Article mis à jour le 4 août 2024 à 08:48
Parmi les nombreuses personnalités qui se sont prêtées à l’exercice, Cali a posé sous l’oeil du photographe indépendant Marc Melki. Une expérience forte pour le chanteur ! Vernissage de l’exposition « Exils Intra-muros, et si c’était vous ? » vendredi 3 Mars 2017 à la Mairie du 18ème arrondissement de Paris, et visible jusqu’au 17 mars.
« Personne ne s’arrête jamais »
Acteurs, chanteurs, auteurs, photographes, responsables associatifs, journalistes ou anonymes, politiques, ils sont 70 a avoir accepté de « ressentir » le temps d’une instantané, la solitude, le froid et l’indifférence que subissent ceux qui n’ont plus de toit pour se réfugier, ou se mettre à l’abri, À l’abri des affres du climat ou de l’indifférence de ceux qui passent devant eux en les regardant au mieux à la dérobé. C’est ce que décrivait, le 25 janvier dernier Bruno Cali qui a choisi de poser pour Marc Melki
« C’est une mise en scène. Je suis allongé sur des cartons, enveloppé dans des couvertures de fortune, dans cet espace auto-lib dont le propriétaire a pris soin d’enlever les parois de verre, qui auraient pu me protéger du vent glacial. Il fait très froid à Paris ce matin, comme depuis le début de l’hiver et, j’imagine, jusqu’au printemps. Sous la direction de Marc le photographe, je ferme les yeux, comme endormi. Et si c’était moi ? Il shoote mon corps étendu comme un sac de désespoir à même le sol. Quand on est couché par terre, la musique des pas qui passent et résonnent sur le trottoir juste au-dessus de la tête est étrange. Fascinante. Inquiétante. Des pas d’enfants ? De vieux ? De mamans ? D’amoureux ? … Elle ne s’arrête jamais. Personne ne s’arrête jamais.».
Bruno Cali n’en est pas à sa première participation à des collectifs qui oeuvrent pour lutter contre la précarité. En juillet dernier, lors du festival les Déferlantes, il avait activement contribué au travail de l’organisation ONE, qui publie son premier rapport sur l’extrême pauvreté à travers le monde.
Parmi les participants Patrick Pelloux, plus connu pour son travail d’urgentiste au sein des hôpitaux de Paris déclarait à Paris le 10 janvier dernier « Demain, ça peut être vous. Ce n’est pas une menace mais une certitude. La misère arrive vite et en silence ».
« Empathie, solidarité, humanité… »
Le 22ème rapport de Fondation Abbé Pierre qui vient de paraitre, rappelle « que tous les indicateurs du mal logement sont au rouge et que près de 15 millions de personnes sont aujourd’hui victimes de la crise du logement ». Des chiffres illustrés avec beaucoup de pudeur par le travail de Marc Melki, demain cela pourrait être chacun d’entre nous !
Le travail du photographe Marc Melki nous interpelle sur la situation de ceux qu’on appelle pudiquement les « Sans Domicile Fixe », mais qui sont, aux yeux du photographe des victimes « d’un racisme et d’un exil permanent ». Un travail qui a débuté il y a cinq ans quand il se dit « sidéré » par la présence de familles entières de roms dans les rues de Paris. « J’ai commencé à faire des photos de ces familles en juillet 2012 dans les rues de Paris, entre Bastille et République. Régulièrement, très tôt le matin, pendant leur sommeil ». En 2014, il co-fonde avec Eliette Abecassis le collectif Exils intra-muros.
Un collectif qui demande « un hébergement digne pour tous les sans-abris et leur enfants, d’où qu’ils viennent. Empathie, solidarité, humanité à l’égard des migrants intra ou extra-européens »
« Une construction photographique militante »
Interrogé sur l’aspect purement photographique de cette série d’images, le photographe professionnel bien connu localement, JC Milhet évoquait : « En faisant poser les personnalités ainsi, on ne les reconnaît pas ou difficilement, donc le sujet s’efface du fait de la position, c’est pertinent, ça appuie d’autant plus le concept. Ce que fait Marc Melki est de la sensibilisation, jusque dans la construction où n’apparaissent que des pieds de « figurants », son monde, outre ses personnalités, est vide de tout individu reconnaissable. Une volonté de faire disparaître l’individu au profit de la cause qu’il défend ».
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