Article mis à jour le 18 août 2023 à 16:53
Questionné à propos de l’assignation en référé du centre pénitentiaire de Perpignan, Pierre Grousset, représentant Usap-Unsa justice pour les Pyrénées-Orientales, développe le point de vue des surveillants et les conséquences concrètes de la surpopulation carcérale endémique.
Le «stop écrou» serait impossible à mettre en place en Occitanie
Mettre en place le «stop écrou» à Perpignan permettrait de transférer les personnes détenues vers d’autres établissements de la Région. Or, selon Pierre Grousset, la région Occitanie est celle qui affiche le taux de surpopulation le plus élevé. «Les trois prisons les plus surpeuplées de France, sont à Nîmes, Montpellier et Seysses. Et même Carcassonne ou Béziers sont en difficulté, peut-être moins que nous, mais ce n’est pas la solution.» Pour le représentant syndical, la première des mesures à organiser serait celle de transférer les détenus qui n’ont aucune attache avec le département ou la Région, et en premier lieu ceux de nationalité étrangère en situation irrégulière. Selon le dernier rapport d’activité, 83,23% des détenus sont de nationalité française. Pierre Grousset se défend de toute volonté de stigmatisation.
«Ce n’est pas du racisme, c’est du bon sens, et même s’ils sont peu nombreux, ce serait déjà ça. Vous savez, quand on enlève dix détenus, on voit vraiment la différence. Le travail est rendu très complexe dès lors que vous avez 50 matelas au sol. Avec 100 matelas, cela devient impossible à gérer.»
La surpopulation carcérale et les conditions de détention tendent les relations entre les détenus et les surveillants. «Avec les matelas au sol, vous avez plus de risque que les détenus refusent de réintégrer leur cellule. Et quand toutes les cellules sont occupées, vous ne pouvez plus les séparer en cas de bagarre ou lutter efficacement contre les phénomènes de clans ou de caïds.» Ce 18 août, la prison de Perpignan, et plus particulièrement la maison d’arrêt pour hommes dénombre 65 matelas au sol.
«La surpopulation carcérale est la source de tous les problèmes»
Pour ce qui est de la vétusté des locaux ou de l’infestation des punaises de lit, le syndicaliste rappelle qu’il faudrait traiter entièrement un étage, sinon les punaises de lit ne font que se déplacer d’une cellule traitée vers une autre non traitée. «Malgré les mesures mises en place par la direction, nous avons en permanence un tiers des cellules infestées.»
Selon le représentant syndical Ufap-Unsa justice, pour réduire la surpopulation carcérale, il faudrait augmenter significativement le budget et notamment par la construction de nouvelles places de prison. La surpopulation carcérale est la source de tous les problèmes, de toutes les difficultés, de toutes les tensions. «Il est évident qu’il est plus facile de faire de la réinsertion, ou d’appliquer des mesures de sécurité quand il n’y a qu’un seul détenu par cellule. Mais pour parvenir à recruter des surveillants ou construire des places de prison, il faudrait avoir le même budget que celui de l’éducation nationale !»
Quid des fouilles intégrales systématiques ?
Si Pierre Grousset se refuse de parler au nom de la direction du centre pénitentiaire de Perpignan, il rappelle que son syndicat est favorable aux fouilles intégrales dès lors que le détenu est en contact avec l’extérieur. Le rapport de la Contrôleuse des lieux de privation met en évidence des pratiques hors du cadre légal des fouilles systématisées après le retour des parloirs. En clair, selon le syndicaliste, les fouilles au retour des parloirs famille sont justifiées. «La preuve, on trouve toujours quelque chose, stupéfiants, téléphones portables.» Pour Pierre Grousset, le retour des fouilles intégrales est «une question de bon sens et de sécurité. Et pas seulement pour les personnels, mais aussi pour les détenus et les intervenants.»
Les chiffres du centre pénitentiaire de Perpignan à juillet 2023 :
- Les derniers chiffres publiés par l’administration pénitentiaire font état de 725 détenus «hébergés» pour 522 places.
- Dont 315 détenus pour 132 places dans la maison d’arrêt pour hommes, taux d’occupation 239%.
- Quant à la maison d’arrêt pour femmes, 58 personnes sont incarcérées pour 28 places, taux d’occupation de 211%.
- À ce jour, 60 détenus sont installés sur des matelas au sol.
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