Article mis à jour le 16 juin 2025 à 20:01
Canettes, bouteilles, restes de pique-nique… En ce mois de juin, des déchets plastiques jonchent déjà la plage de Canet-en-Roussillon. Un constat préoccupant, alors que la saison estivale n’a pas encore débutée.
Du 9 au 13 juin, la 3ème Conférence des Nations Unies sur les océans se tenait à Nice, avec pour objectif la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable n°14 (ODD 14), dédié à l’environnement marin. Dans ce contexte, la pollution plastique est plus que jamais d’actualité. Les déchets plastiques produits par l’Homme chaque année ont doublé en 20 ans nous confirmait Anne-Leïla Meistertzheim docteure en biologie marine et fondatrice de Plastic@sea.
À Canet-en-Roussillon, le même scénario se répète chaque jour. « Laisser ses déchets sur la plage, c’est un sport national ici », ironise Pierre Merico, adjoint au maire en charge des travaux. Comment l’expliquer ?
À Canet-en-Roussillon, des moyens importants mais une efficacité limitée
« C’est la première fois que je vois autant de déchets sur la plage dès le mois de juin ! », s’exclame une commerçante du front de mer. Pour autant, cribleuses, équipes de nettoyage à pied et en 4×4, interventions dès 2h du matin : chaque jour, une équipe s’active pour offrir une plage propre aux Canétois et aux touristes. « À Canet, nous avons la chance de ne pas subir d’érosion, malgré les constructions qui ont été faites. Ce n’est pas le cas à Saint-Cyprien, à Torreilles ou à Sainte-Marie. On a la même plage qu’en 1935. Mais du coup, on a une grande bande de sable à remettre en place avant la saison. », explique l’élu.
Chaque année, à partir de fin mars, les cribleuses et bulldozers entrent en scène pour préparer les plages. Le front de mer (le Baladoir) est, lui, dégagé du sable accumulé pendant l’hiver. « Cela représente 15 jours de travail », précise Pierre Merico. Au total, les services techniques municipaux de Canet-en-Roussillon entretiennent 36 hectares de plage.
Être réactifs pour éviter un bad-buzz sur les réseaux sociaux
Mi-avril, les clubs de plage s’érigent et les postes de secours ouvrent progressivement. Plus l’afflux sur les plages augmente, plus le ramassage des déchets s’intensifie confirme l’élu. L’engin tamise le sable pour récupérer les déchets. Et les poubelles de plage sont ramassées quotidiennement par des équipes municipales renforcées par des saisonniers. « C’est ramassé tous les jours et avec beaucoup d’huile de coude », précise-t-il.
Et quand les soirées festives laissent leurs déchets sur la plage, les réseaux sociaux deviennent un outil de veille. « On reçoit des photos en quasi temps réel. Une équipe est alors envoyée pour ramasser les déchets laissés sur place. « Ils arrivent, ramassent, mettent en sac… font ce que d’autres n’ont pas fait », raconte Pierre Merico. Les poubelles sont installées tous les 50 à 80 mètres sur la plage du centre-ville. Un chiffre doublé aux endroits où il y a des clubs de plage.
Pour l’élu de Canet-en-Roussillon, l’enjeu est avant tout éducatif
Selon l’adjoint à la propreté de Canet-en-Roussillon, c’est du côté de l’éducation à l’environnement que le bât blesse. Pour l’élu, la commune ne peut se contenter de « nettoyer derrière. Il faut former, expliquer et accompagner, dès l’école et avec les associations », s’insurge Pierre Merico.
Sur le terrain, des actions de sensibilisation existent. Des collectes et animations sont aussi ponctuellement organisées avec les écoles, via des associations ou le Conseil Municipal des Enfants et des Jeunes. Il y a également des ateliers pédagogiques sur le parvis de l’aquarium Oniria. L’objectif est de sensibiliser les jeunes publics au cycle de vie des déchets, leur impact, leur recyclage…
« Malheureusement, le tissu associatif du territoire se perd », déplore l’élu. Par exemple, l’association Citeco 66 qui organisait des ramassages de déchet a été dissoute le 31 décembre 2024. Depuis 20 ans, elle œuvrait contre la pollution par les macro déchets, en particulier les matières plastiques ». « Maintenant, il faut aller à la pêche aux bénévoles. Les associations ont du mal à trouver des jeunes pour faire le renouvellement ».
A Nice, lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, 95 pays ont réclamé un traité mondial qui permettrait pour la première fois d’encadrer le cycle de vie des plastiques, bloqué par des pays producteurs de pétrole. Une ultime session de négociation est prévue en août à Genève.
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