Article mis à jour le 5 juillet 2025 à 09:18
Ce 4 juillet alors que Perpignan suffoque par 40 degrés à l’ombre, les Écologistes catalans avaient rendez-vous avec la presse. Objet de leur conférence : alerter sur les mesures à mettre en place rapidement, mais aussi pointer les incohérences des collectivités locales face à l’urgence climatique, en particulier du Conseil départemental à gauche.
Nicolas Berjoan, secrétaire régional Les Verts, et Charlélie Causse, son homologue départemental, ont indiqué avoir adressé des courriers à la mairie RN de Perpignan, au Département et à la communauté urbaine. Dans chacune de ces lettres ouvertes, restées sans réponse à ce jour, ils dénoncent l’inaction et la poursuite d’un modèle urbain jugé destructeur pour le territoire des Pyrénées-Orientales.
Pour les écologistes « il est scandaleux de ne pas s’attaquer à la racine du mal »
Sous les 40 °C ressentis depuis des semaines dans le département, les responsables écologistes ont exprimé publiquement leur indignation face au contraste entre les discours des élus et les politiques qu’ils appliquent. Nicolas Berjoan et Charlélie Causse ont pointé du doigt des choix d’aménagement jugés déconnectés de la réalité climatique : nouvelles zones commerciales, extension urbaine vers le sud, infrastructures routières en projet.
Les lettres ouvertes adressées à Louis Aliot (maire de Perpignan), à Hermeline Malherbe (présidente du Département), et à Robert Vila (président de PMM) demandent une rupture claire avec les « projets écocides. (…) Il ne s’agit plus de rustines ou de mesurettes, mais d’engager un véritable virage structurel », affirment-ils.
« C’est scandaleux de ne pas s’attaquer aux racines du mal. Que des collectivités se piquent de faire un certain nombre d’ajustements pour leur propre personnel. Mais en même temps décident de construire une autoroute ou d’envisager des tyroliennes d’eau au Mas Delfau. » Nicolas Berjoan cible entre autres la décision du conseil départemental de construire une double voie au sud de Perpignan et le projet de parc d’activités et de loisirs voulu par la municipalité de la ville centre.
Si l’écologiste place peu d’espoir sur une prise de conscience du Rassemblement national, c’est surtout les incohérences entre les paroles et les actes du conseil départemental de gauche qui insupportent Nicolas Berjoan. « On ne va pas se mettre tous ensemble à applaudir des pistes cyclables si, à côté, on construit une autoroute. Nous, nous ne le ferons pas, car nous, nous sommes responsables. »
« Moi, tous les jours, je me lève et je suis meurtri, pas simplement pour moi. Mais aussi pour la petite vieille en face qui ne sait plus où elle habite, qui a été opérée du cœur. Et qui ne peut pas monter à la montagne parce que sa famille n’est pas là. Elle est coincée sous ses combles à 40 degrés. Je suis meurtri pour tous les gens de ma rue. Je vois bien qu’ils sont en train de craquer. »
Une pétition pour dire stop au goudron noir sur les trottoirs
Parallèlement aux interpellations institutionnelles, les Écologistes catalans ont lancé une pétition citoyenne. Intitulée « Stop aux trottoirs en bitume de Perpignan !« , elle dénonce l’emploi systématique de revêtements noirs sur les trottoirs de la ville, amplifiant le phénomène d’îlot de chaleur urbain. Selon les signataires, ces choix accentuent les effets de la canicule, notamment la nuit, en retenant et diffusant la chaleur.
La pétition propose des solutions déjà testées ailleurs : trottoirs enherbés, matériaux perméables, revêtements clairs ou végétalisés.
« Etant donné les dangers que font peser les chaleurs caniculaires sur les habitants de Perpignan et sur leur santé, cette pétition demande à la municipalité de Perpignan de cesser immédiatement de refaire les trottoirs en enrobés de bitume, et d’opter pour des revêtements qui atténuent les effets de la chaleur en ville. »
Une dernière main tendue pour l’union des gauches à Perpignan
Malgré les exemples concrets de politiques efficaces ailleurs, l’horizon des municipales de 2026 reste flou à Perpignan. L’union des gauches, perçue comme nécessaire pour battre le RN, peine à se concrétiser face à des désaccords stratégiques profonds.
« Force est de constater à l’heure actuelle qu’il vaut mieux vivre un épisode caniculaire dans les villes dirigées par les écologistes, à Bordeaux, Strasbourg, ou Lyon. Certes les petits Lyonnais n’ont pas d’uniforme à l’école, mais ils ne crèvent pas de chaud. Ils peuvent aller dans la cour parce qu’elle est ombragée », insiste Charlélie Causse.
Ces exemples de réussites locales ailleurs ne suffisent pas à baliser la route vers 2026. À Perpignan, l’échéance municipale s’annonce difficile, tant pour les écologistes que pour l’ensemble de la gauche.
« Après les élections législatives, nous voulions rencontrer l’ensemble des partis politiques du Nouveau Front Populaire dans l’optique d’une union et pour un scénario gagnant à Perpignan. Je pense que l’Union des Gauches nous assurerait d’accéder au second tour et d’appeler au front républicain pour faire 51 % », affirme Charlélie Causse. Selon Nicolas Berjoan, c’est le mouvement Perpignan autrement qui aurait fait le choix de partir seul sur une ligne politique qui ne permet pas cette union pourtant réclamée par tous.
Malgré ces dissensions, les Écologistes catalans martèlent : « nous tendons à nouveau la main. Mais si elle n’est pas saisie, nous serons les seuls à porter un véritable programme de rupture dont Perpignan a besoin ! »
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