Article mis à jour le 23 mars 2024 à 23:30
Vendredi 10 novembre, le collectif Alternatives aux pesticides 66 organise la projection du documentaire « Du béton sur nos courgettes » dans le cadre du festival du film Alimenterre au cinéma Castillet de Perpignan.
L’occasion de mesurer l’impact de la bétonisation des sols, alors que le nouveau schéma de cohérence territoriale de la Plaine du Roussillon doit être voté dans les prochains mois. Photo ci-dessus © JC Milhet / Hans Lucas.
Entre 2009 et 2022, ce sont 2.513 hectares de terres naturelles ou agricoles qui ont été construites dans les Pyrénées-Orientales selon l’Observatoire national de l’artificialisation
Pour être dans les clous de la loi Climat et Résilience, votée en 2021, les communes devront urbaniser moitié moins de terre dans la prochaine décennie, avec en ligne de mire l’objectif zéro artificialisation 2050. C’est dans ce contexte que le collectif Alternatives aux pesticides organise une projection débat autour des enjeux de la bétonisation des sols, avec un documentaire au titre explicite « Du béton sur nos courgettes ».
« On a sélectionné ce film pour son intérêt direct avec notre territoire, explique Eric Le Balier, du collectif organisateur. Depuis les années soixante, les paysages se resserrent avec des villes qui se rapprochent de plus en plus dans la plaine du Roussillon. » Le film est diffusé à l’occasion du festival national Alimenterre qui défend une agriculture solidaire et durable. Il aborde la question de l’urbanisation dans le pays niçois, et montre les dispositions prises par les communes pour endiguer ce grignotage immobilier.
Une expansion qui se fait au détriment de l’exploitation de terres agricoles
L’artificialisation amoindrit la résilience alimentaire d’un territoire. « Ici on pratique surtout une agriculture exportatrice », résume Éric Le Balier. Pour le militant, l’arrêt de la bétonisation doit s’accompagner de mesures concrètes pour développer les circuits courts et locaux et sécuriser l’accès à une alimentation de qualité et durable. Il appelle les communes à se saisir de la question « les municipalités ont le pouvoir de s’emparer des friches, de le sanctuariser pour en faire des zones agricoles, proposer des baux ruraux environnementaux… ». En résumé, elles peuvent agir sur le foncier agricole. « On voit que dans le pays niçois, où se passe le film, ils sont à 2% de résilience alimentaire. »
L’urbanisation grignote chaque année un peu plus des terres naturelles, notamment pour répondre aux besoins croissants de logements de la population, avec le modèle du pavillon individuel. « On constate que dans le département, les habitants sont souvent relégués à la périphérie des communes, et doivent donc se déplacer en voiture, ce qui a un impact sur la consommation carbone. » Mais alors comment gérer les demandes croissantes de logement ? « Il va falloir densifier les constructions. Au lieu de faire 20 ou 30 maisons à l’hectare, construire davantage en hauteur, penser fonctionnel », et réhabiliter le bâti existant.
À quelques mois du vote du nouveau schéma de cohérence territorial (Scot)
Cette projection débat se tient à quelques mois du vote du nouveau schéma de cohérence territorial (Scot) dans lequel le collectif Alternatives aux pesticides 66 fonde de nombreux espoirs. C’est ce document de planification qui a pour objectif de mettre en cohérence l’ensemble des politiques publiques, que ce soit en matière d’urbanisme, d’habitat, de mobilité, d’équipements commerciaux, d’environnement ou encore de paysage. « Avec le nouveau Scot, il va y avoir une réduction drastique de l’urbanisation. Des terrains constructibles devraient être déclassés. » Éric Le Balier regrette cependant des recommandations nationales qui ne soient pas « plus contraignantes pour les communes. »
Un autre facteur s’invite aussi dans le débat : l’accès à la ressource en eau, cruciale alors que la sécheresse touche le département depuis plus d’un an. Récemment interrogé sur France Bleu Roussillon, l’hydrogéologue Henri Got se dit inquiet du futur Scot qui prévoit la construction de 35.000 nouveaux logements dans les quinze prochaines années en plaine du Roussillon. Il appelle à davantage prendre en compte le critère d’accès à l’eau pour les futurs nouveaux habitants.
« Du béton sur nos courgettes », projection vendredi 10 novembre 19h au Castillet, 5 € la place. Débat prévu après la séance.