Article mis à jour le 21 décembre 2023 à 11:13
Dimanche 17 décembre, sur les berges de l’Agly, une promeneuse découvre avec effroi un charnier de sangliers à ciel ouvert. Déchets de chasse, braconnage ou propriétaire exaspéré par les dégâts causés par les sangliers, plusieurs hypothèses sont avancées. Photo d’illustration.
« Des chasseurs il y en a toujours eu mais… »
Comme tous les week-ends, Christine part en balade. Adepte du grand air, elle débute sa promenade, accompagnée de son chien ce dimanche 17 décembre. C’est sous un beau soleil, qu’elle fera une malheureuse découverte. Sur les bords de l’Agly, ils sont là. Sur le bas-côté, gisant à ciel ouvert, trois sangliers morts. Laissés à l’abandon et à la vue de tous, « ils ont été jetés comme de vulgaires déchets », s’insurge la promeneuse. Pour rappel, cette balade est accessible à tout le monde.
Pour Christine, il n’y a pas de doute, ce sont les chasseurs. « J’ai trouvé ces trois carcasses jetées n’importe comment, à 50 mètres des habitations, c’est lamentable. Aucune dignité pour l’animal et personne ne dit rien. Des chasseurs il y en a toujours eu. Mon grand-père était lui-même chasseur pour nourrir sa famille. Mais là j’ai du mal à accepter la chasse pour le simple plaisir de tuer. ».
Contactée par téléphone, Isabelle Yvos, correspondante des Pyrénées-Orientales pour le Parti animaliste s’insurge : « J’étais au courant de ce genre de pratique de charniers mais je pense que les citoyens des Pyrénées-Orientales doivent être informés de tout ce qui se passe ici. Il faut éveiller les consciences sur ce sujet ».
Ce 4 décembre 2023, les militants de la cause animale avaient déjà eu maille à partir avec les chasseurs catalans. En effet, la correspondante du parti animaliste leur avait ramené plusieurs caisses de cartouches usagers retrouvées dans la un rayon de 100 mètres dans la commune de Corneilla-la-Rivière.
Le président des chasseurs s’indigne et émet l’hypothèse d’une opération de braconnage
Selon Jean-Pierre Sanson à la tête de la fédération des chasseurs des Pyrénées-Orientales, il serait étonnant que des chasseurs jettent ainsi le produit de leur chasse. D’autant que ces derniers ont des solutions avec les sites d’enfouissement expérimentaux.
Depuis plusieurs années, une douzaine de ces sites sont utilisés à titre expérimental dans les Pyrénées-Orientales. Destinés à recueillir les déchets des chasseurs catalans, ils laissent la nature agir, créant ainsi une sorte de compost.
Jean-Pierre Sanson émet plutôt l’hypothèse d’une opération de braconnage. «Je ne peux penser que ce soit l’acte de chasseurs, mais peut-être de braconniers. En principe, les associations de chasse récupèrent leurs bêtes. Il faudrait peut-être se renseigner sur les journées de chasse qui ont eu lieu dans le secteur.»
S’agissant la pratique du braconnage, elle est malheureusement fréquente dans le département, selon Jean-Pierre Sanson. «Nous y sommes confrontés dans certains secteurs. Ce fut le cas dans les Albères, où nous avons dû mobiliser l’Office Français de la biodiversité et la gendarmerie pour faire cesser ces exactions.» Et quid des propriétaires excédés par ces bêtes ? Le patron des chasseurs se dit dubitatif. «D’habitude, quand il y a des dégâts importants, on nous appelle et nous intervenons rapidement», affirme-t-il.
Pour rappel, le code rural, en son article L228-5, précise qu’il est « interdit de jeter en quelque lieu que ce soit les sous-produits d’animaux ». Les contrevenants s’exposent alors à une amende de 3 750 euros. Exception faite aux chasseurs qui sont autorisés à déposer des «petites carcasses». Ces dernières contribuent alors au cycle de la chaîne alimentaire.
La chasse un enjeu politique
La militante du Parti animaliste, Isabelle Yvos, revient sur les politiques portées autour de la chasse. « La chasse est une problématique politique. Elle a été très encadrée par le président Macron qui a donné beaucoup de budget à la Fédération Nationale des Chasseurs. Mais au niveau des territoires, [les chasseurs] ont la main sur tout. Il faut que cela cesse. », nous confie-t-elle. De leurs côtés, les chasseurs affirment que leur pratique est avant tout destinée à réguler la faune. Chasser pour manger est là aussi l’argument mais vite contredit par les faits comme en témoigne ce charnier découvert dimanche.
Alors que les élections européennes se tiennent le 9 juin 2024, le parti animaliste se prépare à défendre sa candidature. En 2019, le jeune parti défendant la cause animale avait créé la surprise en recueillant 2,2% des votes au coude-à-coude avec les 2,5% du parti communiste. Dans les Pyrénées-Orientales, 1,26 % des électeurs avaient choisi de glisser un bulletin à l’effigie d’un animal. Isabelle Yvos nous confirme qu’elle fera acte de candidature pour les Européennes de 2024. Selon la candidate, il s’agit avant tout de sensibiliser le public. Elle rappelle que plusieurs législations françaises sont nées d’une volonté de l’Europe. La militante cite notamment l’interdiction de chasser dans les zones humides avec du plomb.
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