018, cela représente 202.340 familles et 321.640 enfants. Tout comme la France métropolitaine, dans 8 cas sur 10, le parent solo est une femme. Parmi les régions dans lesquelles la part des familles monoparentales est la plus importante, l’Occitanie occupe la troisième place, derrière la région PACA et la Corse.
Les familles monoparentales sont davantage présentes dans les territoires urbains. En particulier sur le littoral méditerranéen et dans les principales agglomérations de la région comme Perpignan, Narbonne et Béziers. Mais la part des familles monoparentales reste élevée dans certains espaces ruraux tels que le sud de l’Ariège ou l’arrière-pays méditerranéen.
♦ Mixer vie de famille et vie professionnelle, le challenge du parent isolé
Les parents isolés doivent faire face à de nombreuses difficultés. Il faut réussir à subvenir aux besoins de la famille avec une seule source de revenus, tout en conciliant vie privée et professionnelle en l’absence de l’autre parent. Les parents isolés sont le plus souvent au chômage, moins diplômés et moins bien logés que les couples. Les contraintes financières et d’organisation sont plus importantes que dans une famille composée d’un couple avec enfants.
La monoparentalité recouvre des situations bien disparates : parents solo qui ont peu, voire pas, de diplôme et qui bien souvent sont au chômage, parents au statut de cadre et propriétaires… Cependant, les difficultés, notamment financières, frappent tous les monoparents. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons.
♦ Un tiers des familles monoparentales vit encore sous le seuil de pauvreté
Malgré une redistribution importante grâce aux différentes prestations sociales, un tiers des familles monoparentales vit encore sous le seuil de pauvreté. Avant la redistribution, la proportion des familles monoparentales considérées comme pauvres atteignait les 50%. En 2015, dans les Pyrénées-Orientales, avant de percevoir les aides sociales, 56,9% des familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté. Après la redistribution, ce chiffre descendait à 40,7%.
Cette redistribution a donc plusieurs effets. Elle permet de pallier le faible revenu perçu par les familles monoparentales et de les aider à mieux se loger. Seul un parent isolé sur cinq perçoit une pension alimentaire. Le revenu initial médian des familles monoparentales est inférieur de 7.700€ annuels par rapport à un couple avec enfants. Les mères isolées sont encore plus touchées. Elles sont deux fois plus souvent au chômage que les mères en couple (21% contre 11%) et perçoivent 5.240€ de moins que les pères isolés.
♦ Une redistribution indispensable pour garder la tête hors de l’eau
Les allocations logement et les minima sociaux réduisent grandement la pauvreté. La part des ménages monoparentaux vivant sous le seuil de pauvreté passe ainsi de 49.4% à 34,7%. Cela représente une baisse de 14,7 points, deux fois plus importante que pour les couples avec enfants. Cependant, le taux de pauvreté des familles monoparentales reste supérieur à celui des parents en couple, deux fois moins nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté. Les prestations sociales permettent également de réduire de façon significative l’intensité de la pauvreté. Au final, la redistribution aide à relever le niveau de vie des familles monoparentales les plus touchées par la pauvreté.
*Étude dévoilée le 7 novembre 2019, et réalisée en partenariat avec les Caisses des allocations familiales de la région Occitanie, l’Agence régionale de santé, la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, et la Direction régionale de Pôle emploi.
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