Article mis à jour le 27 juin 2024 à 09:50
Portraits, natures mortes, poèmes ou encore dessins, les œuvres variées de Max Jacob sont à l’honneur au musée d’art moderne de Céret. Du 29 juin au 1er septembre, l’exposition « Le cubisme fantasque » revient sur le riche parcours de l’artiste breton.
Les premiers visiteurs sont attendus le samedi 29 juin pour découvrir l’exposition dédiée à Max Jacob. Au total, le musée d’art moderne de Céret a réuni près de 120 pièces retraçant la vie de l’artiste ; parmi ces œuvres, de nombreuses pièces inédites.
Artiste « touche-à-tout », Max Jacob s’essaiera à la poésie, la littérature, la peinture ou encore à l’astrologie. En effet, il s’adonne aux pratiques ésotériques, de la chiromancie (interprétation des lignes de la main) ou encore à la numérologie (croyances et pratiques fondées sur l’attribution de propriétés à des nombres).
Max Jacob, « l’enchanteur de Montmartre » aux mille facettes
Né à Quimper en 1876, Max Jacob est bien plus qu’un poète. À Montmartre, il divertissait ses amis par ses talents de comédien, danseur et chanteur. Grand ami de Pablo Picasso, il partageait avec lui une passion pour les arts du spectacle. Et fréquentait des lieux emblématiques tel que la Comédie-Française, le Théâtre du Châtelet, ou le cirque Medrano. Selon la légende, c’est après une soirée au cirque Medrano que Picasso aurait trouvé l’inspiration pour son œuvre Le Fou. Ce buste en bronze réalisé de 1905 serait un portrait de Jacob lui-même.
« Parce que je fais mes oeuvres avec le fond de mon ventre et que le fond de mon ventre est un ‘opéra comique’. », écrivait Max Jacob dans une lettre à René Rombert en 1922. Fasciné par les arts de la scène, l’artiste aux multiples facettes collaborera, tout au long de sa vie, avec de nombreux musiciens, compositeurs et scénaristes. Le musée d’art moderne de Céret a pris exemple sur le vécu de l’artiste pour adapter la scénographie de l’exposition. Parmi les clins d’œil au milieu du cirque, de grands rideaux gaufrés accompagnent le visiteur dans la découverte de l’exposition.
Quand l’art rencontre l’amitié
Très tôt animé par l’envie de vouer sa vie à l’art, Max Jacob lâche ses études de droit pour se consacrer à la critique d’art pour le journal Le Sourire d’Alphonse Allais. En juin 1901, dans la galerie d’Ambroise Vollard, il découvre la première exposition de Pablo Picasso, jeune artiste encore méconnu.
Max Jacob est ébloui par les œuvres qu’il découvre et ne tarde pas à rencontrer le peintre espagnol. Ce moment marque le début d’une longue amitié, attestée par plusieurs portraits de Picasso réalisés par Max Jacob.
L’artiste deviendra, dès lors, le premier soutien de Pablo Picasso. « On sent bien la dualité de Max Jacob qui est à la fois rêveur et anxieux. C’est un personnage drôle, mais qui derrière cette comédie de façade, est en permanence en quête de vérité, d’identité et d’amitié », nous confie Jean-Roch Dumont Saint Priest, directeur du Musée d’art moderne de Céret.
Céret comme source d’inspiration
La complicité que ces deux artistes partagent leur permet de se soutenir mutuellement. C’est ainsi qu’en avril 1913, Max Jacob rejoint son ami Picasso et sa femme Eva Gouel à Céret. Logés dans la maison Delcros, les trois amis vivent des moments de créativité intense, ponctués de séances de travail et de visites du sculpteur espagnol Manolo, installé également dans le village du Vallespir.
Ces séjours à Céret ont influencé le poème de Jacob dédié à Picasso : Honneur de la sardane et de la tenora. Durant cette période, Jacob découvre les paysages de Céret, qu’il immortalise dans de nombreux dessins et gouaches. Certaines de ces œuvres montrent une influence cubiste, transformant la végétation et l’architecture en formes géométriques vives et colorées.
Un pionnier du cubisme
Max Jacob a été le témoin privilégié de la naissance du cubisme en 1907. L’artiste maîtrise cet art du doute, dessinant à la perfection la création de lignes géométriques qui s’entrecroisent. Il n’était pas seulement un artiste visuel ; Jacob a également contribué au cubisme littéraire.
Dans son ouvrage Saint Matorel, publié en 1911 et illustré par Picasso, Jacob explore les codes du cubisme en littérature « et utilise la réalité comme un moyen plutôt qu’une fin », décrypte Gwendoline Corthier-Hardoin, responsable des expositions du musée. La proximité entre l’artiste et Picasso a permis à Jacob de jouer un rôle crucial dans l’évolution du cubisme, à la fois en tant qu’observateur et créateur.
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