Article mis à jour le 19 septembre 2023 à 16:23
« Derrière les murs de la prison de Perpignan » (3/3). En 2027, un centre de détention flambant neuf devrait sortir de terre avec 505 nouvelles places d’incarcération. Cette bouffée d’oxygène sera-t-elle suffisante pour régler la surpopulation endémique de Perpignan ?
Rien n’est moins sûr. En effet, le nombre de personnes détenues croît plus rapidement que celui de places disponibles en détention. D’autant plus que les gouvernements successifs peinent à concrétiser les 15.000 places annoncées.
«Plus on construit, plus on remplit»
Quand l’Observatoire international des prisons (OIP) constate un manque de clarté sur les chiffres de la surpopulation carcérale à Perpignan ; la construction d’une nouvelle prison à Rivesaltes semble être LA solution pour pallier cette surpopulation. Problème : «plus on construit, plus on remplit», selon la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot.
Face à cette surpopulation carcérale, la réponse de l’État n’est autre que de créer des places supplémentaires. Objectif : «lutter contre la surpopulation carcérale, améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire et favoriser la réinsertion des détenus». À l’horizon 2027, 15.000 nouvelles places de prisons devraient voir le jour ; une promesse déjà proclamée en 2017 pour 2022, rappelle le rapport annuel.
Plus localement, en 2027, le centre de détention de Rivesaltes proposera 505 places supplémentaires. Un projet national décidé en 2018 et qui une fois sorti de terre, devrait soulager le centre pénitentiaire de Perpignan, Carcassonne ou Foix. Selon le directeur du centre pénitentiaire Mailloles, le nouvel établissement serait exclusivement un centre de détention dédié aux longues peines. Mais rien n’est encore acté selon Dimitri Besnard.
La prison de Rivesaltes pourrait-elle régler la surpopulation du centre pénitentiaire perpignanais ? La réalité est tout autre selon Gérard Taillefer, secrétaire local FO justice à Perpignan. Même si les 330 détenus pour longues peines du centre Mailloles étaient tous transférés sur Rivesaltes, «très rapidement, les cellules ainsi libérées seraient redoublées, et ces 330 places seront vite comblées».
Le recours à l’incarcération est encore trop la seule réponse judiciaire dénonce le CGLPL. L’incarcération ne serait pas une «solution viable» selon le contrôleur. Une enveloppe de 142 millions d’euros est budgétée pour le nouvel établissement des Pyrénées-Orientales. Selon le dossier né de la concertation, le centre de détention de Rivesaltes devrait créer 300 emplois. Mais le manque de vocation suscité par la carrière de surveillant pénitentiaire pourrait venir enrayer la mécanique de ces nouveaux établissements.
Le centre pénitentiaire de Perpignan Mailloles en chiffres
Mis en service le 31 août 1987, le centre pénitentiaire de Perpignan a une capacité totale de 537 places.
- 333 places pour le centre de détention. Dans ce secteur, la loi interdit un nombre de détenus supérieur au nombre de places.
- 132 pour la maison d’arrêt pour hommes. Depuis 2019, et l’obligation de création d’un quartier «arrivant», 17 cellules sont dédiées aux nouveaux arrivants masculins. Au 15 juin, il y avait 341 détenus, dont 84 dormaient sur des matelas au sol.
- La maison d’arrêt des femmes compte 28 places pour 55 détenues.
- Douze places pour mineurs sont aussi dans l’effectif de la maison d’arrêt de Perpignan.
- La prison de Perpignan possède une cellule de protection d’urgence et un service médico-psychologique.
- Le quartier de semi-liberté est composé de 24 places.
- 1.500 repas sont réalisés par jour et consommés en cellule.
- Le budget annuel du centre de détention Mailloles est de 3,3M€.