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Entre appartenance, exil et identité : les multiples facettes du lien national

Entre appartenance, exil et identité : les multiples facettes du lien national

Article mis à jour le 20 février 2024 à 11:12

Mi-juillet, la Fondation Jean Jaurès a publié une note de Smaïn Laacher sur l’importance du lien national. Le sociologue et directeur de l’Observatoire du fait migratoire et de l’asile de la Fondation, analyse le lien entre le départ contraint, l’appartenance à une communauté d’origine, l’identité et la question récurrente du sol comme objet de propriété.

Dans le même temps, Ipsos, Sopra-Steria et le groupe EBRA ont choisi de s’intéresser à ce qui unit les Français. Comment définir ce lien national ? Quels éléments unissent les Français ? Comment maintenir le lien social ?

Percevoir l’appartenance différemment

« Partir de chez soi pour entrer par effraction dans la nation d’autrui et devenir un hôte abusif, c’est prendre la responsabilité de se défaire de ses liens et donc de se délier d’une identité totale (civile et sociale) reconnu. C’est aussi accepter, contraint et volontairement, d’être porté et de se transporter loin de sa terre ». Tels sont les propos de Smaïn Laacher. Il explique que c’est le fait d’être membre qui permet de participer au processus continu de création de l’organisation sociale.

Mais alors, qu’est-ce qu’un membre ? Pour le sociologue, être membre c’est « être membre d’un corps et de son esprit ». Cela signifie qu’être membre exige « l’expression d’un sentiment d’appartenance à une communauté ainsi que la manifestation officielle d’une reconnaissance de cette appartenance ». En suivant cette logique, l’appartenance, c’est-à-dire être membre de, est proche d’une forme de solidarité.

La perte du lien national

Pour Smaïn Laacher, il suffit d’observer les réfugiés pour comprendre l’importance de retrouver des gestes familiers, même en situation de détresse et de dépossession. Le sociologue développe : « l’exil est un acte de rupture corporelle et affective d’abord avec un territoire sur lequel existaient une population et un ordre politique, culturel et moral ». De son point de vue, l’exil est matériel, moral et politique.

L’émigration, la cause de la rupture, est la conséquence de l’effondrement des structures sociales et des cadres symboliques qui maintenaient et reproduisaient la société. Les victimes des conflits qui causent des déplacements de population, deviennent également des « personnes dépossédées d’un foyer ». L’absence de foyer signifie l’absence de lieu. Il est impossible d’échanger un foyer contre un autre.

L’union par le parcours

Les clandestins quittent leur pays pour différentes raisons, notamment la guerre ou la misère. Ils n’ont qu’une idée en tête : habiter un autre pays. Sans penser aux difficultés ou au danger du voyage. Smaïn Laacher écrit « ne plus s’appartenir signifie que l’insertion dans un collectif d’exilés ne remplacera jamais ce qui est définitivement perdu, sa terre natale, et avec elle la vérité, cèle qui était naturellement subordonnée à al vérité de son groupe ». C’est alors que le point commun entre de nombreux hommes et femmes est le fait d’avoir quitté des pays en guerre et en ruine.

Le point de vue des Français sur le lien social

Les Français semblent pessimistes sur l’état du lien social. Seuls 34% estiment qu’il est bon au niveau national. En revanche, ils sont 65% à juger que le lien social est positif à l’endroit où ils vivent. Toutefois, 79% des Français trouvent que le lien social se détériore en France et 57% que c’est le cas là où ils vivent.

Bien loin des difficultés éprouvées par les clandestins, les Français identifient certains éléments comme fédérateurs. Pour 36% d’entre eux, la gastronomie contribue à se rassembler autour de la nation. De même que le modèle de protection sociale (32%).

Un héritage commun pour une nation unie

55% des Français ont le sentiment de partager une histoire et un héritage commun, et 45% éprouvent le sentiment de partager un projet collectif pour l’avenir. Des proportions qui font sens aux propos de Smaïn Laacher. Pour les Français, plusieurs éléments participent au rassemblement du peuple. Ils sont 88% à penser que la langue française joue un rôle important, 87% que c’est le cas pour l’école, 79% pour les valeurs de la République et 78% pour la laïcité.

Selon les Français, des groupes de personnes sont plus à même de contribuer à rassembler les Français. Il s’agit notamment de personnes dont la vocation est non marchande et qui travaillent au bien public. Les soignants arrivent en tête (87%) suivis des enseignants (75%) et des responsables d’associations (73%).

Un Français sur deux pense que la liberté est la valeur la plus importante. La solidarité, l’égalité, la tolérance et la démocratie sont également des valeurs autour desquelles la société française se retrouve.

Les valeurs en 2023

Pour 82% des Français, l’attachement à son territoire contribue au renforcement du lien social. Quid des hommes et femmes qui ont fui leur pays pour rejoindre la France ? Enfin, les Français se définissent surtout par leurs valeurs (55%) et par leurs familles (54%). Que pensent-ils alors des exilés qui quittent leur famille en quête d’un avenir meilleur ? 6 Français sur 10 considèrent que les communautés enferment plus qu’elles ne créent des liens. Mais aujourd’hui, c’est la violence qui reste l’élément nuisant le plus à la cohésion sociale en France. C’est aussi la violence qui pousse les réfugiés à quitter leur pays.

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Pauline Garnier