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Ba-bouche met le street art sous tes pieds et t’enlève le dégoût de la bouche

Article mis à jour le 20 juin 2023 à 14:05

Dans la vraie vie, Ba-bouche travaille dans le digital ; le soir et le week-end, elle aime à dessiner, peindre des bouches et jouer avec les mots. Mais ce que préfère Ba-bouche, ce sont les bouches d’égout. Un support qui reçoit volontiers sa punchline : « Ba-bouche t’enlève le dégoût de la bouche ».

Peut-être avez-vous déjà vu sa signature sur les plaques Collioure, Port-Vendres, Perpignan, Bages, ou Céret, rencontre avec Ba-bouche, street artiste des Pyrénées-Orientales.

Ba Bouche

Pourquoi cette passion pour la bouche ?

«Tout d’abord, la bouche permet la parole. Et tous ceux qui me connaissent vous le diront, j’adore parler. Le deuxième élément qui nourrit ma passion pour la bouche est le goût, je suis une grande gourmande. Enfin, pour moi la bouche est aussi synonymie de sensualité. Et puis, la bouche rouge ça a du sens. La bouche est une réunion de tout cela. Ensuite, j’adore jouer avec les mots, j’ai trouvé intéressant de mêler ces deux passions.» Parmi ses inspirations, Ba-bouche cite l’artiste de street art Miss.Tic, la colleuse perpignanaise LPE pour La Princesse Ecchymose, ou Banksy.

«Je ne partage pas toutes les positions de Bansky, mais au niveau artistique, c’est un génie absolu ! Moi, je ne me considère pas comme une artiste. Je ne sais pas dessiner, ni peindre, mais j’ai une vraie passion pour le pochoir et le graff. C’était une évidence que si je voulais m’exprimer dans la rue, il fallait que j’opte pour ces techniques. Aujourd’hui, Ba-bouche c’est ma récréation, une vraie régression.» Au-delà du pochoir, les jeux de mots de Ba-bouche se déclinent selon l’inspiration, en couture pour bouche cousue, bouche en coin, bouche en feu…

Marquer le mobilier urbain est-ce une volonté de marquer son territoire ?

«Alors non pas du tout ! Je ne veux pas que mes pochoirs soient vus comme une signature, une façon de marquer mon territoire pour exister. Au contraire, j’utilise des bombes à la craie, et donc temporaires qui ne détériorent pas le support et Ba-bouche disparaît aux premières pluies. Il m’est arrivé de graffer sur une plaque d’égout à Collioure, et je n’aurai pas voulu polluer ce lieu magnifique.»

Pour rappel, à chaque déclinaison de la punchline de Ba-bouche sur le mobilier urbain, la jeune créatrice s’expose à une amende de 135€. Sa réponse ?«Je pense que donner le sourire aux gens ça n’a pas de prix. Et j’adore que les gens sourient en découvrant un truc rigolo en regardant leurs pieds.»

Expliquez-nous cette passion soudaine pour les bouches d’égouts ?

«En fait, j’avais déjà mon idée de pochoir Ba-bouche, et c’est La Princesse Ecchymose qui m’a dit que contrairement aux murs, le sol ne servait que rarement de support aux colleurs ou aux graffeurs. J’ai réfléchi sur ce qui était au sol dans les rues de nos villes ; et là ça a fait tilt, sur les rues et les trottoirs, il y a des bouches d’égout. C’est à ce moment-là que la punchline, «Ba-bouche t’enlève le dégoût de la bouche» s’est imposée à moi. Et depuis, je suis devenue une spécialiste des bouches. Il y a tellement de formes et de marques différentes. Les Pont-à-Mousson, les plus connues, ont fait la renommée de la ville du même nom ; quand d’autres portent, par exemple, le nom de la communauté de communes.

J’ai toujours mon matériel, pochoir et bombes dans ma voiture. Dès que je passe près d’une bouche intéressante, je m’arrête. Si j’ai le temps, je bombe. Et depuis cet été, je les prends aussi en photo. D’ailleurs je me demande ce que pensent les gens quand ils me voient juchée sur mon tabouret, appareil photo en main au-dessus d’une bouche d’égout.»

La photo et les bouches d’égout ont inspiré Ba-bouche dans son nouveau projet. «Il y a plein de gens qui adorent les bouches d’égout avec la punchline et qui la veulent chez eux. Je vais donc proposer le Dibond* en taille réelle comme des œuvres uniques. De par la diversité des bouches d’égout et par rapport à l’acte même de bomber qui crée des images toujours différentes.»

Mais Ba-bouche n’est pas la seule à avoir découvert le potentiel artistique des bouches d’égout. Au Japon, les plaques sont comme pour Ba-bouche les supports qui encouragent l’imagination. Les plaques d’égout japonaises ont même leurs fans, les «manholers». En effet, depuis les années 80, et à l’initiative d’un fonctionnaire, chaque ville du Japon a tenté de rendre ses plaques d’égouts moins austères en y dessinant plusieurs symboles. Selon le site Japan-Experience, il existerait plus de 12.000 motifs de plaques d’égout différents. Sur Instagram, Japanese Manhole Covers vous en fait découvrir quelques-uns.

Ferme ta grande bouche, bouche cousue, bouche en coin, allez-vous épuiser les expressions de bouche ?

«Quand je me suis lancée, j’ai couché sur le papier plus de 50 expressions autour du mot bouche. Une longue liste sur mon carnet. Alors que je n’ai pas encore épuisé ces bons mots. Mais j’ai fait une recherche sur Google, et je me suis rendu compte que j’avais déjà bon nombre des expressions sur le sujet.» Certaines ne sont pas vraiment des expressions mais des cris du cœur ou les signes d’exaspération de Ba-bouche. Ce fut le cas avec le «Ferme ta grande bouche !» inspiré lors de la dernière élection présidentielle.

*Le Dibond est un tirage photo sur une plaque d’aluminium.

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