Article mis à jour le 5 juin 2025 à 17:11
Ce 5 juin 2025, le ministre de l’Intérieur était dans les Pyrénées-Orientales. Si la visite ministérielle était placée sous le signe de la sécurité, entre midi et deux, il est venu à la rencontre des militants et militantes du parti Les Républicains à Canet-en-Roussillon.
Une fédération qui, lors du récent vote pour la présidence du parti, l’a placé largement en tête. C’est donc face à une salle toute acquise à cette « droite décomplexée » que Bruno Retailleau a déroulé ce qui pourrait s’apparenter à un programme électoral.
À Canet-en-Roussillon, pas de doute, « le chef, c’est Bruno ! »
C’est dans une salle comble, aux allures de campagne électorale anticipée, que Bruno Retailleau a pris la parole à Canet-en-Roussillon. À ses côtés, les sénateurs des Pyrénées-Orientales, Jean Sol et Lauriane Josende, et Stéphane Loda, maire de Canet-en-Roussillon, qui a lancé, « Bruno est le chef que nous attendions » déclenchant une salve d’applaudissements dans l’assemblée. Une manière claire d’installer le président des Républicains comme l’option naturelle pour 2027.
Mais Retailleau, conscient que l’adhésion ne suffit pas, a rapidement tempéré. « La faiblesse de notre mouvement politique est d’avoir trop souvent pensé qu’il suffisait d’un chef pour pouvoir gagner. » Et certains dans la salle se souviennent amèrement des déconvenues électorales passées. Des présidentielles où la candidate n’atteint pas les 5%, et des législatives où aucun des candidats n’a franchi le cap des 10% dans les Pyrénées-Orientales.
Et avant d’incarner la figure du chef pour 2027, Bruno Retailleau s’est fixé pour mission de remettre en ordre de bataille « une droite qui s’assume » et capable de gagner. « C’est nous qui devons sculpter notre espace politique, une droite dans l’action qui soit utile au pays sans rabattre ses convictions ». La droite ainsi rénovée « ne doit plus baisser les yeux devant la bien-pensance et le ‘politiquement correct’ de la gauche. Elle doit avoir des convictions et fièrement porter l’étendard » appuie-t-il.
Une France « prise à la gorge » et en déclin
Au fil de son discours, l’élu vendéen a dressé un constat sévère de l’état du pays. Déclin scolaire, difficultés d’accès aux soins, normes administratives étouffantes : les maux qu’il décrit sont connus, mais Retailleau entend les inscrire dans une lecture politique cohérente. Sur les pas de la droite conservatrice qui avait suivi François Fillon au Trocadéro en 2017, Retailleau évoque une France au bord de la faillite, pointant la suradministration et les obstacles à l’investissement.
Stéphane Loda compare la France et l’Espagne pour illustrer le fossé entre les dynamiques économiques : « Ne me dites pas que c’est l’Europe le problème… L’Espagne est en Europe, elle aussi. » Pour mémoire, l’Espagne est dirigée par un premier ministre socialiste depuis 2018.
Immigration, école, écologie : les marqueurs d’une droite assumée
Bruno Retailleau n’a pas esquivé les sujets sensibles, au contraire. Plusieurs grands chantiers sont essentiels pour le tout nouveau président des LR. Sur l’immigration, marotte de l’extrême droite, Bruno Retailleau veut, en cas de victoire, changer la Constitution pour pouvoir consulter le peuple.
Bruno Retailleau entouré d’élus locaux et des représentants au Sénat
Il a aussi proposé une réforme de l’école pour enrayer la reproduction des inégalités, et a défendu une « écologie de droite », axée sur la responsabilité individuelle et la préservation des territoires plutôt que sur des interdits. Le travail, selon lui, doit redevenir un pilier structurant de la société, au détriment d’un système d’aides sociales « trop généreux ».
Un test grandeur nature dans un territoire stratégique
Le choix des Pyrénées-Orientales pour cette étape n’est pas anodin. Département frontalier et rural, les Pyrénées-Orientales sont en grande difficulté, comme le répètent les deux sénateurs. Au-delà du département, le locataire de la place Beauvau a un plan pour parler aux Français et d’abord à la droite. Il veut « gagner la bataille des idées ». Bruno Retailleau entend également tenir systématiquement compte des avis des militants, par des votes sur les décisions du parti. Il faut sortir de la « droite honteuse qui, sur les plateaux de télévision, derrière les micros des radios, reculait de deux pas quand il y avait des attaques de la gauche ».
Le parti doit tout entier être repensé, réorganisé, avec une perspective bien précise qu’il a aimé répéter : « gagner les élections ». Bruno Retailleau martèle enfin que le quatrième chantier sera de « rénover les statuts (du parti) qui datent d’un autre siècle ». Le nouveau chef des LR veut de nouvelles règles.
Mais force est de constater que jusque-là Les Républicains peinent à convaincre. Pour rappel, les quatre circoncriptions ont été remportées en 2022 par quatre députées du Rassemblement National, largement réélues lors des législatives anticipées de 2024.
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