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Vivre de sa musique, les musiciens locaux face au défi d’une vie d’artiste

Vivre de sa musique, les musiciens locaux face au défi d'une vie d'artiste

Article mis à jour le 23 août 2024 à 10:19

Se lancer dans la musique et vivre de sa passion n’est jamais facile. Entre recherche d’une certaine identité artistique, nécessaire productivité, contraintes logistiques et besoin de séduire le public, les enjeux de cette période sont souvent multiples. Tour d’horizon d’une période clef pour les artistes et (forcément) méconnue.

Se lancer dans la musique : entre passion et contraintes

L’esthétique à la fois rock et hip-hop est recherchée et les refrains entêtants ; à l’écoute la première chose que dégage « Sao » est une indéniable maturité musicale. Pourtant l’artiste n’a que 22 ans et n’en est qu’au début d’une carrière qu’il espère florissante. Après trois années passées au Conservatoire pour parfaire sa technique en guitare et en chant, le jeune musicien décide de concrétiser ses ambitions musicales. « Au fur et à mesure, tu as envie de rendre les choses un peu plus concrètes », explique-t-il. Ses premières sorties « F§ICK » ou « WEATHER », interprétées et composées par ses soins, comptabilisent quelques milliers de vues sur les plateformes de streaming. Un bon début pour Sao qui voit son « rock alternatif » commencer à s’exporter au-delà des Pyrénées-Orientales.

Le jeune musicien n’en demeure pas moins soumis à la précarité promise à tout débutant dans le milieu. Un challenge que le principal intéressé prend avec philosophie : « C’est ce que je trouve amusant, quand ça touche à l’art, tu peux tout faire avec un budget de zéro et puis les gens qui travaillent avec toi le font véritablement avec leur cœur ». Après avoir enchaîné quelques jobs d’appoint, le musicien rêve de voyages qui viendraient nourrir son univers. Pour conserver son autonomie, il espère par ailleurs décrocher le statut d’intermittent du spectacle en mettant ses qualités musicales à profit.

Un pied dans la création, les deux pieds dans la musique

Comme Sao, ils sont nombreux à Perpignan comme ailleurs à vouloir se lancer dans la musique et à connaître un parcours similaire. Dans l’attente que leur musique paye, certains optent pour de classiques jobs alimentaires, d’autres préfèrent garder les deux pieds dans la musique. C’est le cas de Raphaël, qui après le lycée s’est orienté vers l’IDEM afin de développer ses qualités en tant qu’ingénieur son et compositeur. Un métier qu’il affectionne, bien qu’il espère à terme vivre de sa musique. « Dans le milieu des ingés, il y a beaucoup de « musiciens frustrés » qui sont là par dépit, ça ne leur plaît pas. Personnellement, ce n’est pas mon cas », révèle-t-il.

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Si le compromis peut paraître idéal, Raphaël fait tout de même part du difficile arbitrage que cela représente parfois. Car Raphaël est également « Nassepar », un artiste rap qui revendique « l’art pour l’art », tout en prônant une musique accessible aux sonorités modernes. Pour lui, la recherche d’un équilibre entre ses propres projets et ceux des autres est primordiale. «Ça me plaît dans la mesure où je peux trouver du temps pour moi aussi », détaille-t-il.

La Casa musicale, « point d’ancrage » et « facilitatrice » pour les jeunes artistes perpignanais.

Si la professionnalisation n’est pas chose facile pour les artistes qui débutent, à Perpignan, ils peuvent néanmoins compter sur l’accompagnement de la Casa. Véritable référence du monde artistique perpignanais, la Casa musicale est une association dont l’objectif est justement de fournir un cadre propice à l’expression artistique de tous horizons. Elle accompagne les jeunes de la région qu’ils soient amateurs, en voie de professionnalisation ou professionnels. Forte de 27 années d’existence, elle a vu passer certains artistes au succès désormais retentissant. Selon Rebecca Bouillou, sa présidente, la Casa représente un « point d’ancrage » pour les artistes en devenir comme pour ceux y ayant fait leurs armes.

Pour Hassan, membre historique de la structure et accompagnateur d’artistes, l’association est un véritable « facilitateur » pour les jeunes souhaitant se lancer dans la musique. La structure met à leur disposition plusieurs salles de répétition, des salles de résidence et deux studios d’enregistrement. « La Casa est un peu le chaînon manquant. Si vous regardez les autres structures, il y a des trucs magnifiques, le Trampolino à Nantes, la Place à Paris… Mais il y a un problème d’accessibilité que la Casa n’a pas ».

L’endroit est donc un lieu d’une grande effervescence créative où musiciens, danseurs ou comédiens de tous horizons et de tous niveaux se rencontrent et partagent autour de leur passion. L’occasion pour les musiciens de travailler à la réalisation de leurs projets et de faire des rencontres. La Casa fournit également aux musiciens qui le souhaitent un accompagnement sur-mesure et humain. Accompagnatrice d’artistes, Emma explicite : « on va essayer d’identifier leurs besoins, voir avec eux où ils en sont dans leurs projets, qu’est-ce qu’ils souhaitent pour leur futur : est-ce que c’est vendre des disques, faire des concerts, se professionnaliser, se structurer… ».

Une scène locale solidaire des artistes locaux

« On est implantés dans différents réseaux qui nous permettent de faire connaître les artistes qui passent par la Casa musicale », nous confie Hassan. Des réseaux qui peuvent s’étendre au niveau national, comme pour le concours Buzz Booster dont le lauréat 2022, « Moody », est un artiste estampillé Casa.

Mais si la formule fonctionne si bien, c’est également car d’autres acteurs locaux jouent le jeu de la promotion d’artistes locaux. Ainsi, la salle El Mediator offre régulièrement une chance de faire une scène à des artistes proches de la Casa. Parallèlement, la salle a également mis en place le « PaPA », Pôle d’accompagnement Perpignan Archipel dans lequel l’on retrouve certains des artistes locaux les plus prometteurs.

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De même, certains festivals, à l’image de « Live au Campo » ou encore du « Greenland Festival », font de leurs premières parties autant d’occasions de découvrir des talents locaux émergents. Une démarche dont le public est friand et qui ravit les organisateurs. John Guillet, programmateur du Greenland s’en enthousiasme particulièrement : « nous on est d’ici, ça nous fait plaisir de voir les copains sur scène ! » Ainsi, pour son édition 2023, le festival disposera d’une scène réservée aux DJ locaux, tout en proposant, en collaboration avec le Mediator, un artiste local par jour sur la grande scène. Le 21 juillet c’est Hide qui ouvrira le bal, suivi les autres soirs de Modwheel puis Sebah. Modwheel, jeune groupe prometteur, sera d’ailleurs également en première partie de Jennifer le 24 juillet lors de Live au Campo, en collaboration avec… La Casa Musicale ! Comme quoi, à Perpignan, le monde de la musique est petit.

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