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Compte à rebours pour l’enquête sur l’avenir urbanistique du cœur de Perpignan

Article mis à jour le 27 mars 2019 à 12:02

En ce moment, et depuis le 11 mars dernier, une enquête publique est en cours pour recueillir toutes les propositions et observations à propos du nouveau plan de sauvegarde et de mise en valeur du site patrimonial remarquable de la ville de Perpignan. L’enquête reste publique seulement 19 jours et se termine ce vendredi 29 mars. Ce qui fait dire à l’ASPAHR*, association qui se mobilise pour la défense du patrimoine du Roussillon, qu’il s’agit d’une « enquête clandestine ».

Objectif pour les opposants à cette révision ? Peser sur l’avis du commissaire enquêteur. Parmi leurs actions prévues : l’appel à une large mobilisation, entre autres des candidats aux prochaines municipales, et inciter les habitants à envoyer leurs remarques par mail**Ou encore, se rendre en nombre à la dernière permanence du commissaire enquêteur comme le souhaite le collectif d’habitants de Saint-Jacques. Pour rappel, le commissaire enquêteur reçoit pour la dernière fois ce vendredi 29 mars (après-midi) au 11 rue du Castillet de Perpignan.

« Plan de sauvegarde foulé aux pieds par la municipalité »

Pour Jean-Bernard Mathon, président de l’ASPAHR, la volonté de cette révision est clairement d’adapter le plan de sauvegarde « à la politique urbanistique de la ville » et non l’inverse. Ce qui fait dire à celui qui porte également la contestation contre les travaux du théâtre municipal, que la municipalité « foule aux pieds le plan de sauvegarde » en vigueur aujourd’hui, et ce, depuis 2007.

Olivier Poisson, conservateur général du patrimoine honoraire, se dit « particulièrement choqué ». Selon celui qui est aussi membre du bureau de l’ASPAHR, la vocation d’un plan de sauvegarde n’est pas de « figer la ville ou la recouvrir d’un manteau de glace et empêcher son évolution ». Pour l’ancien architecte, il faut au contraire partir « de l’intelligence de ce qui existe pour bâtir un projet ».

Olivier Poisson reproche au nouveau plan de vouloir plaquer des idées modernes, comme celles de multiplier des rues droites ou les places. Des places qui selon lui « sont des espaces à double tranchant. La place, c’est un vide. Elle peut se remplir si elle accueille des gens, des activités, des usages. Mais si elle tombe à plat, cela devient un espace vide désertique, un espace à faire fuir. Et ce n’est pas en créant du vide que l’on appelle la vie ! »

♦ Architecture et combat politique

Lors de cette réunion publique, Clotilde Ripoull, candidate à la municipalité en 2020, appelait les autres candidats « à prendre des positions claires contre un plan qui sera mis en vigueur et qui s’imposera au prochain maire de Perpignan ». L’objectif est d’être ainsi opérationnels à court terme selon la candidate présente dans les combats du cœur de ville, que ce soit au niveau de la défense des commerçants ou du patrimoine.

Également dans l’assistance de la salle des libertés lors de la présentation, l’ancien maire de la ville de Perpignan, Jean-Paul Alduy qui se disait « un peu retourné » par ce qu’il venait d’entendre. Il redoutait l’absence totale de vision dans ce projet : « c’est complètement irréaliste compte tenu de la complexité du dossier ».

L’ancien premier magistrat recommandait de souligner le manque de préparation du dossier pour « émouvoir un commissaire enquêteur en lui montrant à quel point c’est n’importe quoi ». Pour Jean-Paul Alduy, « il faudrait prendre deux ou trois sujets [dont le parvis envisagé devant l’ancienne université] pour montrer les erreurs manifestes d’appréciation du projet ».

Une révision demandée pour un « centre-ville en déclin… et un état du bâti alarmant »

En 2016, dans le cadre du programme de rénovation urbaine du centre ancien de Perpignan, 52 étudiants en architecture de Montpellier étaient venus s’immerger durant 4 mois dans les quartiers St Mathieu et St Jacques. Ils avaient tenté de définir et de comprendre les problématiques, puis d’y répondre avec des propositions urbanistiques parfois audacieuses. La vingtaine de projets et maquettes furent alors visibles à l’atelier de l’urbanisme. Une partie de leurs réflexions sont reprises pour justifier la révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur en vigueur depuis 2007.

Déjà en 2013, suite à la réunion de la Commission locale du secteur sauvegardé le 12 décembre, le constat faisait apparaître un « centre-ville en déclin, avec une vacance de logements élevée (27%) et un état du bâti alarmant ». Les documents de l’enquête en cours sont consultables en ligne sur le site de la préfecture. Ces derniers font apparaître les motifs de la révision du plan de sauvegarde.

 Une vision contestée au détour d’un document de l’enquête

Un document versé à l’enquête conteste la vision de l’ASPAHR et des opposants à la révision du plan. Reprenant certains éléments de la réflexion de trois architectes urbanistes qui ont travaillé dans le cadre du workshop sur l’îlot de la cathédrale, il stipule :

« La ville n’a pas complètement su s’adapter aux modes de vie actuels. L’activité est là, mais il faut l’aider à se développer. C’est la vie qui permettra à la ville de perdurer et non pas sa transformation en musée à ciel ouvert.
Pour cela, ce ne sont pas des îlots qu’il faut détruire. Il faut plutôt adapter les immeubles aux modes de vie actuels. Au fil du temps, la ville s’est tellement construite sur elle-même qu’aujourd’hui les immeubles manquent d’air, de soleil, de vues, de terrasses. Il faut certainement aller au cœur des îlots, supprimer des constructions qui empêchent les logements de respirer, aérer et dédensifier pour rendre à la ville son attractivité ».

« Au fil des siècles, toutes les époques ont amené leurs pierres à l’édifice. La nôtre ne doit pas craindre d’amener la sienne, mais sans casser les formes urbaines qui se concrétisent dans cet écheveau de rues, de ruelles et de places contenues dans cette architecture de briques et de pierres.
Il faut donc conserver les espaces publics qui donnent son caractère à la ville et rénover, actualiser les immeubles et les logements. Évidemment, ce quartier est inadapté à des usages que l’on croit indispensables, comme celui de la voiture par exemple ».

*ASPAHR : Association pour la sauvegarde du patrimoine artistique et historique roussillonnais
** à l’adresse : pref-revisionpsmvperpignan@pyrenees-orientales.gouv.fr

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