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À Perpignan, des lycéens passeurs de mémoire au lycée Maillol

Article mis à jour le 26 mars 2024 à 10:18

« Pour Mémoires » est un concours scolaire organisé par le Mémorial de Rivesaltes. Rassemblant 45 lycées et collèges des académies de Toulouse et Montpellier, les jeunes s’investissent dans la création de projets originaux. Focus sur une classe du lycée Maillol, en pleine préparation. Photos © Lisa Ribo

Depuis deux mois, Lisa Ribo, professeure d’Histoire et Géographie, prépare ses 36 élèves pour réaliser un podcast. Synthèses écrites, exposés et échanges, autant d’ateliers nécessaires pour cerner l’enjeu du sujet choisi : « L’histoire migratoire de ma famille ». De quoi replonger dans les photos de famille et les livres d’Histoire. Au total, des parcours migratoires depuis 15 pays différents sont répertoriés dans la classe.

« Parler de son histoire lui a rappelé de bons souvenirs »

Au premier étage du lycée Maillol, un brouhaha enthousiaste émane d’une salle de classe. À l’intérieur, les premières STMG°1 trépignent d’impatience. Il faut dire que le cours de Lisa Ribo prévoit d’être original. Au programme : l’enregistrement d’un podcast. Un audio, donc, pour faire perdurer la mémoire de leurs aînés.

Si certains connaissaient déjà les histoires de famille, pour d’autres c’est la révélation. D’origine vietnamienne, Billy raconte : « Je ne parle pas souvent avec mes parents de ce genre de choses. Pour ce projet, j’ai donc dû poser des questions. En soirée, une fois le dîner terminé, ma mère s’est confiée. Je ne pensais pas que son histoire était aussi émouvante. »

Dans l’imaginaire de Nour, le parcours migratoire est forcément douloureux. C’est pourquoi il a souhaité, dans ce podcast, rendre hommage à son oncle. Aveugle, l’homme est parti du Maroc en quête d’une vie meilleure en France. « Il savait même parler le français avant d’arriver dans le pays », s’extasie le jeune garçon. Mais cette arrivée n’a pas été sans embûche. Moqué et stigmatisé, son histoire rappelle que la migration n’est pas seulement un déplacement physique, mais aussi une lutte contre les préjugés et les obstacles invisibles.

Pour l’occasion, Chanez a sorti avec ses parents les vieux albums retraçant ses racines familiales. « Je pense que l’histoire racontée est bien si elle suscite l’émotion », nous confie la lycéenne. À ce propos, Billy désapprouve : « Pour ma mère, parler de son histoire lui a rappelé de bons souvenirs dans les camps de réfugiés. » Briser les tabous et délier les langues, si ce projet d’école rentre dans le cadre d’un concours, il permet aussi de lier passé et présent.

Un podcast pour mêler récits et Histoire 

C’est au tour de Jules, Sirine, et Sarah d’apporter leur touche personnelle à ce podcast. Les lycéens ont choisi de jouer des morceaux de musique au ukulélé et au piano pour accompagner les voix de leurs camarades. Et c’est sans compter sur l’aide de Clara, étudiante en journalisme, que l’enregistrement du podcast est possible.

Si ce projet s’inscrit dans le cadre d’un concours pédagogique, pour Lisa Ribo, il est profitable en tout sens. « Je voulais vraiment nouer des liens dans la classe malgré l’effectif important. Ils ont appris à se connaître en écoutant les parcours migratoires des uns et des autres. Et l’implication des élèves était de mise. Chacun s’est impliqué pour construire un récit cohérent et ils ont tous joué le jeu », explique l’enseignante.

Si le sujet de la migration est souvent clivant dans notre société, la professeure ajoute : « J’avais pour ambition de montrer que la migration fait partie intégrante de l’histoire universelle. Les migrations touchent à l’intime, mais également aux récits collectifs. » Souvent dans le même siècle, voire la même décennie, les élèves recoupent ces migrations avec les événements historiques inscrits dans leurs cours.

Le thème du concours « Pour mémoires », n’a pas été choisi au hasard. Pour Cécile Charpentier, chargée de projets pour le Mémorial de Rivesaltes, « ce sont les jeunes qui vont transmettre l’histoire du lieu. Au fil des années, les témoins de l’Histoire disparaissent. Notre objectif est de nous concentrer sur la transmission, d’où l’importance du projet porté », assure-t-elle.

En attendant le résultat du concours, la classe des premières STMG°1 est heureuse et fière, de voir leurs paroles dépasser les murs du lycée Maillol.

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Alix Wilkie