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Au cœur des dégâts en Turquie, un humanitaire perpignanais témoigne

En direct des dégâts en Turquie, témoignage d'un humanitaire perpignanais

Article mis à jour le 21 février 2023 à 07:45

Lundi 6 février, la Turquie et la Syrie voisine ont été frappées par une série de puissants séismes ; le plus fort a été enregistré à 7,8 sur l’échelle de Richter. Une catastrophe d’une grande ampleur s’en suit. Le 12 février, le directeur de l’ONG Humainement Concernés – basée à Perpignan – s’est envolé pour la Turquie pour de l’aide humanitaire. Il nous partage son expérience, après une semaine sur le terrain. Entretien.

L’humanitaire de l’ONG Humainement Concernés nous avait écrit dans le week-end – avant les deux nouveaux séismes de magnitudes 6,4 et 5,8, qui ont frappé une deuxième fois la région, hier, lundi 20 février, aux alentours de 20 heures localement (18 heures en France). Voici ses nouvelles réactions, à chaud, qu’il nous a fait parvenir dans la soirée d’hier.

« Nous étions assis, en train d’échanger sur notre journée d’actions. La terre s’est mise à trembler d’un coup. Sous le choc, nous sommes descendus pieds nus, et nous sommes sortis. Tout le monde est sorti en courant. Femmes et enfants ont accouru de partout. Nous avons une bénévole au Liban qui a ressenti le séisme, et a évacué de son hôtel. On a senti le tremblement jusqu’en Jordanie apparemment. » Son programme n’a pas changé et les membres de l’ONG Humainement Concernés devraient rentrer aujourd’hui, si les vols sont maintenus. Il conclut : « Les sirènes arrivent de partout. Certains bâtiments, déjà fragilisés par le séisme du 6 février, se sont dégradés encore plus. »

Photos © Humainement Concernés.

Au 16 février, 38.044 morts étaient répertoriés côté turc, et 3.688 en Syrie.

Dans ces régions du sud-est turc et du nord syrien, les paysages sont devenus apocalyptiques ; alourdissant le quotidien des Syriens déjà victimes de la guerre, toujours en cours depuis 2011. Le fondateur de l’association humanitaire Humainement Concernés (HC) est parti de Perpignan dimanche matin, le 12 février, dans l’urgence, et alors qu’il était sur un projet au Togo.

« Je venais tout juste de rentrer la veille à 14 heures. Je suis parti sans dons, dans un premier temps, pour faire une analyse de terrain et voir concrètement la situation ; pour cibler les besoins auxquels on pourrait potentiellement répondre et de manière efficace ».

Il poursuit son témoignage : « Nous avons visité plusieurs villes touchées par le séisme : Hatay, Gaziantep, Kahramanmaras, Kilis. Les dégâts sont impressionnants ».

Humainement Concernés a participé à « des distributions organisées par des ONG turques : distributions de repas pour le corps médical, et des distributions de denrées alimentaires et de produits d’hygiène pour les victimes ».

Interrogé sur ses premiers ressentis, à chaud, le directeur de l’ONG perpignanaise HC, répond : « Beaucoup de souvenirs ont refait surface : ça me rappelle le tsunami et le séisme à Palu, en Indonésie, en septembre 2018. Nous étions intervenus sur place ». Et de décrire l’ambiance, sur place, dans le sud-est turc : « Les dégâts sont tellement conséquents et nombreux, que dans certaines villes, le climat est apocalyptique. Il y a des villes rasées dans leur globalité. D’autres sont un peu moins touchées. Il y a des immeubles entiers et réduits en poussière, des voitures écrasées ».

« On se sent tellement impuissants face à une catastrophe d’une telle ampleur. Tout peut basculer d’une seconde à l’autre ».

Il continue : « J’ai vu des gens attendre pour avoir un repas chaud ; ça m’a rappelé les distributions pour les étudiants à l’Université de Perpignan. Ce qui est fou, c’est que dans la file d’attente, il y a tous corps de métier. Des gens qui avaient tout, et qui ont tout perdu ».

Une rencontre dramatique avec des victimes a marqué le fondateur de l’ONG : « Nous étions aux côtés de cinq frères sur les décombres de leur boulangerie. Ils nous expliquaient qu’ils avaient travaillé d’arrache-pied, pendant cinq ans, pour ouvrir leur propre adresse. Ils ont réussi, il y a seulement trois ans. Aujourd’hui, ils se retrouvent sans entrée d’argent, sans commerce, et sans habitation. Ils nous ont dit accepter le destin. À côté, il y avait un immeuble sept étages totalement écroulé. Toutes les familles qui y habitaient sont malheureusement mortes. Un des frères nous a dit : j’ai perdu ma boulangerie, mais Dieu merci, ma famille a été épargnée ».

Sur place, le premier jour dans la région turque touchée par le tremblement de terre, le Perpignanais est accueilli par le bénévole d’une ONG locale.

Le directeur de l’association HC se confie sur cette rencontre très forte : « On a appris que ce bénévole local avait perdu dix membres de sa famille. Pourtant, il est formé et compétent. Mais les secousses étaient tellement fortes, qu’il ne savait plus ce qu’il devait faire. Il a eu le sentiment que quelqu’un le secouait fortement, pendant cinq longues minutes, en l’agrippant par les épaules ».

Malgré le traumatisme, et d’observations de volontaire sur place, aux côtés des locaux, y a-t-il de l’espoir ? « Bien évidemment c’est triste, bien évidemment c’est apocalyptique, et bien évidemment, il va y avoir du travail sur de longues années ; mais tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. La population est solidaire. Il y a de l’amour, malgré tout. Il y a de l’entraide et du partage. C’est ce qui donne foi en l’humanité ».

Il conclut par une scène puissante : « Hier, nous avons vu des secouristes, une vingtaine, à se relayer pour tenter de sortir un bébé de vingt jours. Le nouveau-né était bloqué dans les décombres. Sauver une vie, c’est sauver l’humanité. On ne peut être que concernés face à de telles catastrophes. À Humainement Concernés, nous saluons le travail de tous les acteurs humanitaires impliqués et mobilisés jour et nuit ».

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Idhir Baha